Saga De Tomaso
Quatrième grande marque italienne de GT à côté de Ferrari, Maserati et Lamborghini, ou firme marginale à l’image d’Iso avec laquelle elle partage le statut d’italo-américaine ? A chacun de se faire son opinion.
sommaire :
DE TOMASO Guara
Gilles Bonnafous le 27/03/2006
Dernier projet porté par le fondateur de la marque, Alejandro De Tomaso, la Guara est présentée en 1993 au Salon de Genève. Il ne s’agit encore que d’un prototype et la Guara, dont le nom fait référence à une race argentine de chiens de chasse, va connaître une histoire tourmentée.
Si elle succède à la Pantera, la nouveau-née s’en révèle très différente. La Guara est en fait basée sur la Maserati Barchetta Stradale de 1991 et elle reçoit un châssis à poutre centrale, une technique déjà mise en œuvre sur la Vallelunga et la Mangusta. Reprise pour la Guara, cette dernière a été développée avec des composants plus modernes, le tunnel central étant constitué d’un nid d’abeille en aluminium. Rigide et léger, ce châssis permet à la voiture d’échapper aux problèmes de rigidité observés sur la Vallelunga et la Mangusta. D’une capacité de 90 litres, le réservoir de carburant est logé dans le tunnel, une solution qui assure une parfaite répartition du poids.
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La Guara affiche des proportions inhabituelles. Courte (4,19 mètres) par rapport à son long empattement de 2,61 mètres, elle est aussi très large, dépassant les deux mètres. Dessinée par Carlo Gaino, un designer indépendant auteur de la Maserati Barchetta, la voiture pâtit d’une esthétique discutable en raison d’une partie arrière extrêmement massive.
Habillée d’une carrosserie en fibre de carbone et kevlar, la Guara sera construite en deux versions, coupé et Barchetta, une formule de spider dépourvu de pare-brise — juste des petits saute-vent —, ce qui oblige les occupants au port du casque.
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Le spider Guara D.R.
Techniquement très évoluée, la Guara est équipée d’une suspension à quatre roues indépendantes inspirée de la Formule 1. Réalisée par Enrice Scalabroni, qui fabrique les suspensions de la Williams de F1, elle reçoit une double triangulation à long bras avec ressorts hélicoïdaux et amortisseurs placés inboard. Ceux-ci sont disposés horizontalement à l’arrière et verticalement à l’avant (sur le tunnel central).
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Malgré son châssis digne d’une voiture de course, la Guara offre un habitacle confortable. Plus spacieux que celui de la Pantera, il est entièrement habillé de cuir. La position de conduite et l’ergonomie des commandes s’avèrent excellentes.
Pour motoriser la Guara, De Tomaso a eu pour la première fois recours à une mécanique extérieure au groupe Ford. Il s’agit d’un V8 BMW en aluminium de quatre litres à 32 soupapes. Placé en position centrale arrière longitudinale, il développe 286 ch à 5800 tr/mn avec un couple de 40,8 mkg à 4500 tr/mn. Il est accouplé à une boîte de vitesses Getrag à six rapports identique à celle de l’Audi RS2.
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Ce groupe est remplacé en 1998 par un V8 Ford à quatre soupapes par cylindre — les quelques Guara exportées dès le début aux Etats-Unis le recevaient déjà. Comparé au V8 BMW, il s’avère plus lourd mais beaucoup moins cher… D’une cylindrée de 4,6 litres, il donne 305 ch et un couple de 41,4 mkg. La Guara atteint les 270 km/h et parcourt le 0 à 100 km/h en cinq secondes. Un projet de moteur de 375 ch a existé.
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Grâce à son châssis et à ses suspensions sophistiqués, la Guara brille par son comportement dynamique. Collée au bitume sur ses grandes roues Marchesini de 18 pouces en magnésium chaussées de Michelin, c’est une voiture passionnante à piloter. Douée d’une grande agilité, elle fait merveille sur les routes secondaires où elle peut exprimer ses qualités. Très puissant, le freinage est assuré par quatre disques Brembo dotés d’étriers à six pistons.
Victime des aléas de la firme, mal distribuée et handicapée par son esthétique ainsi que par un prix de vente élevé (de l’ordre de 120 000 €), la Guara n’a connu qu’une existence marginale. Elle a été produite au compte-gouttes et sur commande, le client ayant le choix de nombreux équipements parmi une longue liste d’options. Une cinquantaine de voitures ont été construites à la main, dont une dizaine de Barchetta.
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