Bugatti : 110 ans de passion
Stéphane Schlesinger le 16/10/2019
Né à Milan en 1881, Ettore Bugatti se passionne très tôt pour la mécanique. Sans avoir aucun diplôme d'ingénieur, il devient un inventeur de génie, déposant des centaines de brevets, et travaille pour plusieurs fabricants d'automobiles comme De Dietrich et Deutz pour lesquels il conçoit plusieurs voitures. Puis entre 1907 et 1909, il développe la Type 10 « Pur sang », sur ses fonds propres. Une auto ultralégère et mécaniquement très évoluée (moteur à arbre à cames en tête), avant de s'installer à son compte en 1909 à Molsheim, ville alsacienne alors située côté allemand. La première vraie Bugatti sera la Type 13, sortie en 1910. Inspirée de la 10, elle se signale par sa grande légèreté, son moteur petit mais sophistiqué et ses qualités routières de premier plan. Elle pose les bases de la marque et rencontre un vrai succès au salon de Paris, mais aussi en course. C'est le début d'une saga incroyable, dans laquelle la compétition jouera un rôle fondamental. La Type 35, présentée en 1924, se forgera d'ailleurs un palmarès ahurissant (plus de 2 000 victoires). « Rien n'est trop beau, rien n'est trop cher », disait Ettore, surnommé le Patron, et en 1927, avec son fils Jean, lui aussi un ingénieur brillant, ils conçoivent la Type 41 Royale, destinée aux grands de ce monde. Horriblement chère, c'est un échec commercial cuisant, et pour amortir son développement coûteux, Ettore parvient à vendre son énorme 8-cylindres en ligne de 12,7 l à l'Etat qui s'en servira pour animer un train rapide, l'Autorail. Au début des années 30, Jean prend les rênes de la firme et tente d'en moderniser les productions, entrant parfois en conflit avec son père. Celui-ci, féru de courses hippiques, tenait par exemple à la calandre en fer en à cheval, que son fils voulait rendre aérodynamique. Jean n'a pu non plus renoncer à l'essieu avant rigide, certes une très belle pièce forgée, au profit de roues indépendantes. Malgré tout, la fabuleuse 57, présentée en 1933 et dont il a dirigé la conception, rencontre un grand succès. Mais, Jean se tue en 1939 en testant un modèle de course, puis la guerre éclate. Après le conflit mondial, la marque ne parvient pas à repartir. Ettore meurt en 1947, sans que l'avant-gardiste Type 64 ne soit finalisée. La 57 donne lieu à la 101, complètement dépassée, alors que la prometteuse 251 de course (moteur central) ne sera jamais au point. Rachetée par la firme aéronautique Hispano-Suiza, Bugatti ferme ses portes en 1963, après avoir produit 8 000 voitures environ. En 1987, l'industriel Romano Artioli rachète le blason et fait développer une incroyable supercar qui a droit à une usine toute neuve : l'EB110, présentée en 1991, pour les 110 ans d'Ettore, d'où son nom. Coque carbone, 4 roues motrices, moteur V12 à 4 turbos, c'est une immense réussite technique et la voiture la plus rapide du monde. Mais c'est un échec commercial, et Bugatti disparaît à nouveau. Sous l'impulsion de Ferdinand Piëch, le Groupe VW rachète Bugatti en 1998, puis débute l'élaboration - laborieuse - de la Veyron, présentée en 2005. Monstre technologique, c'est une héritière de l'EB110 qui concilie l'inconciliable : rouler à plus de 400 km/h tout en restant aussi facile à conduire qu'une Polo ! Lui succède la Chiron en 2016, de laquelle dériveront plusieurs modèles tous plus exclusifs les uns que les autres : les Divo, La Voiture Noire et Centodieci. L'aventure continue brillamment !
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