Saga Triumph
Fondé par deux Allemands installés en Grande-Bretagne, Triumph attendra 21 ans pour passer de la fabrication de motocyclettes à la construction de voitures.
sommaire :
TRIUMPH Stag
Gilles Bonnafous le 29/11/2004
British Leyland, qui a pris possession de Triumph, a conçu la Stag pour le marché américain. D’où le V8 construit spécialement pour le modèle et qu’on ne reverra plus jamais sur aucune voiture du groupe britannique. Cette curiosité mécanique chez British Leyland illustre la personnalité insolite de la Stag. Voiture à part dans la gamme Triumph et même dans l’histoire de la firme, elle est le seul modèle du constructeur jamais équipé d’un V8.
Le prototype de 1966 dessiné par Michelotti D.R
Le modèle de production D.R
Présentée en 1970, cette Triumph ovni s’oppose par sa philosophie aux très virils roadsters TR. Chère (mais un V8 se paie) et pas très sportive (ses performances sont inférieures à celles de la TR 6 avec une bonne seconde supplémentaire sur le kilomètre départ arrêté), la Stag s’adresse à l’homme d’âge mûr. Elle dispose d’autres arguments, la douceur et la souplesse de sa mécanique, des qualités très appréciées outre-Atlantique… Et un habitacle confortable, avec des sièges rembourrés (malheureusement en skaï) et un tableau de bord en bois (du vrai).
Sortie des crayons de Michelotti, le designer attitré de Triumph et auteur notamment de la belle TR4, la Stag affiche à l’évidence un air de famille. En plus réservé toutefois. La face avant s’inspire des berlines 2000 et 2500 PI, tandis que la poupe évoque plutôt la Spitfire. Un charme indiscutable mais discret, un certain manque d’audace et de caractère tout de même. Quant à son arceau en forme de T, typique de l’époque mais à l’esthétique douteuse, il altère l’esthétique du cabriolet.
D.R
D.R
Avec ses 148 ch, la V8 de trois litres de la Stag est peu puissant compte tenu de sa cylindrée et de sa distribution à deux arbres à cames en tête, un par banc de cylindres. Au même moment, le six cylindres de la BMW 3.0 CS développe 180 ch. Assez lourde, la voiture ne dépasse pas les 190 km/h, le kilomètre départ arrêté étant parcouru en 32 secondes (200 km/h et 31 secondes pour la TR6). La boîte de vitesses à quatre rapports dispose d’un overdrive — une transmission automatique est proposée en option. La suspension est à quatre roues indépendantes et le système de freinage dispose de disques à l’avant.
Motorlegend.com
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Des carences mécaniques — les courroies de distribution et le circuit de refroidissement sont les deux points faibles de la voiture — ont nui à la réputation de la Stag, dont l’image a été écornée aux Etats-Unis. Produite pendant une longue période de huit ans sans le moindre changement esthétique ou mécanique, la Stag sera retirée en 1977 après 25 000 exemplaires construits.
La Stag a connu en France une carrière des plus discrètes. Deux raisons au moins expliquent cet échec commercial : la fiscalité (avec la super vignette due à la cylindrée) et la consommation (crise pétrolière de 1973 et V8 de trois litres…). Cela faisait beaucoup ! Des 354 Stag vendues à l’époque dans l’hexagone, il resterait aujourd’hui une centaine d’exemplaires. En Grande-Bretagne, la voiture jouit d’une excellente réputation. Elle a son club, le plus important des clubs britanniques monomodèles. Dans les années 70, elle était même vendue au Royaume-Uni comme voiture de société, les cadres supérieurs britanniques ayant le choix entre une Stag et une Jaguar 4,2 litres…
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