La Carrosserie Ghia
Avec Giugiaro, Touring, Pininfarina et Bertone, Ghia est l’autre grand de la carrosserie italienne. C’est aussi l’une des plus anciennes maisons de la péninsule.
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GHIA 1500 GT
Gilles Bonnafous le 29/03/2005
A la différence de Pinin Farina, Bertone et Touring, qui ont beaucoup travaillé pour Ferrari, Maserati, Alfa Romeo et Lancia, la collaboration de Ghia avec les constructeurs italiens s’est avérée, en dehors de quelques prototypes sans lendemain, très limitée. A partir de la Ghibli, Ghia aurait souhaité développer un partenariat privilégié avec Maserati sur le modèle de la complicité nouée entre Ferrari et Pinin Farina. Mais la marque au trident ne l’entendit pas ainsi.
Ghia 1500 GT G.Bonnafous
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Les liens fort anciens tissés avec Fiat constituent la seule exception, mais ils n’ont débouché que sur la réalisation en série d’une seule voiture, le coupé 2300 S. Toutefois, il convient d’ajouter à ce partenariat une création originale, la Ghia 1500 GT. Avec cette dernière, l’idée de Ghia est de créer une petite GT sportive et économique en utilisant la mécanique d’un modèle de série de gamme moyenne. Il s’agit en l’occurrence du quatre cylindres Fiat de 1,5 litre monté sur la berline et le cabriolet de Turin.
Contrairement à la Volkswagen Karmann-Ghia, l’intervention de Ghia sur la 1500 GT ne se limitera pas à la carrosserie, mais concernera également le châssis. Pour ce dernier, Ghia s’adresse à GIL.CO, l’atelier milanais de l’ingénieur Gilberto Colombo spécialisé dans les châssis tubulaires. GIL.CO a réalisé les châssis de nombreuses GT et voitures de course italiennes (Ferrari, Maserati, Stanguellini). Pour la 1500 GT, Gilberto Colombo recule la position du moteur afin de répartir les masses vers le centre de la voiture.
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Cette disposition permet à Sergio Sartorelli, responsable du style Ghia de 1960 à 1963, de dessiner une ligne fuyante. Avec son long capot, la berlinette à la ligne très séduisante jouit d’une allure des plus sportive. Le jeune designer Filippo Sapino, entré chez Ghia en 1960 à l’age de vingt ans, a apporté sa contribution au fastback court et plongeant. Sergio Sartorelli s’est inspiré de quelques idées de Virgil Exner, notamment l’encadrement de la calandre, qui forme une bouche soulignée d’un épais bandeau chromé et fait office de pare-chocs. Déjà retenue sur la Chrysler St-Regis, dessinée par Sartorelli, cette formule dérive des asymétriques d’Exner.
Contrairement au coupé 2300 S intégré à la gamme Fiat, la Ghia 1500 GT est commercialisée par la carrosserie elle-même — en France, elle est diffusée par France Motors. Elle connaîtra un joli succès avec 1500 exemplaires construits.
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La réussite de la Ghia 1500 GT amène Luigi Segre et les responsables de la carrosserie à projeter la même opération avec la Fiat 2300 S. Equipée d’un châssis GIL.CO, la nouvelle voiture, dont l’empattement a été réduit de 21 centimètres par rapport à la 2300 S, hérite de dimensions nettement plus modestes. Ainsi naît la G 230, présentée sur le stand Ghia du salon de Turin 1964. La voiture est proposée à Fiat de poursuivre la production en petite série de la 2300 S dans cette nouvelle version.
G 230 D.R.
Hélas, les dirigeants de Fiat annoncent leur désintérêt pour le projet. Grosse déception pour Giacomo Gaspardo Moro, le nouveau directeur de Ghia après la disparition de Segre… Moro frappe alors à de nombreuses portes pour placer son prototype. Ce sera encore Chrysler qui sauvera le projet. Les Américains posent toutefois une condition, que cette luxueuse voiture, destinée aux riches Californiens, devienne un cabriolet. Suite au départ de Sartorelli, c’est Giorgietto Giugiaro qui effectuera la transformation.
Motorisée par le V8 Chrysler de 273 c.i. (4474 cm3), la 450 S est équipée de fauteuils en cuir dessinés par Sergio Sartorelli, dont les trois parties du dossier sont réglables. Une cinquantaine d’exemplaires seront construits de cette superbe voiture.
450 S D.R.
450 S avec hard top D.R.