Saga Rolls-Royce
Le célèbre slogan « Best car in the world » reflète l’exigence du créateur de la marque. Tout au long de sa brillante carrière, Henry Royce fera preuve d’une compétence à la hauteur de son angoisse de perfection.
sommaire :
Histoire : Historique après-guerre
Gilles Bonnafous le 14/07/2008
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le monde a changé. A fortiori pour les constructeurs de voiture de prestige ! En cette période de pénurie, le Royaume-Uni a besoin de devises et pratiquement toute la production Rolls-Royce sera exportée, surtout vers les Etats-Unis. Dès 1952, la firme propose ses modèles dotés d’une conduite à gauche et équipés d’une transmission automatique. La production est réorganisée : l’usine de Derby va se consacrer aux moteurs d’avions, tandis que la division automobile devenue indépendante s’installe à Crewe, dans le Cheshire, à 80 kilomètres de Derby.
Rolls-Royce sort en 1949 un modèle de proportions plus modestes, la Silver Dawn. Construite sur un empattement de 3,05 mètres, elle est dotée d’une carrosserie d’usine identique à celle de la Bentley Mark VI, avec laquelle elle partage également le moteur.
Dévoilée en 1946, la Silver Wraith s’inscrit, quant à elle, dans la tradition de la marque et sera construite en châssis nu destiné aux carrossiers — elle sera la dernière Rolls-Royce ainsi proposée. Techniquement, elle se singularise par son six cylindres de 4,3 litres à soupapes opposées. Ce dernier passera en 1951 à 4,6 litres, puis à 4,9 litres. Prolongeant la Wraith d’avant guerre, elle s’adresse aux chefs d’Etat (empereur d’Ethiopie, rois de Grèce et du Maroc) et aux personnalités en vue, notamment du cinéma (Alexandre Korda et Dino de Laurentiis). Elle donnera lieu également à des créations originales, comme l’extravagante version à pavillon transparent réalisée par Hooper pour le milliardaire Nubar Gulbenkian.
Silver Dawn D.R. / Rolls-Royce
Silver Wraith Hooper ex-Gulbenkian Gilles Bonnafous
La Silver Cloud succède à la Silver Dawn en 1955. D’une grande élégance, ses lignes fluides en font sans doute la plus belle de toutes les Rolls-Royce à carrosserie usine. S’il a beaucoup évolué au fil des décennies, le six cylindres en fonte arrive en bout de développement — sa conception remonte à 1922 avec le lancement de la Twenty. La Silver Cloud I sera la dernière six cylindres de Crewe. Celle qui lui succède, la Silver Cloud II, consacre le passage de Rolls-Royce au V8. Un aggiornamento dicté par le marché d’outre-Atlantique, qui représente un débouché commercial essentiel pour la firme.
Reprenant la saga des Phantom, la quatrième du nom est sans doute la plus exclusive des Rolls-Royce jamais construites. Réservée aux chefs d’Etat, elle ne sera fabriquée qu’à 18 exemplaires de 1946 à 1956. Avec les Phantom V et VI, la prestigieuse limousine recevra le très américain V8 de la Silver Cloud, d’abord de 6,2 litres, puis de 6,7 litres.
En 1965, la Silver Shadow constitue une rupture historique chez Rolls-Royce. Adoptant la structure monocoque, elle consacre l’abandon du châssis séparé, donnant ainsi le coup de grâce aux derniers carrossiers indépendants. La majorité des Silver Shadow seront désormais conduites non par un chauffeur mais par leur propriétaire devenu "owner driver". Ce modèle charnière est aussi la première Rolls-Royce équipée de quatre roues indépendantes et de freins à disques.
Phantom V D.R. / Rolls-Royce
Phantom VI D.R. / Rolls-Royce
Après des décennies de conservatisme, cette voiture de conception moderne va permettre à Rolls-Royce de traverser la crise du début des années 70. Plus petite Rolls-Royce de l’histoire de la marque, elle en pulvérisera les records de vente et donnera naissance aux dérivés Corniche et Camargue.
Les crises pétrolières des années 70 et l’échec d’un important contrat de fourniture de réacteurs d’avions à Lockheed ont fragilisé l’entreprise au point de la menacer de faillite. Elle sera sauvée par la nationalisation du secteur aéronautique, tandis qu’une nouvelle société privée regroupant les activités automobiles sera créée, la Rolls-Royce Motors Holding. En 1985, la firme produit sa 100 000e voiture depuis 1904.
En 1980, une nouvelle génération succède à la Silver Shadow, la Silver Spirit, cousine de la Bentley Mulsanne. Dix-huit ans plus tard, la Silver Seraph sera la première Rolls-Royce motorisée par un V12 depuis la Phantom III d’avant guerre. Un moteur de 325 ch fourni par BMW. La voiture s’effacera au profit de la Phantom lancée par BMW.
Phantom VI Landaulet D.R. / Rolls-Royce
Silver Shadow D.R. / Rolls-Royce
Propriété du groupe Vickers, Rolls-Royce et Bentley sont vendus en 1998 à BMW et à Volkswagen. Un imbroglio qui sera résolu par un accord signé entre les deux marques allemandes. Aux termes de ce dernier, Bentley reviendra en 2003 à la marque de Wolfsburg, tandis que Munich héritera à la même date de Rolls-Royce.
Une nouvelle page de l’histoire se tourne à la fin 2002 avec l’arrêt de la production des Rolls-Royce dans l’usine de Crewe, qui se consacrera désormais à Bentley. La dernière Rolls-Royce construite à Crewe est un cabriolet Corniche gris, dont l’habitacle est traité à la manière de la Silver Ghost. Baptisé Silver Storm, cette voiture unique restera la propriété de la marque. Quant aux nouvelles Rolls-Royce de l’ère BMW, les berline, coupé et cabriolet Phantom, elles sont produites dans l’usine de Goodwood.
Un nouveau modèle positionné en entrée de gamme est annoncé pour la fin de la décennie. Il sera extrapolé de la future BMW Série 7. Une nouvelle « Baby Rolls » en somme. En attendant, la vénérable maison se porte comme un charme entre les mains bavaroises. Les ventes 2007 ont atteint 1010 voitures, en progression de 25% par rapport à l’année précédente. Au point que la capacité de production de l’usine de Goodwood va être accrue.
Silver Shadow D.R. / Rolls-Royce
Centenaire de Rolls-Royce à Manchester en 2004 D.R. / Rolls-Royce