Les 90 ans de Pininfarina
Stéphane Schlesinger le 12/10/2020
Peu de carrossiers peuvent se targuer d'une aura aussi fabuleuse que celle de Pininfarina. Rendue célèbre notamment pour ses collaborations avec Ferrari et Peugeot, la maison italienne a été fondée en mai 1930 par Battista Farina. Celui-ci, après avoir œuvré durant 25 ans dans l'entreprise de carrosserie de son frère Giovanni, fonde sa propre société, à Turin, la Carrozzerie Pinin Farina. D'où vient ce curieux mot, « pinin » ? D'un dialecte piémontais, où il signifie « petit ».
Battista se l'est rapidement vu attribuer en complément de son nom, car il ne mesurait qu'1,52 m... Loin d'en prendre ombrage, il l'a au contraire tourné à son profit, afin de se démarquer. Et ça ne l'a pas empêché de réaliser de grandes choses ! Car dès le départ, il a souhaité n'habiller que des voitures de luxe. Des Lancia, des Alfa Romeo, mais aussi des engins de course, une passion de Pinin Farina, dont l'autre frère deviendra champion du monde en Formule 1.
Juste après la seconde guerre mondiale, la maison turinoise dessine la Cisitalia 202, considérée comme la matrice de toutes les carrosseries modernes, à ailes intégrées, la ligne « ponton ». Puis tout s'accélère : en 1952, Ferrari entame une collaboration exclusive avec Pinin Farina, qui dessine juste après l'Alfa Romeo Giulietta Spider, lancée en 1954. C'est une auto importante car avec elle, le carrossier piémontais accède à une dimension industrielle : en effet, le Biscione a besoin de milliers d'exemplaires.
L'année suivante sort la Peugeot 403, elle aussi dessinée par Pinin Farina, qui travaillera avec le constructeur sochalien jusqu'en 2005. Puis en 1956, le concept Lancia Florida annonce non seulement la Flaminia mais aussi l'Austin Cambridge, la Fiat 1800 et la Peugeot 404, autant d'autos au style très similaire : on parle de photocopieuse Pinin Farina. Après avoir réimplanté sa firme dans le très moderne centre de Grugliasco en 1958, Battista, par décret du Président de la République Italienne, en 1961, se renomme Pininfarina et débute une décennie fabuleuse sous la direction de Sergio, brillant ingénieur, fils de Battista.
L'entreprise dessine une pléthore de modèles emblématiques qu'elle produit parfois, Austin 1100, Ferrari 275, Fiat 124 Spider, Alfa Romeo Duetto, Peugeot 504, Ferrari Daytona, et crée un département de R&D. Celui-ci produit des concepts, dont les 1100 et 1800 en 1968 qui déboucheront sur les Citroën GS, CX, la Rover SD1 et la Lancia Gamma, autant de jalons des années 70. En 1973, Pininfarina se dote d'une immense soufflerie permettant de tester des modèles à l'échelle Diversifiée, la carrosserie italienne est donc capable de dessiner, de concevoir et de fabriquer des voitures, d'ailleurs, elle commercialise sous son nom dès 1982 la 124 Spider, tout en assurant la fabrication de nombreux modèles : Peugeot 205 Cabriolet, Lancia Thema SW, Cadillac Allanté...
Les années 90 se poursuivent sur le même modèle, Pininfarina fabriquant le Coupé Fiat et la 406 Coupé notamment. En 2001, Andrea, le fils de Sergio, devient le PDG de Pininfarina. Il renforce l'activité de construction automobile : de ses chaînes tomberont notamment les Ford Focus CC, Mitsubishi Colt CZC, ainsi que les Alfa Romeo Brera et Spider, autant d'autos qui se vendront mal, mettant à mal les finances de la Carrozzeria. Pire, Andrea décède dans un accident de scooter en 2008, et s'ensuit une décennie terrible. Avec la crise, les constructeurs annulent leurs contrats de sous-traitance, contraignant le carrossier à fermer ses usines en 2011. La dernière Ferrari signée Pininfarina sort en 2012 (la F12) année où Sergio décède.
Enfin, en 2015, l'entreprise est rachetée par l'indien Mahindra. Ne subsiste alors plus qu'un studio de design généraliste (pas centré sur l'auto), mais depuis 2018, une nouvelle entité sise en Allemagne, Automobili Pininfarina, tente de revenir à la production automobile avec l'hypercar électrique Battista.
Voir le diaporama
Battista se l'est rapidement vu attribuer en complément de son nom, car il ne mesurait qu'1,52 m... Loin d'en prendre ombrage, il l'a au contraire tourné à son profit, afin de se démarquer. Et ça ne l'a pas empêché de réaliser de grandes choses ! Car dès le départ, il a souhaité n'habiller que des voitures de luxe. Des Lancia, des Alfa Romeo, mais aussi des engins de course, une passion de Pinin Farina, dont l'autre frère deviendra champion du monde en Formule 1.
Juste après la seconde guerre mondiale, la maison turinoise dessine la Cisitalia 202, considérée comme la matrice de toutes les carrosseries modernes, à ailes intégrées, la ligne « ponton ». Puis tout s'accélère : en 1952, Ferrari entame une collaboration exclusive avec Pinin Farina, qui dessine juste après l'Alfa Romeo Giulietta Spider, lancée en 1954. C'est une auto importante car avec elle, le carrossier piémontais accède à une dimension industrielle : en effet, le Biscione a besoin de milliers d'exemplaires.
L'année suivante sort la Peugeot 403, elle aussi dessinée par Pinin Farina, qui travaillera avec le constructeur sochalien jusqu'en 2005. Puis en 1956, le concept Lancia Florida annonce non seulement la Flaminia mais aussi l'Austin Cambridge, la Fiat 1800 et la Peugeot 404, autant d'autos au style très similaire : on parle de photocopieuse Pinin Farina. Après avoir réimplanté sa firme dans le très moderne centre de Grugliasco en 1958, Battista, par décret du Président de la République Italienne, en 1961, se renomme Pininfarina et débute une décennie fabuleuse sous la direction de Sergio, brillant ingénieur, fils de Battista.
L'entreprise dessine une pléthore de modèles emblématiques qu'elle produit parfois, Austin 1100, Ferrari 275, Fiat 124 Spider, Alfa Romeo Duetto, Peugeot 504, Ferrari Daytona, et crée un département de R&D. Celui-ci produit des concepts, dont les 1100 et 1800 en 1968 qui déboucheront sur les Citroën GS, CX, la Rover SD1 et la Lancia Gamma, autant de jalons des années 70. En 1973, Pininfarina se dote d'une immense soufflerie permettant de tester des modèles à l'échelle Diversifiée, la carrosserie italienne est donc capable de dessiner, de concevoir et de fabriquer des voitures, d'ailleurs, elle commercialise sous son nom dès 1982 la 124 Spider, tout en assurant la fabrication de nombreux modèles : Peugeot 205 Cabriolet, Lancia Thema SW, Cadillac Allanté...
Les années 90 se poursuivent sur le même modèle, Pininfarina fabriquant le Coupé Fiat et la 406 Coupé notamment. En 2001, Andrea, le fils de Sergio, devient le PDG de Pininfarina. Il renforce l'activité de construction automobile : de ses chaînes tomberont notamment les Ford Focus CC, Mitsubishi Colt CZC, ainsi que les Alfa Romeo Brera et Spider, autant d'autos qui se vendront mal, mettant à mal les finances de la Carrozzeria. Pire, Andrea décède dans un accident de scooter en 2008, et s'ensuit une décennie terrible. Avec la crise, les constructeurs annulent leurs contrats de sous-traitance, contraignant le carrossier à fermer ses usines en 2011. La dernière Ferrari signée Pininfarina sort en 2012 (la F12) année où Sergio décède.
Enfin, en 2015, l'entreprise est rachetée par l'indien Mahindra. Ne subsiste alors plus qu'un studio de design généraliste (pas centré sur l'auto), mais depuis 2018, une nouvelle entité sise en Allemagne, Automobili Pininfarina, tente de revenir à la production automobile avec l'hypercar électrique Battista.