Saga Rolls-Royce
Le célèbre slogan « Best car in the world » reflète l’exigence du créateur de la marque. Tout au long de sa brillante carrière, Henry Royce fera preuve d’une compétence à la hauteur de son angoisse de perfection.
sommaire :
ROLLS ROYCE Corniche
Gilles Bonnafous le 14/07/2008
La Silver Shadow donne rapidement naissance à un coupé et à un cabriolet réalisés par Mulliner Park Ward. De mêmes dimensions que la berline — 5,17 mètres de longueur —, les deux nouveau-nés offrent des lignes identiques à cette dernière. A une exception près toutefois, la ceinture de caisse est légèrement incurvée au niveau des ailes arrière.
Assemblés à Londres chez Mulliner Park Ward, les deux modèles bénéficient d’ouvrants en aluminium, tandis que la capote du cabriolet se commande électriquement. Fermée, celle-ci offre le même silence que la berline — sa fabrication nécessite deux mois de travail ! Les sièges sont également à réglage électrique. Sous le capot ronronne dans le plus grand silence le V8 de 6,2 litres de la Silver Shadow. Les voitures destinées à l’exportation reçoivent la nouvelle transmission automatique GM Hydramatic Turbo à trois vitesses de construction américaine — l’ancienne à quatre rapports était fabriquée en Grande-Bretagne sous licence GM.
Silver Shadow cabriolet D.R. / Rolls-Royce
Silver Shadow II D.R. / Rolls-Royce
Au salon de Genève 1971, les deux modèles sont baptisés Corniche (versions coupé et cabriolet). En 1939, un prototype Bentley, basé sur la Mark V, avait déjà reçu cette appellation. Il n’avait pas connu de suite en raison de la guerre. La Corniche est motorisée par le V8 de 6,7 litres introduit en 1970 sur la Silver Shadow. Ultérieurement, ce moteur sera pourvu du système d’injection Bosch KE-Jetronic.
Les places arrière se révèlent aussi spacieuses et confortables que celles de la berline. Et grâce aux larges portières, elles sont aisément accessibles. La Corniche profite d’une dotation plus poussée que la berline, certains équipements en option sur la Silver Shadow étant de série (une climatisation plus sophistiquée notamment). Elle est équipée d’amortisseurs à réglage automatique et de portes à verrouillage électrique. Très chère (le cabriolet coûte environ 35% plus cher que la berline), elle se fait aussi désirer : les délais de livraison atteignent près de quatre ans dans le milieu des années 70 — mais ils peuvent être raccourcis pour certains marchés d’exportation à fortes devises…
Corniche cabriolet D.R. / Rolls-Royce
Corniche I coupé D.R. / Rolls-Royce
Présentée en 1985, la Corniche II n’est plus disponible qu’en cabriolet, le coupé ayant disparu en 1982. Son esthétique est en retrait par la faute d’un spoiler et de pare-chocs rehaussés, qui alourdissent la face avant. Malgré son poids considérable, 2310 kilos, la voiture est capable de 200 km/h grâce aux 240 ch délivrés par son V8 — le 0 à 100 km/h est abattu en moins de 11 secondes. Elle sera équipée de l’ABS Bosch en 1987.
La Corniche III est gratifiée au salon de Francfort 1989 d’airbags montés en série et de pare-chocs peints dans la même couleur que la carrosserie. Histoire de rafraîchir un modèle, qui, dans les années 90, est esthétiquement dépassé — il s’agit à peu de choses près de la même voiture depuis le premier cabriolet Silver Shadow. La Corniche IV bénéficiera d’améliorations de détails concernant l’équipement. Elle sera construite à Crewe, les ateliers Mulliner Park Ward ayant cessé leur activité. Les 25 dernières voitures produites en 1996 seront dotées d’un V8 turbocompressé (Corniche S).
Corniche III D.R. / Rolls-Royce
Corniche V D.R. / Rolls-Royce
Modèle entièrement nouveau lancé en 2000, la Corniche V est la dernière voiture conçue par Rolls-Royce avant que la marque ne passe entre les mains de BMW. Si son design s’apparente à celui de la Silver Seraph, sa plate-forme est celle de la Bentley Azure. Elle conserve toutefois le V8 Rolls-Royce porté à 325 ch par la suralimentation, atteignant les 215 km/h en dépit de ses trois tonnes ! Retirée deux ans après son lancement, la Corniche V est la dernière Rolls-Royce construite à Crewe, avant que l’usine ne se consacre aux Bentley.
On ne saurait passer sous silence un modèle également basé sur la Silver Shadow, la Camargue, coupé dévoilé en 1975 et dû à Pininfarina. Sa silhouette massive et ses lignes anguleuses, caractéristiques du style des années 70, ne concourent pas à en faire une réussite esthétique. De même gabarit que la Silver Shadow, elle n’est pas assemblée par Pininfarina dans son usine de Grugliasco, mais à Crewe après que la carrosserie a été réalisée par Mulliner Park Ward. La plus chère des modèles du catalogue Rolls-Royce sera aussi un échec commercial. Contrairement à la Corniche, qui poursuivra sa carrière, sa production cessera quand sera présentée la Silver Spirit en 1986.
Camargue D.R. / Rolls-Royce
Camargue D.R. / Rolls-Royce