Rétromobile 2001

WILLYS OVERLAND Jeepster

Gilles Bonnafous le 09/02/2001

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Véhicule insolite par son design, le Willys Overland Jeepster apparaît également très original dans son concept.

Véhicule insolite par son design, le Jeepster apparaît également très original dans son concept. Comment un véhicule de loisirs aussi moderne témoignant de l'état d'avancement économique de la société qui l'a engendrée, cette singulière voiture ne pouvait naître qu'aux Etats-Unis.

WILLYS OVERLAND Jeepster WILLYS OVERLAND Jeepster

Après la guerre, les dirigeants de Willys-Overland souhaitent réintégrer au plus vite le marché de la voiture de tourisme. Mais la marque n'a pas les moyens de sa politique, car elle ne dispose plus des équipements nécessaires à la production de modèles de ce type. Aussi, en attendant de lancer une berline conventionnelle, décide-t-on à Toledo, de poursuivre la production de la Jeep sous une forme civile, la CJ, ainsi que de proposer un break deux portes à caractère familial et utilitaire, le Station Wagon.

Extrapolé du break, le Jeepster est lancé en mai 1948. Baptisé Jeepster Sports Phaeton, il s'agit d'un véhicule de loisirs disponible uniquement en décapotable, qui emprunte à la Jeep sa ligne sportive. Conçue pendant la guerre par Brooks Stevens, cette voiture séduisante et originale, qui évoque les phaétons d'avant guerre, constitue l'un des derniers vrais roadsters construits aux Etats-Unis.

Si le Jeepster reprend au break le châssis et l'ensemble de ses organes mécaniques, il se présente comme une propulsion classique —il n’existera jamais en quatre roues motrices. La suspension avant indépendante, dite Planadyne, est constituée d'un ressort à lames transversal inférieur et de bras supérieurs, tandis qu'on trouve à l'arrière un essieu rigide.

Dans son genre, le Jeepster apparaît comme fort réussi. Très typé, il avait fière allure en 1948. Brooks Stevens a su le doter d'habiles récurrences à la forme de la Jeep, vedette de la guerre et héroïne de la liberté. On pense notamment à la forme anguleuse des ailes. Et dans une face avant assez haute, la calandre reprend le légendaire motif de la Jeep, rehaussé en son centre d'un motif chromé en forme de T, dont la forme évoque celle d'une colonne antique. Sa carrosserie à deux portes est équipée, comme tout roadster, de volets latéraux en matière plastique. Bien entendu, le maniement de la capote se fait manuellement. Celle-ci se révèle d'ailleurs très inesthétique, et la voiture gagne beaucoup à être décapotée. Par contre, la roue de secours montée sur la poupe apparaît comme un sympathique clin d'œil aux années trente.

La voiture subit en 1950 un heureux remodelage de sa face avant, commun du reste au break et au pick-up. La calandre, désormais à profil en V, se voit ajouter cinq barres horizontales chromées, tandis que les ailes avant se voient dotées de formes galbées. Aujourd'hui, l'ensemble paraît chargé d'un parfum assez kitsch, surtout avec les flancs blancs, mais le Jeepster est, d'une certaine manière, une voiture à prendre au second degré.

La partie mécanique ne saurait constituer l'aspect le plus convaincant de la voiture. Elle reçoit en effet le valeureux, mais peu brillant Go Devil de la Jeep, un quatre cylindres latéral de 2,2 litres porté à 63 ch. Celui-ci est accouplé à une boîte de vitesses à trois rapports (première non synchronisée), équipée en option d'un overdrive. Ainsi gréé, le Jeepster atteint la vitesse de 100 km/h. A partir de 1949 cependant, il bénéficie en option du six cylindres Lightning de 2434 cm3, également latéral, qui développe quelque 72 ch. Les versions dotées du six cylindres se distinguent alors par le chiffre 6 qu'elles arborent sur le capot.

L’aura du Jeepster et le souvenir qu'il a laissé dans le cœur des amateurs paraissent très supérieurs à son succès commercial. Car seulement 19 131 voitures auront été produites au cours d'une carrière qui n'aura duré que trois ans (dont plus de la moitié pour la première année). Plus que son prix assez élevé, le caractère marginal de ce type de voiture en explique sans doute la faible diffusion. Arrivé trop tôt, ce modèle précurseur possédait sur son temps une avance qui la commercialement pénalisé.

Très prisé par les collectionneurs américains, le Jeepster jouit d'une cote flatteuse outre-Atlantique. Et les six cylindres, dont seulement 653 exemplaires ont été produits en 1949 et 1778 en 1950, apparaissent comme les plus recherchés. Au chapitre des curiosités, signalons que la Gendarmerie belge a possédé un Jeepster qu'elle utilisa comme véhicule de parade…

Ancêtre, tout comme le Wagon, des tout-terrain d’aujourd’hui, le Jeepster apparaît surtout comme une voiture branchée avant la lettre. Du reste, on l'imagine volontiers dans un cadre tropézien. Et bien qu'il ne s'agisse pas d'un 4 x 4, on peut le considérer comme le pionnier des véhicules de loisirs contemporains, dont il a devancé la mode d’une quarantaine d’années.

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Avis des propriétaires

Commentaires

avatar de TWS
TWS a dit le 07-08-2013 à 10:18
Bonjour, Si ça intéresse un collectionneur (très bon bricoleur), j'en ai vu une épave en très triste état au bord d'un chemin de randonnée dans le Lubéron. j'ai quelques photos dispos.