Saga Ferrari
Des modestes débuts de 1947 aux 12 titres de Formule 1 Pilotes remportés à ce jour, le mérite de cet itinéraire d'exception revient à un homme, Enzo Ferrari, créateur de la marque aux 5000 victoires.
sommaire :
FERRARI Superfast et Superamerica
Gilles Bonnafous le 28/11/2002
Voitures de rêve, les Ferrari Superfast le sont assurément. Et à tous points de vue. Modèles de prestige construits au compte-gouttes pour quelques milliardaires et têtes couronnées, elles accueillent les plus gros V12 de Maranello. Surtout, les Superfast sont gratifiées par Pininfarina de lignes à couper le souffle : c'est le cas de le dire, puisqu'elles se singularisent par leur design aérodynamique. Evidemment les prix sont à la hauteur : celui d'une 400 Superamerica représente en 1961 le double du tarif d'une 250 GT…
La première Ferrari à porter l'appellation Superfast est la plus remarquable des versions spéciales construites sur la base de la 410 Super America - laquelle a pris la suite de la 375 America en 1955. Il s'agit d'un show car présenté par Pinin Farina au salon de Paris de 1956 (châssis 0483 SA). Etape importante dans l'évolution du style Pinin Farina, sa ligne aérodynamique influencera grandement les Ferrari à venir. Elle se caractérise par une face avant profilée, dont le museau allongé porte des phares carénés, tandis qu'à l'arrière prennent place des ailerons du plus pur goût américain (Super America oblige…). Egalement intéressant, le pare-brise sans montants et légèrement panoramique évoque le célèbre système Vutotal cher au carrossier français Labourdette.
Ferrari 410 Superamerica Superfast Pininfarina Speciale, 1956 D.R
Ferrari 410 Superamerica Superfast Pininfarina Speciale, 1956 D.R
Techniquement, la première Superfast adopte des solutions qui la différencient des autres 410 Super America. Outre son empattement raccourci de vingt centimètres (2,60 mètres), son moteur de 4,9 litres reçoit un double allumage - une rangée supplémentaire de bougies étant installée sur chaque banc entre les échappements. La voiture est encore équipée de carburateurs Weber de 42 au lieu des 40 de la monte standard. Ainsi gréée, elle bénéficie d'une puissance estimée aux environs de 350 ch.
Baptisée " 4,9 Superfast ", la deuxième Superfast (châssis 0719 SA) est dévoilée au salon de Turin en octobre 1957. Evolution du show car du salon de Paris 1956, cette voiture revient au simple allumage. Surtout, sa ligne s'est épurée et a perdu ses ailerons. Ce qui la rend encore plus séduisante que sa devancière, bien qu'elle soit plus courte de douze centimètres et plus haute de cinq centimètres. Cette carrosserie sera reprise sur le coupé 250 GT (châssis 0725 GT) réalisé pour le prince Bernhard des Pays-Bas en 1958.
Ferrari 4.9 Superfast, 1957 D.R
Ferrari 4.9 Superfast, 1957 D.R
Modèle entièrement nouveau, la 400 Superamerica fait ses premiers pas au salon de Bruxelles 1960 sous la forme d'un cabriolet. Extrapolé du 4,5 litres de Grand Prix de 1950, le moteur 410 a cédé la place à un nouveau dérivé du premier V12 Colombo. Ce quatre litres de 340 ch est accouplé à une nouvelle boîte de vitesses à quatre rapports, dont le dernier est équipé d'un overdrive électrique Laycock de Normanville. L'empattement a été réduit à 2,42 mètres. Pour la première fois dans l'histoire Ferrari, l'appellation du modèle ne renvoie pas à la cylindrée unitaire du moteur (en l'occurrence 330 cm3), mais au dixième de la cylindrée totale.
Ferrari 400 coupé Superamerica, 1960 D.R
Ferrari 400 coupé Superamerica, 1960 D.R
Mais l'événement qui nous intéresse a pour cadre le stand Pinin Farina du salon de Turin 1960. Le carrossier turinois y révèle un nouveau coupé deux places, la Superfast II. Né en soufflerie, le somptueux design aérodynamique de cette voiture en fait l'une des plus belles Ferrari jamais construites. A la proue plongeante dotée de phares rétractables, fait écho une poupe en pointe qu'accompagnent des ailes partiellement carénées. Après quelques modifications, la Superfast II deviendra coupé 400 Superamerica (" Coupe Special Aerodinamico ") au salon de Genève de 1961. Elle sera produite en une série limitée d'une douzaine d'exemplaires, souvent équipés d'optiques carénées et (hélas) dépourvus des flasques de roues arrière.
De manière à offrir plus d'aisance à l'habitacle (qui reste pour autant à deux places), le châssis de la 400 Superamerica est allongé au salon de Londres de 1962. Le " Coupe Special Aerodinamico " subit quelques légers changements accompagnant cette mue : un bosselage sur le capot remplace la prise d'air des carburateurs et les flasques de roues arrière disparaissent. Il sera fabriqué à 18 unités, les voitures étant toutes différentes par certains détails (prises d'air, phares, écopes de ventilation, etc.). Cette carrosserie sera montée sur quelques 250 GT, dont celle (châssis 2163 GT) réalisée (à nouveau) pour le prince Bernhard des Pays-Bas sur une berlinette 1960.
Ferrari 400 coupé Superamerica, 1962 D.R
Ferrari 400 coupé Superamerica, 1962 D.R
Toujours sur la base de la 400 Superamerica, Pininfarina présente un nouveau prototype au salon de Genève 1962 : la Superfast 3. Si ce coupé vert clair métallisé reprend pour l'essentiel la ligne de la précédente Superfast, il s'en distingue par son pavillon remanié. Plus développé et particulièrement lumineux, ce dernier bénéficie de fins montants de custode et d'une lunette arrière prolongée sur le coffre. L'effet est magnifique. La voiture revient par ailleurs aux phares escamotables, alors que la prise d'air de la calandre se voit équiper d'un volet thermostatique.
Réalisée aussitôt après, la Superfast 4 se résume à une Superfast 3, dont la face avant est dotée de quatre phares (dépourvus de carénage). Un changement qui n'apparaît pas du meilleur effet ! De plus, la voiture aurait été construite sur le châssis de la Superfast II, ce qui expliquerait la très regrettable disparition de ce chef-d'œuvre…
Ferrari 500 Superfast, 1964 D.R
Ferrari 500 Superfast, 1964 D.R
Le stand Pininfarina du salon de Genève 1964 voit la naissance de la 500 Superfast, qui succède à la 400 Superamerica. Héritière des lignes du coupé aérodynamique, cette somptueuse voiture se distingue de ce dernier par plusieurs traits : flancs dépourvus de moulures, poupe tronquée et non en pointe, phares sans carénage. Elle reçoit également un moteur spécifique, un V12 " long " à l'image du bloc Lampredi (mais à culasse amovibles) de cinq litres (d'où l'appellation 500) et 400 ch. La boîte de vitesses est à quatre rapports avec overdrive. La 500 Superfast sera produite en deux séries limitées, la première de 25 voitures, la seconde de douze unités en 1966 (avec une nouvelle boîte de vitesses à cinq rapports sans overdrive).
Par sa magnificence, la 500 Superfast peut être considérée comme la " Royale " de Ferrari, ce qu'attestent d'ailleurs la " sociologie " de sa clientèle. Jugez plutôt : le shah d'Iran (deux voitures, une de chaque série !), l'Aga Khan, le prince Bernhard des Pays-Bas (un abonné), Günther Sachs, et dans un genre plus drôle, Peter Sellers…
Ferrari 500 Superfast, 1965 D.R
Ferrari 500 Superfast, 1965 D.R