Histoire : Les monoplaces Tecno
le 09/08/2005
TECNO fut une petite entreprise italienne spécialisée dans la fabrication de monoplaces.
Au début des années soixante, les frères Luciano et Gianfranco Pederzani avaient fondé à Bologne la société Tecnokart dont la re- nommée se développa rapidement dans le domaine des karts. A la fin de 1964 l'entreprise passa progressivement à la construction automobile et sortit une petite monoplace de formule K 250.
Fidèle à l'esprit de la formule 4, qui venait d'être créée depuis peu, cette monoplace constituait un trait d'union entre le kart, dont elle conservait le moteur de motocyclette de 250 cm3, et la monoplace de conception classique. Lorsqu'elle fut assurée du succès de cette création, Tecnokart s'engagea dans la fabrication de voitures plus importantes, et elle mit en chantier, en 1966, une formule 850 et immédiatement après une formule 3 équipée d'un moteur Ford-Cosworth de 1000 cm3. Malgré l'originalité de sa conception, cette voiture, dénommée Tecno, consistant en un châssis tubulaire d'empattement court et avec la place du pilote en position avancée, s'avéra rapidement compétitive par rapport aux autres voitures.
Monoplace K 250 1964 D.R.
En 1967 elle remporta ses premières victoires avec les pilotes Nesti, E. Brambilla et C. Regazzoni ; ce fut le prélude à une saison triomphale, celle de 1968, alors que la raison sociale avait été transformée en Tecno Automobiles. Le bilan de la saison fut en effet de 54 victoires absolues qui assurèrent à Tecno le Championnat d'Italie avec Bernabei, celui de France avec Cévert, celui de Suède avec Wisell et enfin le Trophée de la montagne d'Italie avec Venturi.
Bien que sa conduite nécessitât une certaine accoutumance, la Tecno devint la voiture idéale pour les pilotes privés ; elle enleva aux Anglais non seulement la suprématie dans les compétitions mais également la première place dans le domaine commercial.
Une formule 2 fut également réalisée à la même époque, propulsée par le moteur Ford-Cosworth traditionnel et dont le châssis reproduisait le schéma de la monoplace de 1 l.
Dans cette catégorie les victoires furent longues à sourire aux pilotes officiels Regazzoni et Jaussaud, ainsi qu'à l'équipe Ron Harris : ce ne fut qu'en 1969 que Cévert remporta à Reims la première victoire. Les causes de cet échec partiel étaient dues à l'excès de puissance exigée par la F 3, dont on ne construisit que 60 exemplaires environ de la nouvelle 850 et des châssis destinés aux États-Unis pour les formules B et C. A la fin de l'année, toutefois, la Tecno F 3 avait remporté à nouveau le Championnat d'Italie avec Picchi ; ceux de France avec Mazet, de Suède avec Peterson et de Suisse avec Salomon.
En 1970 les engagements en formule 3 furent moins nombreux, ce qui n'empêcha pas Tecno de conserver la vedette grâce à Salvati. Au cours de la même année fut entreprise la fabrication de la formule Ford, cependant qu'en France fut montée une série de voitures de formule nationale. La monoplace de formule 2 fut la grande bénéficiaire de cette restructuration. Avec une voiture légèrement modifiée et redessinée par la suite, et avec des moteurs élaborés par les frères Pederzani, Clay Regazzoni remporta le titre européen de sa catégorie.
Toutefois les prix de fabrication toujours plus élevés imposèrent de nouveaux changements dans l'entreprise et amenèrent la disparition de Tecno Automobiles, qui fut divisée en Tecno Racing Team, chargée de la participation de Tecno aux compétitions et en Pederzani Automobiles, chargée de la fabrication des moteurs.
En 1971, alors que la F 3 poursuivait son ascension en remportant encore une fois le Championnat italien avec Naddeo, la F 2 ne parvint pas à enlever le titre du Championnat européen malgré quatre victoires de Cevert.
Les causes de cet échec relatif sont à rechercher dans le fait que toute l'energie des constructeurs était tournée vers la fabrication d'un nouveau moteur de 3 1 destiné à équiper des F 1. Il s'agissait d'un 12 cylindres boxer qui, en 1972, fut monté sur un châssis tubulaire revêtu de panneaux en tôle d'aluminium. Deux types de monoplaces furent construits : la P A 123/3 et la P A 123/5, pilotées alternativement par Nanni Galli et Derek Bell, mais de nombreuses difficultés relatives au moteur et au châssis firent échouer la tentative des frères Pederzani.
D.R.
Monoplace F1 1973 à chassis monocoque construit en Angleterre. D.R.
En 1973 de sérieuses différences de point de vue surgirent entre le constructeur et le directeur sportif de l'équipe, David York, qui avait été imposé par le sponsor Martini, ce qui influa gravement sur les résultats insuffisants obtenus par le pilote Chris Amon.
Sur le plan technique, la monoplace de formule 1 fut dotée de deux nouveaux châssis monocoques fabriqués par des spécialistes anglais : l'un par Alan McCall, sous le contrôle des frères Pederzani, l'autre par Gordon Fowell, sur l'instigation de York.
N'ayant pas atteint de résultats satisfaisants, le Tecno Racing Team cessa toute activité sportive au cours de la saison 1973. La société des automobiles Pederzani poursuivit une activité limitée à la fabrication d'un moteur de 2000 cm3 à huit cylindres boxer, dérivé dans son architecture du 3 litres à douze cylindres, qui fut utilisé sur des châssis à deux places d'autres marques, mais qui ne connut qu'un succès limité.
F 1 (Derek Bell) 1972 D.R.
F 2 (Clay Regazzoni) 1970 D.R.