Saga De Tomaso
Quatrième grande marque italienne de GT à côté de Ferrari, Maserati et Lamborghini, ou firme marginale à l’image d’Iso avec laquelle elle partage le statut d’italo-américaine ? A chacun de se faire son opinion.
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DE TOMASO Deauville
Gilles Bonnafous le 22/03/2006
A la fin des années soixante, Alejandro de Tomaso cherche à élargir sa clientèle en entrant sur le marché des berlines de grand luxe. Son idée ? Construire une voiture pour hommes d’affaires qui serait une anti-Jaguar. Comment s’y prendre ? En créant une copie italo-américaine de la prestigieuse voiture anglaise !
Lancée en 1970 à côté de la Pantera, la Deauville offre un gabarit proche de celui de la Jaguar XJ. Quant à son design, c’est peu dire qu’il s’inspire de la création de Coventry. Si la Deauville cherche à concurrencer la XJ 12, elle le fait avec l’atout d’une mécanique conciliant puissance, souplesse et simplicité technique et d’utilisation, à la différence de son modèle britannique. L’appellation de la voiture a été choisie par référence à l’univers de luxe et de richesse qu’elle évoque, mais également par rapport à la famille de l’épouse d’Alejandro de Tomaso, qui a possédé une écurie de course aux Etats-Unis.
D.R.
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En novembre 1970, les journalistes invités à l’usine De Tomaso pour découvrir la Deauville eurent la surprise de ne trouver ni voiture, ni Alejandro. Au bout d’un moment, ce dernier arriva au volant de la Deauville, avançant qu’il avait quitté Rome deux heures auparavant. Et pour apporter la preuve de cet exploit, une moyenne de 250 km/h, il exhiba le ticket du péage…
Monocoque à quatre roues indépendantes, la Deauville est dotée d’une suspension arrière à quatre ressorts hélicoïdaux et quatre amortisseurs. Comme la Jaguar XJ… La similitude se poursuit avec la présence de deux réservoirs (cent litres au total) installés dans les ailes. L’équipement se situe au meilleur niveau avec quatre disques assistés et ventilés et des roues Campagnolo en magnésium nettement plus légères que celles en tôle de la Jaguar.
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La Deauville offre un habitacle particulièrement luxueux toujours inspiré, pour ne pas dire copié, à l’image du tableau de bord, sur celui de la XJ. Quelques notes toutefois la singularisent comme le volant et le levier de vitesses de style nettement américain. L’équipement très complet comprend notamment la climatisation, les vitres et le rétroviseur extérieur électriques, qui sont réservés à l’époque à des modèles de très haute gamme.
La Deauville reçoit le puissant V8 Ford Cleveland également monté sur la Pantera. Les 270 ch DIN extraits de ses 5763 cm3 propulsent la voiture à 230 km/h. Le couple est impressionnant. Avec sa boîte Ford Cruise-o-Matic, la Deauville apparaît aussi comme la première De Tomaso équipée d’une transmission automatique. Les essayeurs de l’époque ne se privent pas de vanter ses qualités routières, même sur sol mouillé, ainsi que la puissance de ses freins.
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Si la Deauville offre l’avantage d’un moteur fiable et d’un entretien beaucoup moins exigeant que ses concurrentes européennes, elle pâtit d’un prix de vente élevé. Elle est singulièrement tarifée à un niveau supérieur à celui de la XJ 12, qui bénéficie d’une mécanique autrement plus noble avec son V12 doté de l’injection.
Construite jusqu’en 1985, la Deauville ne connaîtra qu’un succès d’estime et sa production ne dépassera pas les 244 exemplaires. Au nombre de ceux-ci, on ne saurait passer sous silence une version break réalisée à un seul exemplaire pour l’épouse d’Alejandro De Tomaso, Isabelle, qui l’utilisa pour transporter ses chiens…
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