Saga Aston Martin
Mouvementée, l'histoire d'Aston Martin révèle un destin hors-norme. Celui d'une marque de prestige et de performances, mais à la santé fragile. En cent ans d'aventure, Aston Martin a souvent changé de mains et a connu des périodes plus ou moins fastes. Reste que son image inoxydable la rend virtuellement immortelle ! Rendez-vous dans cent ans ?
sommaire :
ASTON MARTIN DB4
Gilles Bonnafous le 08/11/2006
En 1958, Aston Martin fait sensation aux salons de Londres et Paris en présentant l’inédite DB4. C’est elle qui fonde l’époque moderne de la firme et qui va créer, avec ses dérivés, l’image ultra valorisée de la marque. Sur l’Aston Martin DB4, tout est nouveau : le châssis plate-forme, la mécanique et la carrosserie. Elle sera aussi la première Aston Martin construite dans l’usine de Newport Pagnell (Buckinghamshire), anciennement Salmons et Tickfords.
Le capot de la DB4 cache un six cylindres en ligne double arbre en aluminium. Conçue par Tadek Marek, cette mécanique archibritannique présente une ressemblance frappante avec le six cylindres Jaguar XK. Super carré (92 x 92 millimètres), ce groupe de 3670 cm3 développe, avec deux carburateurs SU HD8, une puissance de 240 chevaux à 5500 tr/min et un couple de 33,2 mkg à 4250 tr/min. Il offre à l’Aston Martin DB4 225 km/h et le 0 à 100 km/h en 9 secondes. Il est accouplé à une boîte David Brown à quatre vitesses et overdrive. Le train arrière est constitué d’un essieu rigide, avec jambes de force et barre de Watt. Le freinage est assuré par des disques Girling sur les quatre roues.
Prototype d'Aston Martin DB4 de 1952 Aston Martin
Aston Martin DB4 de 1958 Aston Martin
Chef-d’œuvre italo-britannique et symbole de réussite européenne, la magnifique carrosserie de la DB4 et son superbe fastback sont dus à Touring. Elle est réalisée selon la technique chère au carrossier milanais et par ailleurs fort coûteuse, qui lui vaut de porter la griffe "Superleggera" — feuilles d’aluminium fixées sur un fin treillis tubulaire.
Construites en Angleterre sous licence, les caisses sont fabriquées chez Mulliner, puis chez Tickford, une entreprise intégrée au groupe de David Brown. A travers l’Aston Martin DB4 et ses dérivés, Touring contribuera largement à l’image de la firme de Newport Pagnell. Quant à l'intérieur confortable et cossu, il fait de la DB4 la Rolls-Royce des GT.
Il faudra attendre le salon de Londres de 1961 pour qu’apparaisse la version cabriolet de la DB4. Une voiture rare, produite à 70 unités seulement.
Image du catalogue d'époque Aston Martin
Moteur de la DB4 Aston Martin
Les premières DB4 souffrent de problèmes de surchauffe moteur. En janvier 1960, pour favoriser le refroidissement, le volume du carter est augmenté et la pompe à huile améliorée. Un radiateur d’huile est proposé en option. La voiture bénéficie en même temps de modifications de carrosserie mineures (série 2).
En avril 1961, l’Aston Martin DB4 (série 3) reçoit de nouveaux feux arrière, qui remplacent ceux des deux premières séries hérités de la DB Mark 3 (eux-mêmes empruntés à l’Humber Hawk). En septembre de la même année, la calandre est modifiée (série 4).
Aston Martin DB4 GT Didier Bailleux
Aston Martin
Un an plus tard, la série 5 assure la transition avec la future Aston Martin DB5. Pour offrir plus d’espace aux passagers arrière, la carrosserie est allongée, passant de 4,48 mètres à 4,57 mètres — soit la longueur de la DB5. Ceci s’est fait sans toucher à l’empattement. Le toit a également été surélevé, mais afin de ne pas augmenter la hauteur de la voiture, le diamètre des roues a été réduit de 16 à 15 pouces.
C’est en 1961 que l’appellation "Vantage" voit le jour chez Aston Martin. Elle désignera désormais des versions dotées de moteurs plus puissants. L’Aston Martin DB4 Vantage revendique 250 ch grâce à des soupapes élargies, un taux de compression plus élevé et trois carburateurs SU HD8. La majorité des exemplaires produits recevront les phares carénés de l’Aston Martin DB4 GT. De plus, la plupart des DB4 série 5 ont reçu le moteur Vantage, de sorte que peu de choses différencient la DB4 Vantage de la DB5 — les deux voitures sont du reste souvent confondues.
Aston Martin DB4 GT Damien Grébille
DB4 GT de 1960 Didier Bailleux
Encore plus sportive, l’Aston Martin DB4 GT apparaît en 1959. Conçue pour courir, elle s’analyse comme une DB4 Vantage réalisée sur un empattement raccourci de cinq pouces et allégée grâce à l’emploi d’une tôle d’aluminium plus fine.
Quant au moteur, il est boosté par le double allumage, un taux de compression porté à 9:1 et trois carburateurs Weber double corps de 45 mm. Résultat : 302 ch à 6000 tr/mn. La voiture atteint 245 km/h et couvre le 0 à 100 km/h en 6,1 secondes. 75 unités en seront fabriquées, mais la DB4 GT restera sans descendance — les DB5 et 6 ne disposeront pas de versions GT.
DB4 Jet (Bertone) de 1961 Bertone
Le salon d’Earls Court à Londres sert de cadre en 1960 au lancement de l’Aston Martin DB4 GT Zagato. Dessinée par Ercole Spada et montée chez le carrossier à Milan, elle bénéficie de performances légèrement supérieures à la version de Newport Pagnell grâce à un taux de compression de 9,7:1 (314 ch).
Réalisée à 19 exemplaires, l’Aston Martin DB4 GT Zagato est l’une des plus belles voitures jamais construites et certainement la plus mythique de toutes les Aston Martin.
Aston Martin DB4 GT Zagato Zagato
Aston Martin DB4 GT Zagato Zagato