Saga Aston Martin
Mouvementée, l'histoire d'Aston Martin révèle un destin hors-norme. Celui d'une marque de prestige et de performances, mais à la santé fragile. En cent ans d'aventure, Aston Martin a souvent changé de mains et a connu des périodes plus ou moins fastes. Reste que son image inoxydable la rend virtuellement immortelle ! Rendez-vous dans cent ans ?
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ASTON MARTIN Rapide
Vincent Desmonts le 18/07/2013
De tous temps, Aston Martin a été une marque réputée pour ses coupés plus ou moins sportifs. Mais la diversification a toujours été difficile. Au début des années 1960, David Brown lançait déjà la Lagonda Rapide, une grande berline luxueuse et dynamique, dotée du 6 cylindres de la DB5 et d'une carrosserie en aluminium habillant un châssis tubulaire. Seuls 55 exemplaires de cette coûteuse auto seront produits. Brown lâche l'affaire.
Au milieu des années 1970, Aston Martin est (encore) en crise. Le choc pétrolier a vu les commandes s'effondrer, et la firme a grand besoin de liquidités. Le rêve d'élargir la gamme refait surface, et un nouveau projet de berline est mis en route : il débouchera sur une première Aston Martin Lagonda très classique (seulement 7 exemplaires vendus en deux ans!), très vite remplacée par la baroque Lagonda dessinée par William Towns. Coûteuse, peu fiable et dotée d'un style pour le moins clivant, cette nouvelle Lagonda sera un demi-échec : en 14 ans, seuls 645 exemplaires auront été produits.
Autant dire que lorsqu’Aston dévoile sa Rapide Concept au salon de Detroit 2006, la planète automobile retient son souffle ! Après trois échecs, la firme de Gaydon tient-elle enfin l'arme absolue pour conquérir une clientèle plus large et de nouveaux marchés ? On a alors toutes les raisons de le penser, tant le designer Marek Reichman a signé un petit chef-d’œuvre, à mi-chemin entre coupé et limousine. Longue de 5 mètres, l'Aston Martin Rapide Concept repose sur la plate-forme VH de la DB9, mais dans une version allongée au niveau de l'empattement (+ 250 mm). L'habitacle est somptueusement présenté, mais résolument sportif : les quatre occupants sont installés dans autant de beaux sièges baquet, et sont séparés par une imposante console centrale.
Si le concept-car apparaît très réaliste, il faudra tout de même attendre encore presque quatre ans avant de voir la version définitive, au salon de Francfort en 2009. Comme attendu, la Rapide de série est très proche du prototype. Elle adopte le V12 de la DB9, dans une version développant 477 chevaux, exclusivement associé à une boîte automatique à 6 rapports et palettes au volant. Malgré un tarif avoisinant les 200 000 €, Aston Martin a vu grand : espérant vendre 2 000 Rapide par an, la firme a confié sa production aux Autrichiens de Magna Steyr.
Mais en dépit des incontestables qualités techniques de l'auto, les ventes restent très largement en deçà des objectifs, poussant même Aston Martin à suspendre la production pendant quelques mois. Attachée au « made in Britain », la clientèle accepte-t-elle difficilement ce nouveau modèle produit à l'étranger ? C'est plus probablement l'habitabilité arrière comptée et l'accessibilité difficile qui nuisent à la carrière de la Rapide. En 2012, Aston Martin résout le premier problème en rapatriant la production à Gaydon. Pour le second, en revanche, c'est plus compliqué...
En 2013, la Rapide devient Rapide S en adoptant une face avant remaniée et l'ultime évolution du V12 Aston Martin. Désormais forte de 558 chevaux, la Rapide S voit ses chronos progresser... mais pas ses ventes, qui restent bien ternes. La berline, un genre maudit chez Aston Martin ?
Aston Martin Rapide S
Aston Martin Rapide S