Mondial de l'automobile 2006
AUDI R8
Jean Michel Cravy le 05/10/2006
C'est sans doute la plus belle émotion de ce salon, pourtant fort riche. Audi a bel et bien tenu ses promesses avec l'Audi R8.
C’est sans doute la plus belle émotion de ce salon, pourtant fort riche. Avec l'Audi R8 de série, Audi a bel et bien tenu ses promesses. La marque aux anneaux nous avait alléchés il y a un peu plus de trois ans avec le concept car Le Mans, dont le patronyme rendait hommage à la voiture de course qui était en train de marquer de son empreinte l’histoire des 24 heures du Mans, avec au total une collection de cinq victoires : la très fameuse R8. Le concept Audi Le Mans, c’était une très belle berlinette de sport, compacte, râblée, acérée comme un rasoir.
Mais vous savez ce qu’il en est trop souvent des concept-cars. Des promesses, toujours des promesses… Mais cette fois, Audi a tenu les siennes ! Et de très belle façon. Par rapport au projet, rien n’a changé d’un iota. Telle elle avait été dévoilée à l’époque, telle elle sera en production régulière ! Du moins en termes de style et d’esprit…
C’est la première pure sportive de la marque, si l’on veut bien considérer la TT comme un - excellent ! - compromis d’usage courant. L'Audi R8, elle, est beaucoup plus radicale, avec un rapport de masses présentant une forte prépondérance sur l’arrière (AV : 44 %, AR : 56 %). Très proche en dimensions par rapport à la Le Mans (4,43 m contre 4,37 m), sa carrosserie en aluminium est bâtie sur un châssis fait de poutres d’aluminium, largement emprunté à une certaine Lamborghini Gallardo, et revendique une mécanique disposée en position centrale arrière.
Mais toute comparaison s’arrête à peu près là. Car si la Le Mans arborait un V10 5 litres de Gallardo, boosté par deux turbos qui lui permettaient de revendiquer 610 chevaux, le moteur de la R8 de série est le V8 atmosphérique 4,2 litres à injection directe qui anime déjà plusieurs berlines de la marque. Il a bénéficié d’un traitement particulier (carter sec, régime maxi porté à 8250 tours) qui lui donne une puissance spécifique de 100 ch/litre. Au total, la carte de visite de ce V8 est plus modeste, si l’on peut dire, que celle du concept car, avec seulement 420 chevaux… Quand même !
La vraie Audi R8 n’est donc plus la supercar que laissait espérer le concept car Le Mans, rivale d’une Ferrari Enzo ou d’une Porsche Carrera GT. Ne le regrettons surtout pas, car du coup, l’Audi R8 quitte le domaine du rêve improbable et impossible, seulement réservé à quelques très rares privilégiés, pour tomber de celui du rêve accessible, presque à portée de main.
Nous connaissons d’ores et déjà les tarifs de l'Audi R8, ils sont presque raisonnables, s’agissant d’une Audi : 106 900 € avec une boîte manuelle 6 rapports, et 114 300 € avec la boîte R Tronic (une robotisée dérivée de celle de la Lambo Gallardo). Des sommes fort coquettes, certes, mais parfaitement comparables à celles exigées pour une Aston Martin V8 Vantage de 385 chevaux, ou une Porsche 911 Carrera S de 355 chevaux. Voilà le programme et les objectifs de l’Audi R8 : rivaliser avec des sportives de haut vol mais « courantes », de celles qu’on peut espérer conduire un jour en faisant des économies, et pas à la seule condition de gagner au loto. Le poste de pilotage est à lui seul une invitation à s’installer dans les baquets cuir/Alcantara, s’emparer du volant au méplat caractéristique, et du levier de vitesses qui ne demande qu’à tinter dans sa grille en aluminium.
Chaque propriétaire pourra personnaliser sa voiture à loisir, en faisant appel notamment à des panneaux de carbone pour habiller le V8 FSI, bien visible sous sa lunette, ou encore les « side blades » latérales qui canalisent l’air frais vers le moteur. Faisons confiance au comportement routier, qui devrait être de haut niveau, et facilité par la transmission intégrale.
Au chapitre des performances, l'Audi R8 revendique un 0 à 100 km en 4,6 secondes et, pour la première fois chez Audi, le tabou de la vitesse maxi limitée par le politiquement correct est levé. La R8 promet de franchir la barre des 300 km/h ! Les premiers exemplaires devraient être livrés en avril prochain, juste après les essais presse. On en a déjà l’eau à la bouche. Mais ce n’est sans doute pas fini : il se murmure déjà qu’une version spider/targa est dans le tuyau, et aussi une version encore plus ambitieuse, animée par un V10 essence…