Saga Aston Martin
Mouvementée, l'histoire d'Aston Martin révèle un destin hors-norme. Celui d'une marque de prestige et de performances, mais à la santé fragile. En cent ans d'aventure, Aston Martin a souvent changé de mains et a connu des périodes plus ou moins fastes. Reste que son image inoxydable la rend virtuellement immortelle ! Rendez-vous dans cent ans ?
sommaire :
ASTON MARTIN DBS (1967-1973)
Gilles Bonnafous le 03/11/2006
Prototype DBS C Touring
Pour maintenir Aston Martin sur les sommets, David Brown sait qu’il lui faut remplacer le vieillissant six cylindres en ligne par un puissant V8. L'Aston Martin DBS a donc été conçue pour recevoir une mécanique de ce type, un quatre arbres à cames en tête conçu par Tadek Marek. Or la durée de développement et de mise au point de celui-ci a été plus longue que prévu et il n’est pas prêt. La DBS va, en attendant, être motorisée par le six cylindres de la DB6.
Chef-d'œuvre du même Tadek Marek, ce groupe super carré de quatre litres, gavé par trois carburateurs SU, développe 282 ch à 5500 tr/mn. En version Vantage, la puissance passe à 325 ch avec trois carburateurs Weber. Bénéficiant d’un couple généreux, ce moteur est remarquablement servi par l'excellente boîte de vitesses ZF à cinq rapports, dont l'étagement est aussi convaincant que la synchronisation.
Aston Martin
D.R.
Présentée en septembre 1967, l'Aston Martin DBS a été précédée à l’automne 1966 de deux prototypes DBS C réalisés par Touring. Si ceux-ci ne connaîtront pas de postérité directe suite à la faillite du carrossier milanais, ils sont considérés comme le point de départ de la DBS. Mais le design de la voiture ne leur doit rien. Il est signé par un Britannique, William Towns, un ancien de chez Rootes qui a rejoint Aston Martin en 1966. Produite pour un temps en parallèle avec la DB6, la DBS est disponible uniquement en coupé 2 + 2.
Plus large que la DB6 et plus lourde de cent kilos, l'Aston Martin DBS est construite sur un châssis plate-forme élargi à l’empattement allongé. Elle bénéficie par ailleurs d'un nouveau train arrière doté d’un pont de Dion. Abandonnant la construction "Superleggera" chère à Touring, la carrosserie a également vu ses proportions notablement augmentées. Bien qu'elle trahisse un lien de parenté avec ses aînées, la voiture constitue une rupture stylistique dans la famille des DB, dont elle constitue le dernier maillon. En cela, elle représente un tournant dans l'histoire de la marque.
Aston Martin DBS V8
Modernisée, la ligne de l'Aston Martin DBS est une superbe réussite esthétique. Très équilibrée, sa large silhouette est sculptée d’une ceinture de caisse à angle vif. Quant à la ligne magnifique du fastback, qui vient mourir sur une poupe fine et élégante, elle s’inspire de la Maserati Ghibli de Giorgietto Giugiaro. Si la face avant agressive a cédé à la mode des quatre phares, la calandre rectangulaire garde une trace discrète du décrochement en forme d'accolade des modèles précédents. L’habitacle se révèle particulièrement spacieux et cette vraie 2 + 2 permet à quatre personnes de trouver leurs aises.
Sur la route, l'Aston Martin DBS s'avère très sûre grâce à son excellente tenue de route. Toutefois, sa prise de poids en fait plus une grande routière qu’une vraie sportive. En cela, elle s'éloigne quelque peu de la tradition Aston Martin et tend à privilégier le confort par rapport aux performances.
La dernière réalisation de David Brown prend des couleurs en 1970 grâce à l’apparition du V8. Une mécanique puissante qui fait de la DBS V8 l’une des voitures les plus rapides du monde. Sans rien concéder au confort et à l’habitabilité d’une quatre places.
Le V8 à 90° de 5,3 litres, doté de quatre arbres à cames en tête, est équipé dans un premier temps d’une injection Bosch. Avec 320 ch, il permet à la voiture de dépasser les 250 km/h, le 0 à 100 km/h étant couru en 5,7 secondes. D’excellentes performances au début des années 70 pour une voiture pesant près de deux tonnes. La plupart des DBS V8 seront livrées avec une transmission automatique, bien qu’une boîte mécanique ZF soit disponible. En version automatique, les performances baissent quelque peu : 235 km/h et 6,2 secondes.
Par rapport à la six cylindres, l'Aston Martin DBS V8 est identifiable extérieurement à sa prise d’air sur le capot plus largement dimensionnée et à ses roues en aluminium, qui remplacent celles à rayons héritées de la DB6.
Traditionnellement déficitaire, Aston Martin connaît au début des années 70 des problèmes financiers aigus. De plus, la firme a du mal à satisfaire les exigences de la nouvelle réglementation américaine en matière de sécurité et de pollution. En 1972, David Brown cède Aston Martin à la Company Developments Ltd. En mai de la même année, la Vantage, la dernière des six cylindres Aston Martin, perd son appellation DB pour devenir Aston Martin Vantage. Tout comme la DBS V8, qui est remplacée par l’Aston Martin (ou AM) V8.
Quant à la Vantage, elle disparaîtra pendant l'été 1973 après une production de 70 exemplaires seulement.
Gilles Bonnafous
Gilles Bonnafous