Saga Rolls-Royce
Le célèbre slogan « Best car in the world » reflète l’exigence du créateur de la marque. Tout au long de sa brillante carrière, Henry Royce fera preuve d’une compétence à la hauteur de son angoisse de perfection.
sommaire :
Histoire : Spirit Of Ecstasy
Gilles Bonnafous le 14/07/2008
La mascotte automobile la plus célèbre au monde tire son origine du souci exprimé par Claude Johnson, qui sera plus tard directeur de Rolls-Royce, de préserver l’esthétique des voitures de la marque.
Nous sommes en 1910 et la vogue des mascottes de radiateur commence à se répandre. Claude Johnson veut éviter que la calandre des Rolls-Royce ne soit défigurée par des figures insolites disposées par certains clients et qu’il considère comme d’un goût discutable (chat noir, figure de policier, etc.). C’est alors que Lord Montagu of Beaulieu, une personnalité très en vue du monde de l’automobile et ami de Charles Royce, lui présente Charles Sykes, un jeune sculpteur dont il est l’ami et le mécène.
L'une des premières versions de la mascotte D.R. / Rolls-Royce
Le sculpteur Charles Sykes au travail D.R. / Rolls-Royce
Claude Johnson demande à l’artiste, auteur du trophée de la Coupe Gordon Bennett, de concevoir une mascotte exclusive pour la marque. Véritable œuvre d’art, elle symbolisera l’esprit Rolls-Royce : l’alliance du silence et de la vitesse. Selon la légende, l’inspiration vient à Charles Sykes lors d’un déplacement dans la Silver Ghost de Lord Montagu of Beaulieu, au cours duquel il aurait été très impressionné par la douceur de fonctionnement de la voiture malgré sa vitesse.
Charles Sykes baptise sa statuette « Spirit of Ecstasy » — elle sera également connue sous l’appellation commune de « Flying Lady ». Selon le sculpteur, la gracieuse petite déesse exprime le vif plaisir qui est le sien, avec ses bras étendus et son regard fixé vers l’horizon.
Eleanor Thornton, la secrétaire de Lord Montagu of Beaulieu, qui était également sa maîtresse, passe pour avoir servi de modèle à la gracieuse silhouette de la Flying Lady. Une hypothèse fortement contestée aujourd’hui, même si la jeune femme a probablement posé pour Charles Sykes. Plus crédible apparaît l’influence, très visible, de la Victoire de Samothrace.
D.R. / Rolls-Royce
D.R. / Rolls-Royce
Amateur d’art, Claude Johnson avait coutume, lors de ses fréquents séjours à Paris, de se rendre au Louvre, où il ne manquait pas d’admirer la célèbre Niké découverte dans l’île de Samothrace, chef-d’œuvre de l’art hellénistique. Au moment de passer commande de la mascotte à Charles Sykes, il s’adresse ainsi à l’artiste : « Je veux quelque chose d’aussi beau que la Victoire de Samothrace. Allez la voir ! ». Après tout, quoi de plus naturel que de dresser un acrotère d’inspiration grecque sur le sommet d’une calandre, dont la forme est elle-même empruntée à la façade d’un temple grec…
Présentée à un « Concours de Bouchons de radiateurs » organisé à Paris par le journal « L’Auto », Spirit of Ecstasy se voit attribuer le Premier Prix. Exclusivement fabriquée dans l’atelier de l’artiste à partir de 1911, la mascotte est réalisée selon la technique de la cire perdue. D’une valeur de 17,5 centimètres à l’origine, sa hauteur évoluera au fil des décennies pour s’adapter à chaque nouveau modèle de la marque.
D.R. / Rolls-Royce
La version agenouillée de Spirit Of Ecstasy D.R. / Rolls-Royce
En 1934, Charles Sykes réalise une version agenouillée de la mascotte à la demande de certains clients. Cette variante vise à éviter de faire pivoter la Flying Lady d’un quart de tour pour dégager l’ouverture du capot. Mais elle sera abandonnée après la guerre, la grande majorité des clients restant fidèles au modèle original.
Près d’un siècle après sa création, ce fier symbole orne toujours la proue des Rolls-Royce. Lancée en 1980, la Silver Spirit a pour la première fois été dotée d’une mascotte rétractable dans la célèbre calandre droite et arrogante. Si cette dernière n’a jamais cessé de faire fantasmer les grosses fortunes de la planète, elle a vu ses proportions réduites à partir de la Silver Shadow, épousant une forme presque carrée. BMW a repris les choses en main et doté sa Phantom d’une calandre aux proportions hypertrophiées, dignes de la grande époque.
Sur la 3000ème Phantom en 2007 D.R. / Rolls-Royce
D.R. / Rolls-Royce