Saga Peugeot
Premier à s’intéresser à l’automobile, Armand Peugeot est à l’origine des succès de la marque. A côté de voitures de prestige, notamment des sans soupapes, ce sont les modèles populaires qui pérenniseront la firme.
sommaire :
PEUGEOT 203
Gilles Bonnafous le 24/04/2006
Présentée lors du salon de Paris de 1948, la Peugeot 203 est une voiture entièrement nouvelle. Sa ligne américanisée et sa conception moderne lui valent un succès immédiat. Economique, endurante et équipée d’un moteur increvable, la voiture acquiert de suite une excellente réputation.
D’un point de vue technique, la 203 est la première Peugeot dotée d’une carrosserie autoportante. Quant à son moteur de conception ultra-moderne, il met en œuvre une technologie de pointe pour une voiture de grande diffusion de l’époque. Supercarré, ce quatre cylindres en ligne est coiffé d’une culasse hémisphérique en Alpax à soupapes en tête inclinées en V. Avec 42 ch pour 1290 cm3, le potentiel de cette mécanique est loin d’être exploité, le constructeur ayant limité le taux de compression dans un but de fiabilité.
Salon de Paris avec Antoine Pinay D.R.
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S’il ne fait pas preuve d’une grande nervosité, ce moteur offre à la voiture une honorable vitesse de pointe de 115 km/h. Au salon de 1952, la puissance passera à 45 ch grâce à un travail sur la distribution. Très raisonnable en consommation, le moteur de la 203 fera surtout preuve d’une robustesse louée de tous.
Par contre, la boîte de vitesses à quatre rapports constitue le talon d’Achille de la Peugeot 203. Elle souffre d’une synchronisation douteuse — la première ne sera synchronisée jusqu’en février 1954 — et son mauvais étagement fait apparaître des trous entre le premier et le deuxième rapport, ainsi qu’entre le deuxième et le troisième. La quatrième n’est qu’une surmultipliée.
Peugeot 203, 1957 Peugeot
Equipée de roues indépendantes à l’avant, grâce à un ressort transversal, et d’un essieu arrière rigide, la suspension offre une bonne tenue de route malgré sa sécheresse. Autre exemple du modernisme de la Peugeot 203, sa direction à crémaillère se révèle douce et précise. Le freinage s’avère également efficace et, grâce à un rayon de braquage très faible, la voiture bénéficie d’une excellente maniabilité.
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La Peugeot 203 jouit d’un design des plus réussis et sa forme bicorps, comme sa poupe fastback, lui donnent un air de petite sedanet Chevrolet. Elle présente par ailleurs une spécificité, le toit ouvrant monté en série. Au cours de la carrière de la voiture, la seule modification notable concernera la lunette arrière agrandie en octobre 1952. A cette exception près, la carrosserie demeurera inchangée, seuls quelques détails cosmétiques particularisant les millésimes. Au salon de 1956, des clignotants remplaceront les archaïques flèches de direction encastrées dans les panneaux de custode. Par contre, les portes avant s’ouvriront dans le mauvais sens jusqu’au retrait de la voiture.
Dépouillé, l’habitacle offre un confort assez rustique mais bénéficie d’un chauffage efficace. Cédant à une mode importée des Etats-Unis, le changement de vitesses est placé sur la colonne de direction. Le tableau de bord sera redessiné au salon 1952. En 1955, la Peugeot 203 sera la première voiture française produite en série équipée de sièges couchettes.
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Un an après la présentation de la berline, Peugeot a donné naissance au salon de Paris de 1949 à une gamme 203. Deux nouveautés sont apparues, la familiale et la berline découvrable. Parallèlement, ont été lancés plusieurs modèles d’utilitaires qui, en ces temps de reconstruction, revêtent une importance de premier ordre. Commercialisée en finition Luxe, la berline découvrable bénéficie de sièges en cuir. Elégante, la voiture n’en aura pas moins une carrière brève, qui s’achèvera dans les derniers mois de 1954.
Peugeot 203 cabriolet, 1951 Peugeot
Peugeot 203 familliale, 1950 Peugeot
Esthétiquement fort réussi, le cabriolet est intronisé au salon de Paris de 1951. A sa ligne aussi élégante que dépouillée, il ajoute un équipement supérieur à celui de la berline, dont une sellerie cuir. En octobre 1954, il prend l’appellation de Grand Luxe, un titre justifié par une finition plus poussée. La grille de calandre incorpore des phares antibrouillards, tandis que les ailes se voient décorées de sabots chromés. Un an après le cabriolet, est lancé le coupé, qui achève de compléter la gamme. Hélas, sa ligne s’avère peu réussie par la faute d’un pavillon maladroitement dessiné. Mal accueilli par la clientèle, il disparaîtra rapidement du catalogue.
Jusqu’en 1954, la Peugeot 203 sera le seul modèle à représenter la marque au lion. Le lancement de la 403 en 1955 marquera donc un tournant dans la carrière de la voiture, dont il amorcera le déclin. Deux ans plus tard, ne demeurera au catalogue que la berline, le cabriolet, la familiale et la commerciale étant remplacés par leurs homologues de la gamme 403. La dernière Peugeot 203 sortira des usines de Sochaux en février 1960. En douze années de production, près de 700 000 voitures auront été produites.
Peugeot 203 decouvrable, 1949 Peugeot
Peugeot 203 coupé, 1949 D.R.