Saga Ford GT40
Tant par son ampleur que par sa signification, l'offensive de Ford aux 24 Heures du Mans dans les années soixante a laissé des traces profondes dans notre inconscient collectif.
sommaire :
1965 : retour en force
Didier Lainé le 25/02/2003
Dans l'intervalle, la GT 40 avait pourtant profité d'une sérieuse "remise à niveau" en troquant son 4, 2 litres initial contre un 4,7 l (celui des Cobra 289) plus puissant (385 chevaux annoncés) et plus coupleux. La transmission d'origine avait elle aussi été profondément revue de même que l'embrayage, les arbres de roue et les montes pneumatiques. En parallèle, Kar Kraft (dirigé par Roy Lunn) s'était consacré à développer un autre projet plus ambitieux encore et consistant à installer le volumineux V8 7 litres (monté sur les Ford Galaxie préparées pour les courses Nascar) dans la caisse de la GT 40, rebaptisée "MK II" dans cette configuration. Délivrant plus de 475 chevaux à 6200 t/mn avec un couple "introuvable" de 76 mkg à 4000 tours seulement, ce groupe pouvait devenir l'arme absolue face aux Ferrari, mais le reste de la voiture méritait d'être revu en conséquence.
Pour la saison 1965, la GT 40 adopte cette carrosserie plus efficace au plan aérodynamique. D.R
Première victoire pour la GT 40 aux 2000 km de Daytona en ouverture de saison. D.R
L 'erreur funeste des hommes de Ford consistera à précipiter la mise au point de la nouvelle MK II au risque de contrecarrer le développement nécessaire qu'exigeait encore la GT 40 4,7 l. Durant toute la saison, ce double enjeu allait finalement multiplier par deux les problèmes à résoudre. Le début de l'année allait toutefois se révéler prometteur grâce aux GT 40 préparées par l'équipe de Carroll Shelby. L'une d'elle s'était ainsi adjugée une première victoire lors des 24 Heures de Daytona (épreuve marquée toutefois par l'absence officielle de Ferrari) suivie d'une honorable seconde place aux 12 Heures de Sebring (derrière l'étonnante Chaparral de Jim Hall). Par la suite, les Ford connaîtront plusieurs échecs significatifs à Monza, à la Targa Florio et au Nürburgring. Mais l'enjeu principal restait toujours l'épreuve-phare du calendrier, à savoir les 24 Heures du Mans.
La Ferrari 330 P2 (ici en version spider) rivalisera avec les GT 40 4,7 l et MK II durant la saison D.R
La Ford MK II dotée du gros V8 7 litres de 475 chevaux fera forte impression aux essais des 24 Heure D.R
Feu de paille
Six Ford figuraient au départ : deux MK II 7 litres préparées par Shelby American et quatre GT 40 4,7 l confiées respectivement à Ford Advanced Vehicles (l'équipe dirigée par John Wyer), Ford France, la Scuderia Filipinetti et l'écurie de Rob Walker. Face à elles, pas moins de dix Ferrari (dont trois d'usine) pouvaient prétendre monopoliser les places sur le podium : trois 330 P2, deux 365 P, et cinq 275 LM (sans compter deux 275 GTB inscrites en GT). Comme prévu, c'est la Ford MK II qui domina les essais officiels (grâce à Phil Hill) en signant un temps record de 3'33'', à 5 secondes devant la Ferrari 330 P2 de John Surtees. Durant les premières heures de l'épreuve, les MK II seront également les plus rapides, celle de Mac Laren-Miles pointant en tête avec 22 secondes d'avance sur sa poursuivante immédiate, la Ferrari de Surtees-Scarfiotti. Cette fois, Ford était venu pour triompher et sa participation massive en témoignait. Au demeurant, les responsabilités avaient été trop diluées entre les équipes anglaises et américaines et, dans les stands règnait une grande confusion qui allait se révéler fatale.
Trois heures à peine après le début de la course, une première GT 40 abandonna (joint de culasse claqué) puis une deuxième, arrêtée sur problème de boîte. Et ainsi de suite jusqu'à la 7ème heure qui marqua le retrait de la dernière Ford encore en course, à savoir la MK II de Hill-Amon qui avait progressivement ralenti l'allure à cause d'une boîte défaillante. En face, la situation n'était pas beaucoup plus brillante : les Ferrari de tête avaient elles aussi abandonné heure après heure, victimes du rythme que leur avaient imposé les Ford MK II en début de course. Au final, c'est une ancienne 275 LM qui sauvera l'honneur de Maranello, en l'espèce celle de l'équipe américaine du "NART" confiée aux pilotes Grégory et Rindt.
Les MK II 1965 recevaient ce "nez" allongé auquel avaient été greffés des déflecteurs latéraux. D.R
Venant en renfort des 330 et 365 P2, la 275 LM sauvera l'honneur de Ferrari au Mans en lui rapportan D.R
Pour Ford, c'était là un échec cuisant. Une défaite complète alors même que le constructeur américain disposait en théorie des meilleurs atouts. La leçon était claire pour tous : une trop grande dispersion des responsabilités avait fini par engendrer un climat de concurrence interne préjudiciable à tous. La GT 40 aurait dû être parfaitement au point pour sa deuxième saison. Elle en était loin. Quant à la MK II, bien des "détails" restaient à parfaire pour lui garantir une endurance en rapport avec ses performances exceptionnelles...
GT 40 4, 7 l : Palmarès 1965
-Daytona Beach : 1ers Miles-Ruby (écurie Shelby American)
-12 Heures de Sebring : 2èmes Mac-Laren-Miles (écurie Shelby American)