Histoire : Les 1000 Kilomètres de Buenos-Aires

Les 1000 Kilomètres de Buenos-Aires fut une épreuve internationale de vitesse comptant pour le Championnat du Monde des marques. Elle disparut du calendrier en 1974.

Créée en 1954, cette course a été retirée du calendrier sportif en 1959, de 1961 à 1969 et n'a pu avoir lieu non plus en 1973 et 1974. A partir de 1970, elle se déroula sur le plus long parcours de l'autodrome de Buenos Aires.

Auparavant, à l'exception de l'édition de 1957, elle empruntait une piste plus courte (celle du Grand Prix d'Argentine), prolongée par une portion de route hors circuit, le long de l'avenue du général Paz. En 1957, l'épreuve fut disputée sur l'avenue Costanera qui, reliée par deux anneaux à ses extrémités, formait un parcours long de 10,219 km.

Jusqu'en 1972, les Mille Kilomètres de Buenos Aires eurent lieu au mois de janvier (c'est-à-dire en plein été), sous une chaleur le plus souvent accablante. A partir de cette date, les organisateurs décidèrent de reporter la course au mois d'octobre, époque où règnent des températures plus clémentes.

Outre les nombreux pilotes célèbres qui vinrent participer à la première édition des Mille Kilomètres de Buenos Aires, et parmi lesquels se trouvaient Farina, Rosier, Trintignant et Behra, on nota la présence de jeunes coureurs au talent prometteur, tels Musso, de Portago, Schell, Maglioli et, surtout, Jackie Stewart, qui allait, au cours de l'épreuve, écraser sa Jaguar contre un pont. Les deux vainqueurs de la course furent Farina et Maglioli, sur une Ferrari 375 de 4 522 cm3 à douze cylindres. Derrière eux, se trouvait la Ferrari Europe de 3 000 cm3 de Schell et de Portago.

En 1955, Ferrari remporta de nouveau l'épreuve avec un équipage composé des Argentins Valiente et Ibalez. Les nouvelles Ferrari officielles de 3 750 cm3, qui avaient été confiées à Gonzalez et à Trintignant, d'une part, à Maglioli et Bucci, d'autre part, furent tour à tour disqualifiées : Gonzalez, ayant eu des ennuis de pompe électrique, avait regagné son box en coupant la piste au lieu d'effectuer un tour complet, tandis que Bucci, victime de la même panne, avait reçu l'aide de plusieurs spectateurs pour pousser sa voiture jusqu'à son stand.

Lors de l'épreuve de 1956, les Ferrari officielles de 4 961 cm3 furent pilotées par les équipages Fangio-Castellotti et Musso-Collins. Mais, alors que la course semblait tourner à l'avantage des voitures italiennes, celles-ci furent soudainement mises hors compétition. Castellotti, en heurtant un chien, provoqua d'importants dommages à sa voiture et dut s'arrêter longuement à son box, tandis que Collins et Musso étaient victimes d'une panne mécanique. La victoire revint donc à la Maserati de Moss et de Menditeguy, suivis de Gendebien et de P. Hill, sur Ferrari, puis de Gonzalez et de Behra, sur Maserati.

La course de 1957 se déroula sur l'avenue Costanera devant un public fort nombreux. La nouvelle Ferrari de 3500 cm3 à douze cylindres pilotée par Musso, Castellotti et Gregory sortit victorieuse du duel qui l'opposa, dés le début de l'épreuve, à la Maserati 3000 de Behra, Menditeguy et Moss (auteur d'une course particulièrement éblouissante).

La troisième place fut enlevée par de Portago, Von Trips et Collins, sur Ferrari, Fangio, auquel on avait confié la Maserati à huit cylindres en V de 4 500 cm3, fut victime d'une panne d'embrayage et ne put terminer l'épreuve. Quant à la petite OSCA 1500, conduite par l'Argentin De Tomaso et l'Américaine Isabella Haskell, elle se distingua en remportant la victoire dans la catégorie allant jusqu'à 1 500 cm3.

Comme les Mille Kilomètres constituaient à cette époque la première manche du Championnat du Monde des marques, ils servaient de terrain d'essai aux nouvelles voitures et permettaient aux constructeurs d'effectuer leurs dernières mises au point.

L'expérience fut concluante pour les deux Ferrari 3000 Testa Rossa à douze cylindres qui participèrent à l'édition de 1958 sur l'autodrome de Buenos Aires, puisqu'elles furent conduites à la victoire par Collins-P. Hill (premiers) et par Musso-Von Trips-Gendebien (deuxièmes). La Porsche de Moss et de Behra se classa troisième.

L'épreuve fut hélas fatale à l'Argentin Magnasco - un de ces nombreux pilotes locaux qui, malgré leur inexpérience, avaient été admis à participer à cette compétition de haut niveau, constituant à la fois un danger pour eux-mêmes et pour les autres concurrents.

En 1960, les Ferrari 3000 à douze cylindres s'alignèrent aux côtés des Porsche 1500 et de la nouvelle Maserati à quatre cylindres de l'écurie américaine Camoradi. Cette voiture, conduite par Dan Gurney, était surnommée Birdcage (cage à oiseau) à cause de son petit châssis tubulaire.

Dès le second tour, elle fut en tête de l'épreuve, mais à mi-course, un ennui de boite de vitesses contraignit son pilote à l'abandon. La voie étant désormais libre, les Ferrari de P. Hill-Allison et de Von Trips- Ginther purent enlever respectivement la première et la deuxième place devant Narberis et Heins, sur Maserati.

En catégorie Grand Tourisme, ce fut la Ferrari GT 3000 de Munaron-Todaro qui l'emporta devant la Porsche Carrera 1500 de von Hanstein- Bohneu. Après dix années d'interruption, les Mille Kilomètres de Buenos Aires furent de nouveau organisés en 1970 sur le nouvel autodrome de la ville.

L'épreuve, qui ne comptait pas pour le Championnat du Monde des marques, était ouverte aux voitures des catégories Sport et Sport-Prototype. Les principaux équipages en lutte étaient de Adamich-Courage et Galli-Stommelen, sur Alfa Romeo 33-3, Montagnani- Williams, sur Serenissima et Redman-Piper, sur Porsche 917, lesquels, après avoir longtemps mené la course furent contraints à l'abandon, laissant la victoire à la Matra 650 de Beltoise et de Pescarolo.

L'édition de 1971 fut endeuillée par le dramatique accident d'lgnazio Giunti, en tête de la course lorsque sa Ferrari heurta la Matra de Beltoise, tombée en panne au milieu de la piste. La victoire revint finalement à Siffert et à Bell sur Porsche 917, suivis de Rodriguez et Oliver, également sur Porsche. Coïncidence tragique : Siffert et Rodriguez périrent aussi brûlés dans leur voiture à quelques mois d'intervalle.

En 1972, les Ferrari 312 P dominèrent incontestablement l'épreuve, enlevant les deux premières places, grâce à Peterson- Schenken et à Regazzoni-Redman. A la troisième place, on trouvait l'Alfa Romeo 33.3 d'Alberti et de Facetti.

Inscrits au début des années 1973 et 1974 au Championnat du monde des marques, les Mille Kilomètres de Buenos Aires furent finalement retirés du calendrier international faute d'un nombre d'engagements suffisants.