Saga Rolls-Royce
Le célèbre slogan « Best car in the world » reflète l’exigence du créateur de la marque. Tout au long de sa brillante carrière, Henry Royce fera preuve d’une compétence à la hauteur de son angoisse de perfection.
sommaire :
ROLLS ROYCE La saga Phantom
Gilles Bonnafous le 15/07/2008
La New Phantom 40/50 HP succède à la Silver Ghost en 1925. Tradition et continuité, conservatisme de Rolls-Royce oblige, elle doit beaucoup à sa devancière, dont son châssis. Comme cette dernière, elle sera également construite à Springfield, aux Etats-Unis, mais à partir de 1931 seulement.
Le nouveau six cylindres en ligne à soupapes en tête, qui motorise la première Phantom, se compose de deux groupes de trois cylindres coiffés par une culasse monobloc. Avec une cylindrée de 7668 cm3, il apparaît comme la version augmentée du groupe de la Twenty. Pourvu du double allumage et d’un carburateur Rolls-Royce, il développe 100 ch à 2250 tr/mn. La voiture file à 115 km/h. La transmission est confiée à une boîte de vitesses séparée à quatre rapports (trois aux Etats-Unis). Les deux essieux rigides portent des ressorts semi-elliptiques à l’avant et cantilever à l’arrière. Comme sur les dernières Silver Ghost, les freins sont assistés sur les quatre roues.
Phantom I D.R. / Rolls-Royce
Phantom I Hooper D.R. / Rolls-Royce
On ne saurait oublier que les essais de développement du modèle ont été entièrement réalisés en France, à Châteauroux, où Rolls-Royce avait créé une base dans le plus grand secret. Les voitures partaient de là pour de longues rotations sur les routes de l’hexagone. Jusqu’en 1929, année où elle s’effacera au profit de la Phantom II, la New Phantom fera admirer l’incroyable silence de son moteur. Ainsi que son absence totale de vibrations grâce aux amortisseurs dont est doté son vilebrequin à sept paliers. Pour autant, la voiture n’est pas à la hauteur des nouvelles Packard ou Hispano de l’après-guerre.
Si elle reprend le moteur à sa devancière, la Phantom II s’avère plus moderne. Les performances (près de 140 km/h) et l’agrément de conduite se révèlent en net progrès. La boîte de vitesses est accolée au moteur et elle recevra deux rapports synchronisés dans les années trente — les 3e et 4e. La voiture est aussi la première Rolls-Royce de Derby à être dotée d’un système de graissage centralisé du châssis (la Phantom I de Springfield en était déjà équipée). La Phantom II doit toutefois affronter la concurrence des américaines et européennes motorisées par des mécaniques plus nobles, des huit cylindres en ligne, voire des douze et même des seize cylindres.
Phantom II Muliner D.R. / Rolls-Royce
Phantom II Hooper D.R. / Rolls-Royce
Phantom II Continental Sports Baker
Phantom III
La Phantom III comble ce manque en 1936. Première Rolls-Royce V12, elle sera la dernière jusqu’à la Silver Seraph de 1998. Un moteur d’aviation a servi de point de départ à ce V12 culbuté de 7,3 litres. Modernisé, le nouveau châssis bénéficie de roues avant indépendantes, une suspension fabriquée sous licence de la General Motors. Mais les freins sont toujours à câbles…
Seule Rolls-Royce motorisée par un huit cylindres en ligne, la Phantom IV est sans doute la plus exclusive de toutes les Rolls-Royce. Dix-huit voitures seulement seront construites de 1946 à 1956. Toutes réservées à des chefs d’Etat et monarques. La première Phantom IV est livrée à la princesse Elisabeth, future reine Elisabeth II, qui, quand elle régnera, en recevra une seconde, un landaulet Hooper à l’arrière découvrable utilisé pour son couronnement. Un changement, que dis-je une révolution, au palais de Buckingham, dont les garages royaux ne connaissaient jusqu’alors que les Daimler !
Phantom III Sedanca de Ville Mulliner
Phantom IV
Le carnet de bal de la Phantom IV compte encore la princesse Margaret, l’Aga Khan, le roi d’Iraq, l’émir du Koweit (quatre exemplaires), Franco (trois blindées) et le shah de Perse (deux). Une Phantom IV sera carrossée en France par Franay pour le prince Talal d’Arabie Saoudite. Le châssis extra long de 3,68 mètres d’empattement porte un huit cylindres de 5,7 litres extrapolé du six cylindres de la Silver Wraith (dimensions identiques des cylindres), d’où les soupapes opposées. D’une puissance de 145 ch à 3600 tr/mn, ce groupe avait été initialement prévu pour équiper la Wraith d’avant-guerre. Il fut utilisé pendant le conflit sur des véhicules blindés.
A la différence de sa devancière, la Phantom V sera pour l’essentiel acquise par une clientèle privée d’hommes d’affaires capables de s’offrir des voitures de souverains. Nous sommes en 1959 et la période d’austérité de l’après-guerre est révolue. Le châssis long de la Silver Cloud sert de base à la Phantom V, mais il est porté à 3,66 mètres d’empattement. Ce vaste paquebot de plus de six mètres de long est doté d’une carrosserie usine. Il est toutefois possible de se faire construire une Phantom V à carrosserie spéciale et quelques dizaines le seront — notamment par James Young et Chapron. A l’image de la Silver Cloud III , la voiture héritera de phares jumelés. Elle est motorisée par le V8 de 6,2 litres accolé à la transmission automatique Hydramatic à quatre rapports.
Phantom VI Park Ward
Apparue en 1968, la Phantom VI aura une carrière qui se prolongera jusqu’en 1991. Esthétiquement, elle est quasiment identique à la Phantom V. D’abord équipée du V8 de 6,2 litres, elle recevra ensuite le 6,7 litres et la Turbo Hydramatic à trois vitesses. Toujours équipé de freins à tambours, ce véhicule d’apparat s’avère plus à l’aise devant les casinos que sur la route, où il pâtit d’un comportement approximatif. Son rayon de braquage dépasse les huit mètres… A l’occasion du 25e anniversaire de son accession au trône, son « Silver Jubilee », Elisabeth II recevra en 1977 une Phantom VI « Number One State Car » à la surface vitrée agrandie et au toit rehaussé.
Très différente, la Phantom de l’ère BMW est aujourd’hui un modèle de gamme unique décliné en trois versions, berline, coupé et cabriolet.