Saga Lotus
Sans aucun doute. Lotus doit tout à un seul homme. Colin Chapman, qui a su être à la fois ingénieur, mécanicien, pilote et industriel avisé.
sommaire :
LOTUS Elite
Gilles Bonnafous le 05/05/2006
Lotus
Lotus
Première Lotus de Grand Tourisme, l’Elite représente une étape importante dans l’histoire de la marque. Elle lui apportera la notoriété, même si la voiture ne sera pas rentable financièrement. Elle coûtera plutôt de l’argent à Colin Chapman, qui se plaindra ultérieurement que chaque exemplaire lui aurait coûté 100 £. Mais l’Elite marquera l’histoire automobile par le caractère révolutionnaire de sa caisse.
Automobile polyvalente, la Lotus Elite incarne la philosophie GT : rouler en semaine et courir le week-end. Elle a été programmée en fonction de la nouvelle réglementation du championnat GT (catégorie 1300 cm3) pour viser les victoires de classe dans les grandes épreuves internationales comme les 24 Heures du Mans.
D.R.
L’étude du Type 14, qui deviendra l’Elite, débute en 1956. Bien que très incomplet, le prototype est présenté au salon de Londres à Earls Court en octobre 1957. Il y fait sensation. La production ne démarrera qu’un an plus tard.
Pour compenser la puissance modeste du moteur, Colin Chapman, champion de la chasse au poids, a conçu une très audacieuse structure monocoque autoportante entièrement réalisée en matière plastique. Une première mondiale. Les seuls renforts métalliques (noyés dans la résine) sont un arceau de protection au niveau du pare-brise sur lequel sont fixées les charnières des portes, ainsi que des sous-châssis qui reçoivent les attaches de la suspension et du moteur. Après des problèmes initiaux de fabrication chez Maximar, une firme spécialisée dans les coques de bateaux, la réalisation sera sous-traitée chez Bristol.
Lotus Elite, 1959 Motorlegend
Lotus Elite, 1959 Motorlegend
Sous le capot prend place le moteur Coventry Climax à simple arbre à cames en tête dans une version 1216 cm3 réalisée spécialement pour Lotus. Elle prend appellation FWE. Construit en aluminium et fort coûteux, il ne développe que 75 ch. La boîte de vitesses BMC à première non synchronisée est identique à celle de la MGA. Le freinage est assuré par des disques sur les quatre roues et la suspension à quatre roues indépendantes est empruntée à la monoplace Type 12.
Lotus Elite, 1960 Motorlegend
Lotus Elite, 1961 Motorlegend
Pureté des formes, volumes clairs et capot plongeant, la superbe ligne de la Lotus Elite est due à un amateur passionné de design et ami de Colin Chapman, Peter Kirwan-Taylor. Son travail a été revu par l’aérodynamicien Frank Costin, notamment responsable de la poupe tronquée. D’où un excellent Cx de 0,29. A noter que les glaces de l’Elite ne descendent, ni ne coulissent : elles sont amovibles et se rangent dans une poche disposée dans le dossier des sièges…
En septembre 1959, apparaît la Série 2, dont la suspension a été modifiée afin de supprimer le braquage dû au caractère flexible des tirants. L’année suivante, Chapman lance la version SE (Special Equipment) équipée d’un arbre à cames et d’un collecteur d’échappement différents. Avec 85 ch obtenus à 6500 tr/mn, la SE file à 185 km/h grâce à ses qualités aérodynamiques et de légèreté (640 kilos), le 0 à 100 km/h étant couvert en dix secondes (400 mètres départ arrêté en 17,2 secondes). La voiture reçoit par ailleurs une boîte de vitesses ZF à quatre rapports synchronisés.
24 Heures du Mans, 1962 D.R.
D.R.
Une version Super 95 est proposée en 1962. Appellation trompeuse, car, en réalité, la puissance est ramenée à 80 ch (au régime inférieur de 6100 tr/mn). Mais l’Elite sera proposée tout au long de sa carrière avec des motorisations plus poussées allant jusqu’à 105 ch à 8000 tr/mn grâce à deux carburateurs Weber double corps (au lieu du simple SU de la version normale) et à une distribution plus pointue.
Conçue dans un esprit compétition, l’Elite pâtit de graves défauts. Il faut dire que Colin Chapman n’avait aucune expérience de la construction de modèles de production avant de la lancer. Elle vibre beaucoup et s’avère très bruyante, la carrosserie en plastique faisant caisse de résonance. Voiture pointue pour amateurs avertis, la Lotus Elite a également souffert d’une fiabilité sujette à caution, sans parler de son entretien délicat et coûteux.
D.R.
En revanche, l’Elite jouit d’un comportement routier formidable, proche de celui d’une voiture de course : remarquable tenue de route, direction précise et directe, freinage puissant. Très chère car coûteuse à construire, elle sera produite jusqu’en 1963 à 1030 exemplaires. Elle sera vendue en kit à partir de 1961, ce qui permettra d’en réduire considérablement le prix.
La Lotus Elite s’est forgé un palmarès flatteur en compétition, glanant de nombreuses victoires de classe. Son appétit d’oiseau lui a également permis de s’adjuger par deux fois l’indice énergétique aux 24 Heures du Mans (en 1960 et 1962). La consommation moyenne ne dépassait guère 15 litres aux 100 kilomètres avec une vitesse supérieure à 220 km/h en pointe !