Les muscle cars américains
Si les premières américaines à grande puissance sont nées dans les années 50, l'histoire officielle désigne généralement sous l'appellation de "muscle car" des modèles datant pour la plupart de la décennie suivante...
sommaire :
CHEVROLET Camaro et PONTIAC Firebird
Didier Lainé le 17/12/2002
Un développement "durable"
Lancées en réponse à la Ford Mustang, les Chevrolet Camaro et Pontiac Firebird ont un peu tardé à entrer en scène. Dans un premier temps, les stratèges de la General Motors se sont contentés d'analyser le "phénomène" Mustang avec perplexité. Doutant de la pérennité de ce marché neuf, ils ont hésité longtemps à "prendre le train en marche". Après avoir constaté que le succès de la Mustang n'était pas un feu de paille, la General Motors s'est empressée de rattraper le temps perdu. Présentée fin 1966, la première Chevrolet Camaro emprunte beaucoup à la Mustang, moins par son style que par sa philosophie. Dérivée elle aussi d'une série compacte (la Nova, en l'occurrence), elle en reprend de nombreux composants. La version de base, un coupé 6 cylindres, est proposée à 2466 $, soit 5 $ de plus que la Mustang la moins chère. A tous égards, la Camaro lui est comparable. Ses dimensions sont quasiment identiques (à quelques centimètres près) et un large catalogue d'options permet au client de se confectionner un modèle quasiment sur mesure.
La première Chevrolet Camaro entre en scène un peu tardivement, plus de deux ans après les débuts de D.R
...mais ses concepteurs ont pris le temps de soigner leur copie. D.R
Une formule commerciale déjà exploitée avec succès par les concessionnaires du réseau Ford qui ont su tirer le plus grand profit de ces "packs" d'équipements (très rémunérateurs pour eux grâce à un système de commissionnement privilégié) en les présentant judicieusement au client comme autant d'options indispensables transfigurant complètement l'agrément de conduite de leur future Mustang. En définitive, un modèle tout équipé pouvait ainsi faire monter la facture finale à près du double du prix promotionnel du modèle de base, l'essentiel consistant à convaincre l'acheteur qu'il ne s'agissait plus du tout de la même voiture ; ce qui n'était pas tout à fait faux sans être tout à fait vrai....
Lancée la même année (mais avec 6 mois de décalage), la Pontiac Firebird se distingue de la Camaro p D.R
Chevrolet Camaro D.R
Chevrolet a repris la même recette avec sa Camaro, proposée elle aussi avec une foultitude d'options de confort, sans oublier plusieurs "packs" sport (RS et SS, notamment) destinés à combler les amateurs de sensations fortes. Mêmes principes, mêmes effets avec la Pontiac Firebird, lancée 6 mois plus tard et qui n'est autre qu'une Camaro plus raffinée et (théoriquement) plus performante, cette différenciation marketing correspondant étroitement au positionnement distinct des divisions Chevrolet et Pontiac. Contrairement à la Plymouth Barracuda, les deux premiers pony cars lancés par la General Motors connaîtront un franc succès dès leurs débuts : 220 000 Camaro trouveront ainsi preneur en 1967 auxquelles s'ajoutent 80 000 Firebird.
La première Firebird Trans' Am fut présentée au Salon de Chicago 1969. D.R
Les Camaro et Firebird seront entièrement restylées pour 1970. D.R
Si la Ford Mustang reste largement en tête de la compétition avec un score de près de 460 000 unités vendues cette année-là, il n'en reste pas moins qu'elle devra désormais compter avec ces deux nouvelles rivales qui ne manquent pas d'atouts pour détourner la clientèle : une ligne réussie, une gamme complète de moteurs à 6 et 8 cylindres, une fourchette de prix compétitive et un niveau de performances comparable. Par la suite, la menace se révèlera de plus en plus réelle. A partir de 1969, les courbes s'inversent de façon significative : la Camaro frôle alors les 250 000 exemplaires tandis que la Mustang redescend à la lisière des 300 000 unités. Au début des années 70, les deux rivales vont se retrouver quasiment à égalité sur un marché qui s'est sensiblement réduit. Pour sa part, la Firebird devra se contenter d'un brillant second rôle, à distance respectable de la Camaro, plus populaire et meilleur marché. Dotées toutes les deux d' une nouvelle carrosserie très séduisante pour le millésime 1970, elles vont elles aussi se laisser gagner par une tendance certaine à prendre du poids et des centimètres, à l'instar de la Mustang, rejoignant ainsi les muscle cars par la taille et le caractère. Une "remise à niveau" sanctionnée favorablement par la clientèle et qui permettra à ces deux séries de traverser les années 70 sans déchoir.
Les nouvelles normes sécuritaires imposeront l'adoption de pare-chocs volumineux à l'avant comme à l D.R
Nouvelle face avant pour la Firebird 1980 qui peut recevoir en option un V8 5l Turbo de 210 ch. D.R
La troisième génération de Firebird et Camaro entre en scène en 1982. D.R
La troisième génération de Mustang lancée en 1979 a connu une carrière fructueuse marquée par le retour de V8 à puissance élevée. D.R
Trois survivantes
On constate même que leur diffusion s'est sensiblement accrue après 1976, au point de dépasser celle de la Mustang qui ne combattait plus dans la même cour, il est vrai. De fait, cette dernière empruntera un chemin très différent après 1973 sans pour autant disparaître. Nettement plus courte et plus légère (elle est désormais dérivée de la "subcompacte" Pinto), cette "deuxième" génération prétend réincarner la Mustang "originelle" par ses dimensions. Bien adapté à la crise économique du milieu des années 70, le "produit" trouvera sa clientèle mais on est loin du "phénomène" de société qu'incarne la première génération. Au demeurant, on saura gré au groupe Ford d'avoir maintenu cette série en production au plus mauvais moment. Et d'avoir su la faire évoluer par touches successives jusqu'à la génération actuelle qui a retrouvé toute la fougue des versions anciennes les plus performantes (notamment la version "Cobra" R forte de 390 chevaux...) tout en se révélant beaucoup plus homogène, plus "sécurisante" et plus économique en consommation. A bien des égards, les Chevrolet Camaro et Pontiac Firebird ont suivi le même processus. Régulièrement améliorées au fil des ans, elles ont elles aussi survécu jusqu'à cette année, en retrouvant une grande partie de leur puissance perdue.
Après 35 ans de carrière, les Camaro et Firebird sont aujourd'hui en fin de parcours. D.R
Chevrolet Camaro D.R
Production comparée Camaro/Firebird
Camaro
1970 125 000 ex.
1973 95 000 ex.
1977 217 000 ex.
1980 160 000 ex.
Firebird
1970 48 000 ex.
1973 45 000 ex.
1977 85 000 ex.
1980 105 000 ex.
La Camaro SS 396 jugée par Sport Auto (1967)
Si les muscle cars américains ont été importés au compte-goutte en France, on n'en dira pas autant de certains pony cars du genre de la Ford Mustang, de la Chevrolet Camaro ou de la Pontiac Firebird qui ont toutes connu un certain succès d'estime dans notre pays malgré leur consommation décourageante, leur puissance fiscale dissuasive et leur prix élevé (alourdi par les frais de transport et les taxes) qui les mettait en concurrence avec certaines voitures de luxe européennes de haut niveau. Malgré tout, elles restaient assez compétitives sur notre marché en raison même de leur puissance incomparable (même à ce niveau de prix) et de leur performances assez exceptionnelles pour l'époque. Ce que confirme cet essai d' une Camaro SS 396 effectué par José Rozinski pour le magazine Sport Auto, en juillet 1967.
D.R
Chevrolet Camaro SS 396 1968 D.R
L' homme ayant déjà eu le privilège de conduire à l'époque les meilleures voitures de sport du marché, son jugement n'en apparaît que plus pertinent :
-" En tenue de route, le comportement de la Camaro est assez exubérant mais (sur sol sec en tout cas), d'une santé et d'une franchise formidables. En conduite sportive, l'essieu arrière (rigide) téléphone avec candeur tout début de dérapage mais la réserve de puissance est tellement énorme que, même si on se trompe un peu, on arrive toujours à mener la voiture où l'on veut.(...) Aucune déception, côté performances. Sur l'anneau de Montlhéry, la Camaro accepte volontiers de tourner à plus de 210 km/h, ce qui est fort rare, et confirme l'impression d'absolue sécurité qu'elle donne à grande vitesse sur route ou autoroute : tenue de cap parfaite, remarquable silence, excellente assiette en grande courbe avec faible roulis. Nous avons obtenu les résultats suivants : *
-400 m départ arrêté en 15'' 4/10 (modèle avec boite auto Powerglide)
-1000 m départ arrêté : 29''
-Vitesse maxi : 220, 5 km/h
Conclusion : -" Parfaite, la Camaro SS 396 ne l'est certes pas. La sophistication n'est pas son fort et ce n'est pas un exemple édifiant à soumettre aux cours du soir des élèves techniciens en voitures de sport. Mais, pour mon compte, je résumerai ainsi ma position : oh ! quelle santé !... "
Prix neuf en 1967 : 34 380 F(HT)