Saga De Tomaso
Quatrième grande marque italienne de GT à côté de Ferrari, Maserati et Lamborghini, ou firme marginale à l’image d’Iso avec laquelle elle partage le statut d’italo-américaine ? A chacun de se faire son opinion.
sommaire :
Histoire : Les monoplaces De Tomaso
Gilles Bonnafous le 29/03/2006
En 1959, Alejandro De Tomaso met un terme à sa carrière de pilote pour se consacrer à la construction de voitures de course. A cette fin, il crée son entreprise, De Tomaso Automobili, qui aura vocation à produire et commercialiser des GT dérivées de la compétition comme l’ont si bien fait Maserati et Ferrari.
Malheureusement, les monoplaces De Tomaso pècheront souvent par leur manque de développement. Une carence due au comportement d’Alejandro De Tomaso qui aura tendance à passer à une nouvelle idée avant d’avoir pris le temps de mener à bien la précédente… Des projets techniquement intéressants seront ainsi abandonnés, à l’image d’une monoplace à la structure monocoque ou d’une Formule 1 dotée d’un huit cylindres boxer.
Formule 2 de 1959 D.R.
Le 8 cylindres boxer De Tomaso D.R.
Alejandro De Tomaso est d’abord attiré par la Formule Junior, très populaire à l’époque, et qui a déjà séduit nombre de petits constructeurs comme De Sanctis, Stanguellini, Lotus, Cooper ou Elva. Après avoir tenté de créer ses propres concepts, De Tomaso se résout à copier la Cooper, la plus performante voiture du moment. Ainsi naît l’Isis en 1960, dont l’appellation est inspirée du prénom de l’épouse d’Alejandro De Tomaso. La voiture est motorisée par un 1100 cm3 Fiat préparé et accouplé à une boîte à quatre vitesses (d’origine Fiat). Habillée d’une carrosserie en aluminium réalisée par Fantuzzi, l’Isis sera également construite avec des boîtes de vitesses Volkswagen et Citroën.
L’année suivante, une nouvelle version de l’Isis voit le jour, équipée d’un moteur DKW monté dans un châssis de Formule 2. La boîte est une Citroën modifiée à cinq rapports. En 1962, De Tomaso sort une toute nouvelle Formule Junior à structure semi-monocoque. Techniquement très réussie, elle glanera des places d’honneur, dont une troisième place à Vallelunga.
On connaît les liens qui ont existé entre les frères Maserati à la tête d’Osca et le pilote Alejandro De Tomaso. Cette collaboration se poursuit avec le constructeur, notamment en 1961, quand De Tomaso construit six voitures de Grand Prix pour la saison de F1 (formule de 1500 cm3). Quatre sont équipées d’un moteur Osca, deux pour la Scuderia Serenissima du Comte Volpi, deux pour la Scuderia Setticoli basée à Rome. Les deux dernières monoplaces reçoivent une mécanique Alfa Romeo préparée par Conrero (pour la Scuderia Serenissima). Après avoir fait leurs débuts à Naples, ces voitures sont alignées aux Grands Prix d’Allemagne, de Monaco et de Modène. Elles prendront les quatrième et cinquième places dans la dernière épreuve de l’année courue à Rome, la National Coppa Italia F1.
F1 de 1961 avec moteur Osca D.R.
La F1 De Tomaso et son flat-8 D.R.
L’une des plus intéressantes monoplaces réalisées par De Tomaso est une F1 motorisée par un huit cylindres à plat — une technique qui permet d’abaisser le centre de gravité et d’améliorer l’aérodynamique. Apparue en 1962 et conçue par l’ingénieur Massimino, un ancien de chez Maserati, cette voiture sophistiquée ne connaîtra pas le succès que méritait son moteur boxer super carré à quatre arbres à cames en tête et double allumage. Alimenté par quatre carburateurs Weber et accouplé à une boîte à six rapports, il développe 170 ch. Inscrite à Monaco, la voiture ne fera ses débuts sur la piste qu’à la fin de l’été à Monza, au GP d’Italie. Elle ne pourra réellement y faire ses preuves en raison d’une préparation insuffisante. On la reverra en 1963 au GP de Rome et à Silverstone, au GP de Grande-Bretagne.
Autre rêve d’Alejandro de Tomaso : les 500 Miles d’Indianapolis. Conçue pour cette épreuve mythique, une monoplace est dévoilée pendant l’été 1963, dont la structure semi-monocoque présente une partie centrale en magnésium. La voiture est hélas handicapée par son lourd V8 Ford de 4,2 litres accouplé à une transmission De Tomaso à six vitesses. Des cinq machines préparées, une seule sera acquise par un riche Texan, John Mecon junior, qui ne brillera pas à son volant.
L’année suivante, De Tomaso s’associe avec le motoriste John Read, de Holbay Racing Engines, pour lancer une nouvelle Formule 2. Son moteur est un quatre cylindres à plat ultra compact (1000 cm3 et 112 ch). Présentée au Racing Car Show de Londres, la voiture ne connaîtra pas de suite en raison de sa mécanique dépassée par le Ford Cosworth. De Tomaso aura plus de chance avec une monoplace créée pour la toute nouvelle Formule 3 : victoire à Caserta et plusieurs podiums, notamment à Monza.
Le 4 cylindres à plat Holbay de la F2 De Tomaso D.R.
La F1 de 1970 D.R.
Après une période d’interruption, De Tomaso revient à la Formule 1 en 1970. La marque a décidé de mettre toutes les chances de son côté en plaçant ses voitures sous la bannière du Frank Williams Racing et en recrutant des pilotes étrangers. Conçue par Gianpaolo Dallara, la F1 De Tomaso reçoit le célèbre V8 Ford Cosworth DFV de trois litres (430 ch). La boîte est une Hewland à cinq rapports.
Sous sa livrée rouge à bandes bleu et blanc, la voiture apparaît pour la première fois à Kyalami au mois de mars, pilotée par Piers Courage. A Silverstone, dans le Daily Express Trophy, elle prendra la troisième place. Après les GP de Monaco et de Belgique, vient celui des Pays-Bas couru à Zandvoort le 21 juin. C’est là qu’au 22e tour, Piers Courage quittera la piste et périra dans les flammes. Brian Redman prendra le volant de la De Tomaso aux GP de Grande-Bretagne et d’Allemagne, Tim Schenken assurant les quatre dernières épreuves du calendrier. Mais la tragédie de Zandvoort allait marquer la fin de l’engagement direct de De Tomaso en Formule 1.
Piers Courage et Alejandro De Tomaso D.R.
Piers Courage en piste D.R.