Saga Simca
Il y a 70 ans, les premières Simca sortaient de l’usine de Nanterre. La remarquable réussite de la marque sera aussi celle de son créateur, Henri Pigozzi.
sommaire :
SIMCA Présidence
Gilles Bonnafous le 07/04/2005
Ayant pris ombrage du succès rencontré par la DS comme char de l’Etat, Henri Pigozzi fait de la Présidence un haut de gamme de prestige destiné aux ministres et autres VIP avant la lettre. Un cabriolet à deux portes sera même construit sur commande spéciale, mais les deux cabriolets à quatre portes réalisés par Chapron pour l'Elysée sont des modèles Chambord dont l'empattement a été allongé.
Singulière voiture que la Présidence. En mariant le chic dépouillé du noir avec les formes de la Chambord, dont l’exubérance yankee paraît bien éloignée de la conception française du prestige et de la distinction, elle offre une identité pour le moins contradictoire. D'autant qu'on en a rajouté en gratifiant la poupe d'un "Continental kit" américain…
G. Bonnafous
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La Présidence est produite en toute petite série. A l’image de toutes les Ford produites depuis la guerre, elle est emboutie et assemblée chez Chausson. Les carrosseries sont ensuite livrées à Poissy, où elles reçoivent la mécanique et l’ensemble des équipements. Prélevées sur la chaîne de Poissy, les futures Présidence sont envoyées à Nanterre. Elles y sont terminées à la main dans un atelier réservé, où elles reçoivent leur partie arrière spécifique, leur finition particulière (notamment la sellerie Pullman) et une peinture plus élaborée. Un travail artisanal pour une production en petite série au rythme de sept exemplaires par semaine.
A quelques détails près, la Présidence reçoit une carrosserie identique à celle des autres modèles de la gamme et sa partie arrière n'est en rien modifiée. On s'est contenté d'ajouter une tôle permettant de loger la roue de secours extérieure, montée sur un support articulé permettant d'accéder au coffre. Spécifique au modèle, le pare-chocs arrière est équipé de butoirs recevant les doubles sorties d'échappement. La poupe se trouve ainsi prolongée, ce qui donne un meilleur équilibre au profil de la voiture, la ligne de la génération Vedette 1958 paraissant courte par rapport à l'ampleur des formes.
G. Bonnafous
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La Présidence se distingue également par le traitement particulier des baguettes chromées décorant ses flancs. Alors que celles qui ornent les ailes et les portes avant sont de série, celles que l'on trouve à l'arrière sont spécifiques au modèle. De même que l'absence de jonc chromé autour du motif en forme de boomerang situé sur les ailes arrière. Les enjoliveurs sont ceux de la Chambord des années 1958-1959, ainsi que l'entourage chromé des vitres.
L'habitacle est traité en deux variantes, "Classique" avec banquette et séparation chauffeur, ou "Grand Tourisme", avec sièges avant séparés de type Pullman. Revêtus d'une superbe draperie teintée en trois nuances de gris et au toucher des plus agréable, ceux-ci offrent un confort exemplaire grâce à leur épais rembourrage. L'ambiance sophistiquée est parachevée par des détails comme les contre-portes décorées d'une plaque guillochée ornée de la lettre "P", qui relie la poignée de porte et la manivelle d'ouverture des vitres. Autres exclusivités de la Présidence, la planche de bord est garnie de cuir en lieu et place de la tôle peinte de la Chambord, tandis que l'autoradio est monté en série. Le petit levier de vitesses chromé et doté d'un embout façon écaille relève des privilèges réservés au modèle, tout comme les coussins de mousse placés sous la moquette du compartiment arrière et le dégivrage de la lunette.
D.R.
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Du point de vue mécanique, la Présidence s'avère identique à la Chambord et les 84 ch SAE, dont elle dispose, paraissent bien légers pour dynamiser les 1300 kilos de la voiture. De plus, le V8 Ford Aquilon à longue course, qui avoue sa paresse à monter dans les hauts régimes, devient réellement bruyant à vive allure. De même, sa souplesse paraît assez relative, le couple dépassant à peine les 15 mkg.
La Présidence bénéficie en série du système Rushmatic, un overdrive automatique. Deux positions sont possibles, qui sont commandées par des touches chromées placées sur la planche de bord : "Rush", où la quatrième surmultipliée s'enclenche aux alentours de 110 km/h, et "route", où elle le fait vers 50 km/h.
Tarifée près de 50% plus chère que la Chambord, la Présidence a été peu diffusée (1570 exemplaires). Elle n’en offrait pas moins un confort hors pair pour une voiture de sa catégorie et un intérieur de grand luxe pour une berline française de l'époque.
Cabriolet Chambord de la Présidence de la République D.R.
Présidence brésilienne D.R.