Saga Austin Healey
Née dans l’Angleterre de l’après-guerre, l’Austin Healey a pour mission de partir à la chasse aux devises, c’est-à-dire aux dollars.
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AUSTIN HEALEY Sprite
Gilles Bonnafous le 19/04/2004
Adorable ou affreuse selon les goûts, la Sprite « frogeye » ne passe pas inaperçue. Bourrée de charme, c’est une voiture faite pour le fun comme la présente une publicité BMC pour le marché américain, osant ce jeu de mots, "The fun-tastic Sprite"…
Voiture naine, la Sprite — lutin en anglais — est une sportive ultra légère et agile. Son petit gabarit et la forme insolite de sa première version, à la face avant ornée des célèbres yeux de grenouille, l'assimile à une grosse voiture de manège.
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La genèse de la Sprite remonte au début des années cinquante. Leonard Lord souhaite renouer avec la tradition de la petite voiture de sport et donner une succession aux Austin Seven Nippy et Ulster d'avant guerre. Le bureau de design de Longbridge travaille alors sur un projet avec pour base l'Austin A30 lancée en 1951.
C'est en 1956 que Leonard Lord évoque cette idée avec Donald Healey. La conception de la voiture sera simple et la mécanique proviendra d'une voiture de grande série. Concernant la structure, Donald Healey abandonne le châssis séparé au profit d'une coque autoportante rigide et légère (650 kilos). A l'arrière, on se contente d'un essieu rigide et d'une suspension à ressorts à lames. La Sprite puise abondamment dans la banque d'organes de la BMC. Elle emprunte son quatre cylindres à l'Austin A 35 et à la Morris Minor. La mécanique a été renforcée car, avec deux carburateurs SU, la puissance de ce 948 cm3 passe à 43 ch. L'A 35 fournit également la boîte de vitesses à quatre rapports (première non synchronisée), ainsi que la suspension avant et le pont arrière, tandis que la direction à crémaillère est issue de la Minor. Par ailleurs, pour des raisons techniques, la Sprite ne sera pas assemblée à Longbridge chez Austin mais à Abingdon chez MG.
Présentée à la presse lors du Grand Prix de Monaco de 1958, la Sprite est accueillie par un concert de louanges. Son prix est considéré comme un atout décisif. Du point de vue esthétique, ses formes ramassées reprennent une ancienne esquisse du dessinateur Gerry Coker. Ses grands yeux remplacent les optiques escamotables d'abord envisagées, mais abandonnés pour des raisons de coût. Autre originalité, le capot forme une pièce unique avec les ailes et son ouverture provoque le basculement de toute la partie antérieure.
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En 1959, à l'occasion du lancement de la voiture aux Etats-Unis, une Sprite équipée d'un compresseur et dotée d'une carrosserie aérodynamique, bat quinze records mondiaux de catégorie sur le lac salé de Bonneville — dont les douze heures à la moyenne de 224 km/h.
Cédant aux pressions de ceux qui reprochaient à la « frogeye » sa trop grande originalité, la BMC la dote en mai 1961 d'une carrosserie entièrement nouvelle. C'est la Sprite Mk II. De plus, la BMC a décidé de lui donner une sœur jumelle, la MG Midget. D'où le sobriquet de "Spridget" donné à ces voitures… La Mk II a été dessinée moitié par Healey pour l'avant, et moitié par MG en charge de la partie arrière ! Mais dans ce lifting qui la rend plus gracieuse, la Sprite perd le caractère qui faisait son originalité. Elle gagne toutefois un coffre à bagages de dimensions supérieures, mais elle perd son "couvercle" antérieur d’une seule pièce remplacé par un capot à ouverture classique avec ailes fixes. La mécanique bénéficie d’une légère augmentation de la puissance, qui passe à 47 ch à 5500 tr/mn, ce qui permet de gagner en souplesse et en vitesse (135 km/h désormais).
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Moteur de la Sprite MK II D.R
Bien que conservant la même appellation de Mk II, la Sprite connaît une évolution décisive en octobre 1962. Elle reçoit un moteur 1100 cm3, dont les 56 ch l’entraînent à 145 km/h, ainsi que des freins à disques à l'avant. L'explication de ces améliorations tient au jeu de la concurrence. Triumph vient de lancer la Spitfire et il s'agit de contrer cette rivale très réussie.
Sprite MK II D.R
Intérieur de la Sprite MK II D.R
Paradoxalement, un changement de dénomination intervient en mars 1964, alors que peu d'éléments justifient ce passage à la Sprite Mk III. Il faut chercher la nouveauté dans le confort amélioré et le nouvel intérieur, qui témoignent d'un certain embourgeoisement. La voiture gagne des vitres descendantes dans les portes, tandis qu’apparaissent un nouveau pare-brise et un tableau de bord plus complet.
Avec la Mk IV lancée en octobre 1966, la Sprite entre dans la catégorie des 1300 cm3 grâce à un moteur dérivé de celui de la Morris Cooper S. Avec 65 ch, la voiture atteint la vitesse de 150 km/h, excellente compte tenu de sa taille. Ainsi gréée, la Sprite connaît sa période de maturité, d'autant qu'elle se voit doter d'une capote fixe qui en fait un cabriolet.
Sprite MK IV D.R
Intérieur de la Sprite MK IV D.R
Dans la grande réorganisation et rationalisation que connaît la BMC, devenue BLMC, la Sprite fait, hélas, partie de la charrette des suppressions de "postes"… Elle passera même les six derniers mois de son existence sous le seul vocable d'Austin. Elle sera finalement retirée en juin 1971 au profit de la Midget Mk III, qui poursuivra seule sa carrière jusqu'en 1974.
Moteur de la Sprite MK IV D.R
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A l'instar de toutes les sportives anglaises, le marché américain a revêtu pour la Spitfire un caractère déterminant. D'où les efforts déployés pour briller aux 12 Heures de Sebring et qui aboutiront à cinq victoires de classe consécutives de 1964 à 1968. Les prototypes Sprite se sont illustrés dans de nombreuses compétitions, remportant notamment leur classe aux 24 Heures du Mans en 1965 et aux 24 heures de Daytona l'année suivante.
Petite sportive destinée aux jeunes et proposée à un prix très abordable, la Sprite fut à son époque la moins chère des voitures de sport. Vendue 10 000 francs en France en 1960, son tarif était à peine supérieur à celui de la Floride. Sa principale concurrente aura été la Triumph Spitfire, à la puissance et à la vitesse à peu près équivalentes, mais sensiblement plus chère.
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