Saga Lancia
En 1906, Vincenzo Lancia crée son entreprise à Turin. Innovation, luxe et performances, l’homme donne à la marque sa philosophie pour l’ensemble de son existence.
sommaire :
Histoire : Lancia en Formule 1
Gilles Bonnafous le 15/12/2005
Gianni Lancia est passionné par la compétition. Alberto Ascari pilote pour lui en catégorie Sport, remportant les Mille Milles en 1954 sur la D24, tout comme Fangio la Course Panaméricaine l’année précédente. Mais ces grands pilotes courent sur des marques différentes en Sport et en Formule 1, ce qui ne plaît guère à Gianni Lancia. Ascari propose alors à ce dernier de lui construire une F1 ! Enthousiasmé par ce projet, Gianni Lancia s’y consacre pleinement et des budgets importants sont dédiés à l’activité sportive plutôt qu’aux produits. Alors qu’il il y a les Aurelia B20 et B24 à développer…
Gianni Lancia (debout) et Alberto Ascari en 1954 D.R.
Vittorio Jano et la D50 D.R.
L’étude d’une monoplace pour la nouvelle formule de 2,5 litres est lancée en août 1953 sous la direction du grand ingénieur Vittorio Jano. Les plans sont achevés en quelques mois malgré les solutions techniques originales retenues. Jano crée une monoplace légère, faisant jouer au moteur un rôle structurel. Fixé de manière rigide au châssis, ce dernier reçoit les bras supérieurs de suspension. La D50 (tel est son nom de baptême) pèse 620 kilos, soit 70 kilos de moins que la Mercedes W196.
L’âme de la voiture est un V8 à deux arbres à cames en tête — plusieurs cotes sont prévues dont une formule « super-carré ». Nourri par quatre carburateurs Solex double corps, il développe 250 ch à 8000 tr/mn. La boîte–pont à cinq rapports est montée transversalement à l’arrière et, pour abaisser le centre de gravité, l’arbre de transmission est placé de manière oblique — il passe à côté du pilote. Afin de limiter la longueur de la voiture et favoriser sa rigidité, les réservoirs de 200 litres sont montés latéralement entre les roues. Cette disposition permet de plus un meilleur équilibre des masses.
Architecture de la D50 D.R.
Le V8 de Vittorio Jano D.R.
La D50 fait ses débuts au Grand Prix d’Espagne 1954, où Alberto Ascari mène la course avant d’abandonner. Mais la voiture a prouvé ses qualités, en particulier sa tenue de route remarquable. Elle s’avère toutefois difficile à maîtriser à l’approche de ses limites, d’où de fréquents tête-à-queue.
Poste de pilotage D.R.
Ascari en essai à Turin en 1955 D.R.
Le GP de Buenos-Aires de 1955 constitue une déception pour Lancia quand Ascari part dans le décor. La D50 va remporter sa première victoire au Grand Prix de Turin, avant le grand rendez-vous de Monaco. Malgré la forte concurrence des Mercedes de Fangio et Moss, Ascari mène la course avant de perdre le contrôle de sa D50 et de plonger dans le port de la principauté. Ce sera la première victoire de Maurice Trintignant sur Ferrari dans un Grand Prix de Formule 1. Mais aussi la dernière course officielle de la D50 !
En effet, la situation financière de la marque se révèle à ce point catastrophique que Gianni Lancia se voit contraint d’offrir l’ensemble de son écurie à la Scuderia Ferrari — il vendra son entreprise à la fin de l’année. Dans un réflexe patriotique face à Mercedes et après de longues négociations, Fiat s’est engagé à aider financièrement Ferrari pour maintenir la D50 en piste.
Grand Prix de Monaco 1955, Ascari et la D50 D.R.
Castellotti à Monaco D.R.
Le cadeau ne concerne pas seulement les voitures (au nombre de six), mais également les pilotes, les ingénieurs, les projets, dont certains expérimentaux comme la D50 Silhouette, qui demeurera à l’état de prototype. Il était même prévu de sortir à la fin 1955 une D50 à transmission intégrale permanente, solution qui aurait été particulièrement innovante à l’époque.
Le don de Lancia à Ferrari, le 26 juillet 1955 D.R.
Castellotti au Grand Prix de Belgique 1955 D.R.
Le 26 juillet 1955, dans la cour de l’usine Lancia, les monoplaces sont chargées à bord des camions de la Scuderia Ferrari. Une aubaine pour le Commendatore, dont les monoplaces à moteur quatre cylindres n’avaient aucune chance de l’emporter — à moins de circonstances exceptionnelles comme à Monaco.
Devenue Lancia-Ferrari, la D50 allait dominer la saison 1956. Peter Collins l’emportera à Spa-Francorchamps et à Reims et Fangio triomphera à Buenos-Aires, à Silverstone et au Nürburgring.
Lancia D50 G.Bonnafous
Lancia D50 G.Bonnafous