Saga Lancia
En 1906, Vincenzo Lancia crée son entreprise à Turin. Innovation, luxe et performances, l’homme donne à la marque sa philosophie pour l’ensemble de son existence.
sommaire :
Histoire : Les Lancia d'avant guerre
Gilles Bonnafous le 05/09/2005
Le premier modèle Lancia est lancé dès le mois de septembre 1907. Baptisé Alpha, le type 18/24 HP porte la première lettre de l’alphabet grec d’après l’idée d’un oncle de Vincenzo Lancia professeur de lettres classiques. Déjà, la voiture illustre clairement les idées de Vincenzo Lancia : légèreté, moteur à régime élevé, boîte de vitesses à quatre rapports, transmission par cardan et non par chaînes, boîtier de direction à vis sans fin… Motorisée par un quatre cylindres bibloc de 2,5 litres développant 28 ch à 1800 tr/mn, l’Alpha approche les 90 km/h. Elle sera construite à plus de cent exemplaires jusqu’en 1909, dont certains exportés en Grande-Bretagne.
Lancia Alpha G. Bonnafous
Lancia Beta G. Bonnafous
En 1908 apparaît la Dialpha, dont le six cylindres en trois blocs dérive du moteur de l’Alpha. D’une cylindrée de 3,8 litres, il ne connaît que peu de succès et Vincenzo Lancia reviendra au quatre cylindres, mais en version monobloc. Ce dernier motorise la 20 HP Beta en 1909 (3,1 litres et 34 ch). Avec une cylindrée portée à 3,5 litres (40 ch à 1500 tr/mn), il équipe la Gamma en 1910 (110 km/h).
C’est dans la nouvelle usine de la via Monginevro, anciennement occupée par la firme italo-française Fides-Brasier, que naît en 1911 la Delta. Vincenzo Lancia reste fidèle au quatre cylindres, un quatre litres de 60 ch. La même année, deux modèles extrapolés de la Delta et dotés du même moteur remportent un gros succès : l’Epsilon et l’Eta, version perfectionnée de la précédente et équipée, en outre, d’un embrayage multidisque à sec (brevet Lancia).
L’année 1913 voit le lancement de la Theta, un modèle de grand luxe, dont le cinq litres de 70 ch tournant à 2200 tr/mn entraîne la voiture à 120 km/h, une vitesse remarquable à l’époque pour un véhicule de ce gabarit. Première voiture en Europe à disposer d’un faisceau électrique intégré, la Theta témoigne de la politique d’innovation chère à Vincenzo Lancia. Son succès ira même jusqu’aux Etats-Unis (1700 exemplaires produits).
Lancia Theta D.R.
Lancia Trikappa G. Bonnafous
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la Kappa reprend le cinq litres de la Theta. Mais plus légère, la voiture s’avère plus rapide. Au chapitre des innovations — il se passe toujours quelque chose chez Lancia ! —, la colonne de direction reçoit un système à inclinaison variable (trois positions) et le levier de vitesses prend place au centre. Des roues métalliques à disque montées en série remplacent également les roues en bois. Suivront la Dikappa, une variante sportive de 87 ch (130 km/h) et la Trikappa, première Lancia équipée d’un huit cylindres en V (étroit à 22°) de 4,5 litres et 98 ch. Cette voiture sportive connaîtra un grand succès commercial. Citons parmi sa clientèle de gens illustres l’écrivain Gabriele D’Annunzio.
L’année 1922 est celle de la révolutionnaire Lambda, première voiture au monde dotée d’une carrosserie autoportante. Sept ans plus tard, Vincenzo Lancia lance la Dilambda, un modèle de prestige motorisé par un V8 de quatre litres développant 100 ch au régime élevé de 4000 tr/mn. Compte tenu du gabarit de la voiture, Lancia revient provisoirement au châssis séparé, mais d’une conception moderne avec longerons caissonnés et croisillon en X percé pour laisser passer la transmission. La Dilambda conserve la suspension avant indépendante. Elle bénéficie également d’un graissage centralisé du châssis et son radiateur est équipé d’un thermostat.
Lancia Lambda Lancia
Lancia Dilambda Lancia
Lancia Artena D.R.
Lancia Astura Double Phaeton D.R.
Vincenzo Lancia présente deux nouveaux modèles en 1931, l’Artena et l’Astura, toujours à moteurs en V serré : un quatre cylindres de 1,9 litre pour l’Artena et un huit cylindres de 2,6 litres pour l’Astura. Deux ans plus tard, l’Augusta inaugurera la famille des Lancia compactes, à laquelle appartiendra l’Ardea à la fin des années trente.
L’Augusta est la première berline au monde produite en série à recevoir une carrosserie dotée de portes antagonistes sans montant central (brevet Lancia). Elle est aussi parmi les premières en Europe à être dotée de freins hydrauliques. Equipée d’une suspension innovante et d’une roue libre, elle est motorisée par un V4 de 1200 cm3 et 35 ch (100 km/h). Trois séries en seront construites jusqu’en 1935. Présentée au salon de Paris sous l’appellation Belna, l’Augusta sera construite en France à Bonneuil-sur-Marne entre 1934 et 1936.
Lancia Astura Millemiglia D.R.
Lancia Augusta Lancia
Quinze ans après la Lambda, l’Aprilia, le second chef-d’œuvre de Vincenzo Lancia, apparaît en 1937. Sa production sera poursuivie après la guerre. Tout comme l’Ardea, la plus petite des Lancia lancée à la veille du conflit. Avec une ligne proche de celle de l’Aprilia, ce modèle apparaît comme une réplique en réduction de son illustre sœur.
Techniquement, l’Ardea propose elle aussi des solutions innovantes comme l’arbre de transmission doté à ses extrémités de joints élastiques dans des bagues de caoutchouc. Son V4 de 900 cm3 et 29 ch obtenus à 4600 tr/mn l’entraîne à près de 110 km/h. Prématurément interrompue, la fabrication de l’Ardea reprendra au lendemain de la guerre. La boîte de vitesses recevra alors un cinquième rapport surmultiplié, tandis que la partie arrière de la carrosserie sera redessinée avec une lunette constituée d’une seule partie et un coffre à bagages ouvrant de l’extérieur.
Lancia Ardea D.R.
Lancia Aprilia Lancia