Oldsmobile Toronado
L’Oldsmobile Toronado s’inscrit dans la tradition américaine de la traction avant.
sommaire :
OLDSMOBILE Toronado 1966
Gilles Bonnafous le 02/03/2005
« Le seul point commun que la Toronado partage avec toute autre voiture, c'est la route ! », clame en toute modestie la publicité accompagnant le lancement de la voiture… Au-delà de cette naïve fanfaronnade, force est de reconnaître à la voiture son rôle de pionnière de la traction avant aux Etats-Unis (à l’époque moderne), en même temps que la récurrence du caractère innovant d’Oldsmobile au sein de la General Motors.
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La meilleure des traditions n'est-elle pas celle d'innover ? La Toronado ouvre ainsi la voie à Cadillac, la marque de prestige du groupe, dont la Fleetwood Eldorado lancée en 1967 constitue la première traction avant. D’autres marques s’engouffreront dans la brèche au cours des décennies ultérieures et, à terme, c’est toute l’industrie automobile d’outre-Atlantique qui sera concernée.
Présentée officiellement le 14 octobre 1965, la Toronado cache sous son immense capot un véritable exploit technique. Les 385 ch de son V8 de sept litres (425 c.i.) en font la plus puissante traction de l'histoire de l'automobile. Mais ce n’est pas le seul trait de sa personnalité quelque peu mégalomaniaque, qui transparaît aussi dans ses proportions impressionnantes (5,36 mètres de long, 2 mètres de large et plus de 2,1 tonnes).
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On ne peut qu'être séduit par la magnifique ligne futuriste de la Toronado, qui en fait l’un des chefs-d’œuvre du design américain de la seconde moitié du siècle. La pureté et le dépouillement de sa silhouette fuselée sont particulièrement à souligner. De profil, le porte-à-faux arrière équilibre celui de l'avant, habilement traité malgré sa longueur, un effet accentué par la symétrie des retours de pare-chocs sur les flancs. Mais le meilleur de ce dessin est peut-être sa partie arrière. On ne sera pas avare de louanges pour la sublime courbe du fastback et la finesse de la poupe fuyante. A cette époque, la General Motors soignait particulièrement le séant de ses voitures, dont la Buick Riviera offre un autre exemple éloquent.
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Non obstant l'ampleur se son gabarit, la forme sportive de grosse GT de la Toronado laisse augurer de brutales performances. A l'image de la proue agressive et du faciès aveugle, dû à la présence de phares escamotables à commande hydraulique, qui compose la gueule étrange d'une bête sauvage. Les ailes prolongées par des chromes protubérants encadrent une discrète calandre décorée de fines lames. Les arches de roues très modelées, qui émergent des flancs, accréditent également l'idée de puissance prête à se déchaîner. On notera de ce point de vue l'habileté du designer qui, pour alléger et rythmer le ponton, a évidé les flancs. A l'arrière, des grilles évacuent l'air circulant dans l'habitacle, tandis qu'une vaste malle abrite la roue de secours logée tout au fond.
Donnée pour cinq places, la Toronado peut aisément accueillir six basketteurs sur ses larges banquettes en vinyle, cuir ou drap (au choix). Leur assise basse ne favorise pas la visibilité, notamment vers l'arrière où le panneau de custode forme un angle mort. La banquette antérieure se règle électriquement, tout comme le volant orientable dans les trois dimensions.
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Le tableau de bord en biseau, sécurité oblige, présente un tachymètre à tambour horizontal abrité dans un écran de forme carrée. Il est lui-même encadré de quatre rectangles accueillant le manomètre de pression d'huile, la jauge à essence, l'ampèremètre et l'indicateur de la température d'eau. L'équipement très complet comprend également des vitres électriques, un rétroviseur extérieur réglable depuis l'habitacle, ainsi que l'air conditionné, mais en option. Le regard est attiré par les énormes pédales, en particulier par l'étrange forme en trapèze de l'accélérateur.
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Sur la route, la Toronado ne passe pas inaperçue, malgré son impressionnant silence de fonctionnement qui ne laisse percevoir le ronronnement chaleureux et feutré du V8 que sur les vives accélérations. Elue "Car of the Year" par le magazine américain Motor Trend et considérée comme la meilleure des « Personal Cars » par la revue Car and Driver, la « Toro », comme on l’appelle familièrement, connaît les faveurs du public dès son lancement — sa production atteint 40 963 exemplaires lors de sa première année de production.
Sa première apparition publique en Europe a pour cadre le salon de Paris de 1965, dont elle constitue l'une des vedettes. Proposée en France à un tarif exorbitant, la Toronado représente à l'époque plus de trois fois et demi le prix d'une DS 21 Automatique et plus du double d'une Ford Mustang 4,7 litres (aux performances supérieures). Sans parler des conséquences fiscales de ses 40 chevaux fiscaux, du coût de l'assurance et de la consommation…
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