Histoire : Les Mille Miglia

le 08/08/2005

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L'histoire des "Mille Miglia" commence en 1921 quand le club Automobile de Brescia organisa le premier Grand Prix italien. Voyant le succès de cette course, le club d'automobile de Milan construisit l'autodrôme de Monza et y organisa les Grands Prix à partir de 1922. Ceci vexa les habitants de Brescia mais ce n'est en 1926 qu' Aymo Maggi conçut, à titre de vengeance, l'idée d'une course sur route pour des voitures de sport. Cette course serait une épreuve de 1000 milles, sur des routes publiques fermées entre Brescia à Rome. Cette manifestation nécessita l'approbation du parti fasciste alors aux commandes du gouvernement .

C'est ainsi qu'en 1927, avec l'aide de Giovanni Canestrini, le comte Franco Mazzotti et Renzo Castagneto, Aymo Maggi vit son rêve devenir vivant.

À 9:00 h exactement, à Brescia les voitures prirent la route, toutes les minutes, les voitures plus petites et plus lentes partant les premières. Leurs numéros représentaient leurs heures de départ.

La stratégie de course était simple : aller aussi rapidement qu'on le pouvait tant qu'on le pouvait !

Avec l'aide de Giovanni Canestrini, le comte Franco Mazzotti et Renzo Castagneto, Aymo Maggi vit son rêve devenir vivant.
Avec l'aide de Giovanni Canestrini, le comte Franco Mazzotti et Renzo Castagneto, Aymo Maggi vit son rêve devenir vivant. D.R.

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Avec un peu de chance, on pouvait atteindre l'arrivée. Avec moins de veine, on risquait tout simplement d'aller se pulvériser contre les talus, roches, bornes et autres poteaux et barrières qui s'alignaient le long de ces routes parfois à peine pratiquables...

Le long du parcours, les spectateurs étaient nombreux, venus encourager leurs favoris, s'avançant parfois jusqu'au milieu de la route pour acclamer leurs idoles...

Aymo Maggi s'envola en tête de la course mais fut été bientôt passé par l'Alfa Romeo du tandem Brilli/Peri. Menant l'épreuve pendant presque tout le parcours, ils commencèrent, à l'approche de Rome, à subir les assauts de l'équipage Minoia-Morandi. Sentant la pression monter, l'équipage Brilli-Peri connut son premier et dernier ennui mécanique. Leur Alfa cassa sa boite à Spoleto et fut mise hors course.

La première course remporta un très grand succès auprès des pilotes et de la population de Brescia. La popularité de l'événement permit même la construction d'une nouvelle route.

Tazio Nuvolari en 1930 parti à 8h17 (N°817)
Tazio Nuvolari en 1930 parti à 8h17 (N°817) D.R.

En 1928, 3 Bugatti participèrent à l'épreuve dont l'une était conduite par Nuvolari . Après avoir fait un départ impressionnant, les 3 voitures françaises commencèrent à souffrir de l'infernal tracé pour lequel elles étaient peu adaptées. Une par une, elles abandonnèrent laissant la place à l'OM de Marzotti/Rosa qui franchit en vainqueur la ligne d'arrivée. L'année suivante, le même équipage remporta la course et ce n'est qu'en 1930 que Tuvolari s'imposa dans une épreuve privée, il est vrai, de son principal rival Achille Varzi.

Le tracé de la  course
Le tracé de la course D.R.

Les pilotes italiens dominèrent l'épreuve pendant de nombreuses années à de rares exceptions près. En 1929, par exemple, le crack boursier de Wall Street contraint Mercedes à se retirer de la compétition. Rudolf Carraciola au début d'une carrière prometteuse, dut ainsi participer "à titre privé" sur un modèle S SKL, Mercedes n'assurant que la partie assistance du pilote (en échange toutefois de la moitié de la prime d'arrivée!).

En face de lui l'équipe Alfa-Romeo forte de plus de 90 mécaniciens et de 17 zones d'assistance où étaient entreposées pièces de rechange et réserves de carburant. Alfred Neubauer, team manager de Caracciola estima alors sa position comparable à celle de Napoléon avant la bataille de Waterloo !

Il allait devoir se contenter, lui, d'un seul mécanicien, embarqué comme passager de la Mercedes.


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Caracciola l'emporta malgré tout et franchit en vainqueur, à 7h22 exactement, la ligne d'arrivée. Il était ainsi le premier étranger à remporter les Mille Miles. Il conserva ce "titre" jusqu'en 1955 car, dès l'année suivante, et pendant 25 ans, les pilotes italiens reprirent le commandement de la course.

En 1932, Borzacchini/Bignami gagne sur Alfa-Romeo devançant 6 autres équipages italiens.

En 1933, Nuvolari remporta l'épreuve et devint le premier pilote à avoir gagné deux fois. Le délire de la population de Brescia était alors à son comble et l'italien reçut dans la vieille cité un accueil digne d'un chef d'état.

Il fallu attendre 1939 pour que la course connaisse sa première tragédie. Le pilote d'une Lancia perdit le contrôle de son engin dans la traversée de Bologne et tua dix personnes dont sept enfants. A cause de cet accident, la course fut interdite en 1940. Aymo Maggi organisa néanmoins "le Grand Prix de Brescia" sur une portion réduite du parcours développent seulement 180 km. Cette course fut remportée par la BMW de l'équipage allemand Hanstein/Baumer.

On entra alors dans la période de guerre et ce n'est qu'en 1947 que les Mille Miles résuscitèrent de leurs cendres dans une Italie dévastée et vaincue. Biondetti s'imposa en 1947, 1948 et 1949. De leur côté, les constructeurs, sensibles à la popularité de cette manifestation qui a avait gardé toute son aura, commencèrent à imaginer de nouveaux plans de bataille. Ferrari qui venait de naître avait de grandes ambitions. Enzo Ferrari qui avait appris toutes les ficelles du métier au sein du team Alfa allait entreprendre son inexorable ascension et sa domination insolente sur l'épreuve. En 1951, il aligna au départ la fameuse 340 MM (Mille Miglia) une auto de 240 ch construite spécialement pour cette épreuve.

En 1952, Mercedes revint s'aligner dans la course italienne mais Caracciola ne put faire mieux que d'accéder à la quatrième place.


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En 1954, ce fut au tour d'Ascari d'amener à la victoire la première Lancia qu'il pilota sans interruption de bout en bout. L'année précédente, le grand Tuvolari avait trouvé la mort et le parcours modifié traversait désormais Mantua, sa ville natale, afin de lui rendre hommage.

1955 fut l'année Mercédes. Alfred Neubauer, à la tête du team allemand était venu pour gagner, emmenant avec lui des pilotes de renom aussi confirmés que Fangio, Karl Kling, Hans Herman et Stirling Moss.

Moss avait dessiné un plan du circuit de près de 5 m de long sur lequel était indiqués non seulement la route, les obstacles, les pièges à éviter mais aussi tout ce que la région comptait d'aides potentielles ( mécaniciens de villages, vendeurs d'essence, raccourcis...). Moss était persuadé que pour vaincre il fallait autant de stratégie et de préparation que de talent de pilotage. Moss partit le couteau entre les dents et fit, selon son propre aveu des pointes à près de 240 km/h ! Il passa ainsi si vite les deux premiers contrôles qu'il se retrouva au contrôle de l'Aguila avec seulement 18 secondes de retard sur Taruffi, parti largement avant lui. De l'Aguila à Rome la route devient plus large mais aussi de plus en plus encombrée d'un public en délire. Il menait maintenant la course en compagnie de Taruffi, Kling et

Fangio lancés à leurs trousses. Il rentra dans Rome au milieu d'un véritable "tunnel" de spectateurs... La légende des Mille Miles dit "qui arrive à Rome le premier ne sera pas à l'arrivée". Moss allait la faire mentir. Au volant d'une auto incroyablement fiable, il profitait d'une portion de parcours plus large et recouverte d'asphalte pour dépasser Taruffi qui, en bon italien, tentait au prix de zig-zags périlleux de lui interdire le passage.

La Mercedes de Moss était invincible et il franchit la ligne d'arrivée en vainqueur, pulvérisant le record de l'épreuve avec un temps total de parcours de 10 heures 7 minutes et 48 secondes, soit avec une moyenne supérieure de plus de 15 km/heure sur la meilleure jamais réalisée !

Moss revint aux Mille Miles en 1957 au volant d'une Maserati de 400 chevaux qui pouvait dépasser en pointe les 300 km/h. De son côté, Ferrari présentait deux autos de plus de 450 ch pilotées par Collins et Taruffi. Cette année-là, le duel attendu tourna court. Victime d'une stupide rupture de sa pédale de frein, Moss dut abandonner laissant le champ libre aux autos de la Scuderia.

La Mercedes de Moss
La Mercedes de Moss D.R.
Taruffi, vainqueur après 13 tentative des derniers Mille Miglia.
Taruffi, vainqueur après 13 tentative des derniers Mille Miglia. D.R.

La course se résuma en un bras de fer entre Collins et Taruffi qui tourna à l'avantage du dernier après l'abandon de Collins sur avarie de différentiel.

Malheureusement cette course fut la dernière. Après l'accident d'Alfonso de Portago qui se tua sur une sortie de route entrainant dans la mort son coéquipier et dix spectateurs, la course fut abandonnée.

Depuis, les Mille Miles sont devenus une épreuve routière réservées aux voitures de collection. Si son aspect sportif n'a plus de sens, sa popularité reste intacte. Pour Enzo Ferrari qui avait vécu 24 précédentes éditions, cette épreuve historique constitue " le plus beau musée du monde"

Les plus grands pilotes, (parfois "historiques" eux aussi !) comme John Surtees, Stirling Moss (encore lui!) Jacky Ickx, Clay Regazzoni ou Olivier Gendebien en 1993 viennent pour le plaisir, piloter sur ces routes immortelles les plus belles autos sorties des musées les plus prestigieux.

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Commentaires

avatar de storm 7
storm 7 a dit le 15-02-2021 à 14:47
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