La Carrosserie Ghia

Avec Giugiaro, Touring, Pininfarina et Bertone, Ghia est l’autre grand de la carrosserie italienne. C’est aussi l’une des plus anciennes maisons de la péninsule.

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Histoire : Les Ghia d’Alessandro de Tomaso

Gilles Bonnafous le 23/03/2005

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Avec la disparition soudaine de Luigi Segre en février 1963, la carrosserie Ghia ne perd pas seulement son propriétaire. Elle se retrouve orpheline de celui qui en a été l’inspirateur et l’animateur. La firme va alors traverser une période de grande confusion. Giacomo Gaspardo Moro, l’un des collaborateurs de Segre, tente de préserver l’avenir de l’entreprise avant qu’elle ne soit cédée à la famille du dictateur dominicain Trujillo… Une surprenante transaction et un singulier acquéreur qui ne s’intéressera jamais à l’entreprise.

Bugatti 101 C, 1965
Bugatti 101 C, 1965 D.R.
Duesenberg, 1966
Duesenberg, 1966 D.R.

Pendant plusieurs années, Ghia va connaître une période de flottement. Le contrat avec Chrysler, essentiel à l’activité de la carrosserie dans la période écoulée, ne sera pas reconduit — Virgil Exner a quitté Chrysler en 1961. Avec l’appui de Lamborghini, Gaspardo Moro se rapproche du constructeur italo-argentin Alessandro de Tomaso, alors à ses débuts dans l’automobile. La situation évolue favorablement avec l’arrivée en 1965 d’un jeune chef styliste, un certain Giorgietto Giugiaro…

Demeuré fidèle à Ghia, Virgil Exner, qui est devenu styliste indépendant, confie à la firme la réalisation de plusieurs de ses créations : la Bugatti 101 C construite en 1965 sur un authentique châssis huit cylindres de Type 101, et l’année suivante, une Duesenberg, brève tentative de ressusciter la prestigieuse marque américaine des années trente. Ghia en construira une cinquantaine d’exemplaires.

Giugiaro met en musique les idées d’Alessandro de Tomaso, dont le rôle est devenu prépondérant. Pour Ford et Shelby, ce dernier souhaite construire la Cobra. Mais ce sera un échec. Faute de Cobra, le bouillant Italo-argentin sort la Mangusta (la mangouste, ennemie mortelle du cobra…), la plus belle de Tomaso et l’une des créations majeures de Giugiaro. C’est la grande époque de l’artiste transalpin, auteur successivement du cabriolet Pampero, de l’Oldsmobile Thor sur base de Toronado et surtout de la Maserati Ghibli, le chef-d’œuvre de Giugiaro dont le succès commercial garantira la survie de Ghia pour plusieurs années.

De Tomaso Mangusta
De Tomaso Mangusta D.R.
Oldsmobile Thor
Oldsmobile Thor D.R.

En 1967, de Tomaso prend le contrôle de Ghia grâce aux capitaux de Rowan, une entreprise américaine de matériel électrique dirigée par la famille du constructeur. Giorgietto Giugiaro poursuit son œuvre, signant une série de voitures originales : la Maserati Simoun, un prototype sans suite, l’Iso-Rivolta Fidia S4, la berline Checker et la Serenissima du comte Volpi. Il réalise également des projets de véhicules particuliers, la petite voiture urbaine électrique Rowan, ainsi que la Sno Ghia, un scooter des neiges motorisé par un 500 cm3 de Guzzi, autre marque appartenant à de Tomaso.

Parti fonder Italdesign en 1968, Giorgietto Giugiaro est remplacé par Tom Tjaarda, de retour chez Ghia après l’avoir quitté en 1961 suite à un désaccord avec Luigi Segre. La première tâche du designer sera de transformer la Mangusta pour le compte de Ford afin de concurrencer Ferrari. En effet, furieux de la volte-face du Commendatore qui consacre l’échec de la tentative de Dearborn pour prendre le contrôle du Cavallino, Dearborn a décidé de s’attaquer à Maranello. Ainsi va naître la de Tomaso Pantera.

Iso-Rivolta Fidia S4
Iso-Rivolta Fidia S4 D.R.
Prototype Maserati Simoun
Prototype Maserati Simoun D.R.

Maserati Ghibli
Maserati Ghibli D.R.

Afin d’assurer le développement du projet Pantera, Alessandro de Tomaso achète, grâce aux subsides de Ford, la carrosserie Vignale à la fin de 1969. Quelques jours plus tard, au volant de sa Maserati, Alfredo Vignale perdra la vie en s’écrasant contre un arbre dans une artère de Turin… Expédié aux Etats-Unis, le prototype de la Pantera déçoit. Si la ligne très réussie fait l’unanimité, de graves défauts en affectent aussi bien la mécanique que la carrosserie. Les choses rentreront dans l’ordre avec l’intervention de Guerino Bertocchi.

De Tomaso Pantera
De Tomaso Pantera D.R.
Zonda
Zonda D.R.

Outre la Pantera, qui connaîtra un grand succès, l’ambitieux programme de Tomaso prévoit la Zonda, un puissant coupé à moteur Ford 5,7 litres dont la ligne trahit l’influence de la Ghibli (c’est peu dire !) et présenté au salon de Genève 1971, ainsi que la berline de luxe Deauville et le prestigieux coupé Longchamp destiné au marché américain, tous modèles équipés de V8 Ford et dessinés par Tom Tjaarda. Il faut encore ajouter une voiture multifonctions, la Como, et des véhicules de loisirs, dont la Sno Ghia exhumée des cartons de Giugiaro. Une activité foisonnante et assez dispersée.

Dans le but de calmer les initiatives d’Alessandro de Tomaso et de rentabiliser l’entreprise, l’idée germe à Dearborn de transformer Ghia en centre de style pour les Ford européennes. Tom Tjaarda dessinera une petite voiture sur la base d’un prototype construit sur une plate-forme de Fiat 127. Premières esquisses de celle qui deviendra la Ford Fiesta… En janvier 1973, le géant de Detroit reprendra la carrosserie Ghia et en fera son laboratoire de recherche stylistique.

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