Saga MG
Sur près de 80 ans d’existence, MG a vécu de nombreuses vicissitudes, qui iront même jusqu’à sa disparition provisoire en 1980.
sommaire :
Histoire : MG et la compétition
Gilles Bonnafous le 16/10/2003
Dès les débuts de la marque, MG construit des voitures dédiées à la course, qui remporteront d’innombrables succès sur route comme sur circuit, en Grande-Bretagne et à l’étranger. En 1930, la 18/80 Mk III Tigress, version compétition de la 18/80, est motorisée par un six cylindres double arbre de 2,5 litres développant jusqu’à 96 ch. Mais la voiture est dépassée par les Aston Martin et Alfa Romeo. La même année, la première Midget, équipée d’une distribution améliorée, s’illustre à Brooklands dans la course Double Twelve, où elle réalise un tir groupé dans sa classe (3e à 7e places) derrière deux Riley Nine. Une petite série de 18 voitures sera commercialisée sous l’appellation Midget 8/45 Double Twelve.
Le succès de l’EX 120 conduit en 1931 à la type C, qui emprunte à la voiture de record son 746 cm3 suralimenté de 53 ch. Suivront les J3 et J4, équipées de la même mécanique. Dotée d’un empattement raccourci, la version course de la Magnette type K bénéficie d’un compresseur qui porte la puissance de son six cylindres de 1087 cm3 à 120 ch. Lors de sa première sortie, la K3 remporte sa classe aux Mille Milles de 1933, avant de triompher dans l’Ulster Tourist Trophy aux mains du grand Tazio Nuvolari. Sans doute le plus beau titre de gloire MG. La voiture s’illustre également à la Coppa Acerbo, à Pescara. En 1934, MG remportera sa deuxième victoire consécutive au Tourist Trophy avec la Magnette NE (1,3 litre atmosphérique), un dérivé compétition des Magnette NA et NB.
MG 18/100 MK III Tigress 1930 MG
MG Double Twelve 1930 MG
MG a également laissé sa trace dans l’histoire des 24 Heures du Mans. Pilotée par Charlie Martin et Roy Eccles, une K3 se classe quatrième en 1934 derrière l’Alfa Romeo 2,3 litres de Chinetti et deux Riley 1500. En juin 1935, sept MG sont alignées dans la Sarthe : trois K3 et quatre Midget. La K3 engagée par Menier (le chocolat) et pilotée par le Français Maillard Brune remporte sa classe, prenant aussi la deuxième place à l’indice de performance. Trois des quatre Midget terminent l’épreuve, toutes conduites par des équipages féminins.
Destinée à des pilotes privés, la Midget type Q est une Magnette K3 (châssis et carrosserie) dans laquelle on a installé un moteur de type P suralimenté (746 cm3 et 113 ch). Construite en 1934 à huit exemplaires, la voiture sera développée jusqu’à 150 ch en 1936. L’année suivante, elle établira un record de vitesse à Brooklands (197 km/h dans la classe H).
MG Special Racing Midget 1931 MG
MG Midget type Q MG
Première monoplace MG, la Midget type R de 1935 représente une tentative britannique pour jouer un rôle au plus haut niveau dans le concert du sport automobile des années trente — les constructeurs du continent occupant le devant de la scène. Avec sa K3, ses voitures de records et les nombreuses victoires obtenues par des pilotes privés, MG se sent prêt à relever le défi. De conception moderne, la type R est équipée d’une suspension à quatre roues indépendantes par barres de torsion. Elle est motorisée par le 746 cm3 accouplé à une boîte de vitesses présélective Wilson à quatre rapports (la puissance ira jusqu’à 151 ch). Hélas, l’année 1935 marque le tournant de l’histoire MG, quand s’opère la concentration des marques Morris, MG, Wolseley et Riley qui donne naissance au groupe Nuffield. Une rationalisation qui s’accompagne du retrait de MG de la compétition jugée trop coûteuse par Leonard Lord, le nouveau patron du groupe.
MG Midget type R 1935 MG
MG Midget type R 1935 MG
Après la guerre, George Phillips, photographe et cofondateur de la revue Autocar mais aussi amoureux de la marque MG, rêve de participer aux 24 Heures du Mans au volant d’une TC. Il fait réaliser une carrosserie aérodynamique et engage la voiture en 1949, mais il sera disqualifié.
Plusieurs versions course sont dérivées de la TD, dont la principale est la TD Mk II. Le moteur est coiffé d’une culasse modifiée (taux de compression augmenté et soupapes agrandies), qui lui permet de développer jusqu’à 61 ch. Il est aussi possible de monter un compresseur offrant un surcroît de puissance de 50%. Trois Mk II d’usine confiées à Dick Jacobs, Ted Lund et George Phillips courront à Silverstone et au Tourist Trophy.
MG revient au Mans en 1955 avec trois prototypes MGA à carrosserie en aluminium. Deux disposent d’un moteur double arbre, l’un préparé par Austin, l’autre par Morris — ce dernier deviendra le prototype de la Twin Cam. Deux voitures termineront la course aux cinquième et sixième places de leur classe derrière les Porsche 550.
MG TD Le Mans 1951 MG
Prototype MGA Le Mans 1955 MG
Les voitures de record
Dès 1930, MG se lance dans un programme de voitures de record. Construite pour le pilote George Eyston, l’EX 120 est la première d’une longue série de voitures expérimentales qui s’illustreront jusque dans les années soixante. Un châssis spécial et une carrosserie aérodynamique sont réalisés, tandis que le moteur de la Midget voit sa course réduite pour concourir dans la classe 750 cm3. Il est également modifié en profondeur et équipé d’un compresseur. Sur l’autodrome de Montlhéry (Brooklands étant en réparations), Eyston atteint 166 km/h en 1931.
MG EX 120 D.R
MG EX 127 D.R
La même année, une nouvelle voiture est construite, toujours pour George Eyston. Sur l’EX 127, dite « Magic Midget », ce dernier bat quatre records à Montlhéry et atteint la vitesse de 185 km/h. Magic Midget sera vendue ultérieurement au pilote allemand Kohlrausch et elle finira dans le département expérimental de Mercedes.
Baptisée « Magic Magnette », l’EX 135 est d’abord une K3 Magnette utilisée en course par George Eyston. Reconstruite, elle commence une nouvelle vie en 1937 avec une carrosserie aérodynamique dessinée par Reid Railton. Goldie Gardner en sera le pilote et battra divers records en Allemagne en 1937 et en 1938 sur l’autoroute Francfort-Darmstadt. En mai 1939, à la veille de la guerre, la voiture sera la première 1100 cm3 à dépasser les 200 miles à l’heure sur l’autoroute de Dessau (328,8 km/h). Magic Magnette sera utilisée jusqu’en 1952 avec différents moteurs, dont le 1250 cm3 suralimenté de la TD (compresseur Shorrock), grâce auquel elle atteindra 325 km/h sur le Lac Salé.
MG EX 135 (K3 Magnette de course) D.R
MG EX 135 de record recarrossée, 1938 G. Bonnafous
L’aventure des records se poursuit après la Seconde Guerre mondiale avec l’EX 179. Construite en 1954 sur le châssis de l’un des prototypes de la MGA, la voiture est dotée d’une carrosserie dérivée de l’EX 135. Motorisée par le 1250 cm2 XPAG réalésé à 66,5 millimètres de la TF 1500 (1466 cm3 et 84 ch), elle bat plusieurs records sur le Lac Salé de Bonneville, dont celui des 10 miles à 247 km/h. Equipée deux ans plus tard du 948 cm3 de l’Austin Healey Sprite, elle établira encore plusieurs records.
MG EX 179 de record, 1954 D.R
MG EX 179 de record, 1954 G.Bonnafous
Dernière voiture expérimentale construite à Abingdon, l’EX 181 est aussi la plus rapide. Conçue en 1957 par Syd Enever, elle reçoit un châssis tubulaire, la suspension avant de la MGA et un pont arrière de Dion avec ressorts à lames quart-elliptiques. L’EX 181 installe son pilote devant le moteur placé en position centrale. Ce dernier est un Twin Cam de 1488 cm3 gavé par un compresseur Shorrock (290 ch) et accolé à une boîte de vitesses Riley RM. Avec Stirling Moss aux commandes, qui atteindra 395 km/h, cinq records seront battus en classe F (1500 cm3) sur le Lac Salé : le kilomètre, le mile, les cinq kilomètres, les cinq miles et les dix kilomètres lancés. En 1959, l’EX 181 évoluera en 1506 cm3 (300 ch) et roulera à 410 km/h. A son volant, Phil Hill sera à deux doigts de suffoquer en raison des vapeurs d’essence dégagées dans le cockpit…
MG EX 181 de record, 1957 G.Bonnafous
MG EX 181 de record, 1957 G.Bonnafous