Saga Aston Martin
Mouvementée, l'histoire d'Aston Martin révèle un destin hors-norme. Celui d'une marque de prestige et de performances, mais à la santé fragile. En cent ans d'aventure, Aston Martin a souvent changé de mains et a connu des périodes plus ou moins fastes. Reste que son image inoxydable la rend virtuellement immortelle ! Rendez-vous dans cent ans ?
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ASTON MARTIN One-77
Vincent Desmonts le 18/07/2013
Aston Martin n'aura cessé de passer de mains en mains au fil de son siècle d'existence, en ne dégageant que très épisodiquement quelques maigres bénéfices. Le dernier « sauvetage » en date, signé David Richards (patron de l'écurie Prodrive), aura permis d'injecter un peu d'argent frais dans la marque. Mais quelle allait bien pouvoir être la viabilité d'Aston Martin en tant que seul et unique constructeur haut de gamme majeur encore indépendant ? Comment résister au rouleau compresseur de Ferrari (propriété de Fiat) ou Lamborghini (qui appartient à Audi) ? Comme pour faire taire les sceptiques, Aston Martin met immédiatement en chantier un projet fou : celui d'une supercar très exclusive, produite à une poignée d'exemplaires et sans impératif de coûts de production.
Les ingénieurs ont donc l'unique occasion de repartir d'une page blanche. Ils oublient la trop lourde plate-forme en aluminium VH, qui équipe tout le reste de la gamme, et mettent au point une coque entièrement en fibre de carbone. Le V12 Aston Martin est très profondément remanié par Cosworth : il passe de 5,9 à 7,3 litres, et atteint les 750 chevaux. C'est alors le moteur atmosphérique le plus puissant au monde ! Il est également 25 % plus léger que les autres V12 Aston, et est installé 100 mm plus bas dans le châssis. Il est accouplé à une boîte robotisée à simple embrayage. Côté châssis, la voiture embarque des suspensions réglables à poussoirs inspirés de la Formule 1 et des freins en carbone-céramique. Enfin, la carrosserie entièrement en aluminium est façonnée à la main, à l'ancienne, renouant au passage avec une tradition abandonnée par Aston Martin avec l'arrêt de la Vanquish S.
L'Aston Martin One-77 est dévoilée au salon de Paris en 2008. Enfin, « dévoilée », le terme est impropre : l'auto est au contraire soigneusement abritée sous une couverture ne laissant apercevoir qu'un bout de l'avant ! Elle ne dévoilera ses charmes qu'aux clients intéressés... qui seront plutôt nombreux. Malgré le tarif déraisonnable (1,55 million d'euros!) et le coquet acompte nécessaire pour remplir un bon de commande (258 000 €), une centaine de passionnés manifestent leur intérêt. Mais Aston Martin reste inflexible : seuls 77 exemplaires sont prévus, pas un de plus ! Pour l'anecdote, les premiers et derniers de la série sont d'ailleurs l'objet de toutes les convoitises.
Au final, l'histoire ne dit pas si l'aventure de la One-77 aura été si rentable que ça, vu l'ampleur des coûts de développement. Mais le projet a au moins permis de confirmer une chose : la marque Aston Martin continue d'exercer une puissante fascination !