Alpine Berlinette A110
Si certains chef-d’œuvres naissent du jaillissement fulgurant d’un trait de génie, d’autres sont le fruit d’un zèle perfectionniste.
sommaire :
Histoire : L'Alpine A 110 en compétition
Gilles Bonnafous le 29/11/2005
La première victoire de la berlinette Alpine intervient en 1963 au rallye des Lions. Elle est pilotée par José Rosinski. Il faudra de longues années d’enthousiasme et de labeur avant de toucher au but, le titre mondial des rallyes. Avant d’en arriver là, l’A 110 va cueillir de nombreux lauriers. Le premier grand cru est 1966, où Jean-Pierre Hanrioud remporte le Neige et Glace et Lyon-Charbonnières, tandis que Lucien Bianchi s’impose au rallye du Mont-Blanc et Jean Vinatier au Critérium des Cévennes.
Rallye ACO 1965 Renault Communication / Droits Réservés
Critérium des Cévennes 1966 Renault Communication / Droits Réservés
La saison 1967 apparaît comme une période charnière. Alors que, devenues Alpine-Renault, les voitures de Dieppe arborent le losange de la Régie, de nouveaux pilotes usine prennent les commandes de la berlinette : Gérard Larousse, Jean-Claude Andruet associé à Jean Todt et Jean-Pierre Nicolas, auxquels se joignent des privés comme Bernard Darniche et Fiorentino. Gérard Larousse s’impose dans huit épreuves et prend la deuxième place du championnat de France des rallyes derrière Bernard Consten. A partir de la fin de l’année, Alpine se voit confier le soin de gérer le budget compétition de Renault et Jacques Cheinisse prend le poste de directeur du service courses. Amédée Gordini est responsable du développement et de l’expérimentation, tandis que le non moins sorcier Marc Mignotet est chargé d’adapter les moteurs Renault de série à la compétition.
Parmi les victoires glanées en 1968, on ne citera que celle de Jean-Claude Andruet au Lyon-Charbonnières, rallye au cours duquel Jean-Luc Thérier fait des débuts remarqués. Andruet est sacré champion de France des rallyes avec quatre succès à son palmarès. L’année suivante, c’est Jean Vinatier qui s’adjugera le titre national.
Gérard Larousse au Critérium des Cevennes 1967 Renault Communication / Droits Réservés
Tour de Corse 1969 Renault Communication / Droits Réservés
En 1970, Alpine abandonne l’endurance et la Formule 3 pour se consacrer exclusivement aux épreuves routières. Homologuée en Groupe 4, la 1600 S, dotée d’une mécanique dérivée de la Renault 16, devient l’arme pour venir à bout des Porsche, Lancia et Ford. Après un début de saison catastrophique au Monte-Carlo, la berlinette fait une vraie moisson de succès. Thérier s’impose à l’Acropole et au San Remo, Darniche gagne toutes les épreuves spéciales du Tour de Corse et Andruet remporte le titre de champion d’Europe.
Rallye Lyon Charbonnières 1970 Renault Communication / Droits Réservés
Rallye Monte Carlo 1971 Renault Communication / Droits Réservés
La saison 1972 se révèle moins heureuse par la faute de casses à répétition de la boîte de vitesses, mal adaptée au nouveau moteur de 1800 cm3 trop puissant (170 ch) pour sa pignonnerie. Le remède ne viendra que tard dans la saison. Alpine fait alors main basse sur le Tour de Corse remporté par Andruet et Biche devant la CG de Fiorentino et quatre berlinettes. Quant à Jean-Luc Thérier, il parvient à remporter le Critérium des Cévennes au volant d’une 1600 S turbocompressée de 200 ch préparée par Bernard Dudot et Marc Mignotet. Un exploit compte tenu du temps de réponse considérable du turbo (plusieurs secondes). On assiste là aux débuts de la technologie turbo chez Renault, dont on sait quel sera l’avenir.
Rallye Monte Carlo 1971 Renault Communication / Droits Réservés
Andruet au Tour de Corse 1972 Renault Communication / Droits Réservés
Rallye de Monte Carlo 1973 - Andruet/Biche Renault Communication / Droits Réservés
Rallye de Monte Carlo 1973 - J.P. Nicolas en course Renault Communication / Droits Réservés
A la fin de 1972, Renault prend la majorité des parts d’Alpine. Avec la 1800, bientôt homologuée en Groupe 4, Dieppe possède désormais l’arme absolue pour s’emparer du championnat du monde nouvellement créé par la FIA. La saison 1973 débute par un triomphe au Monte-Carlo, où la berlinette truste les trois places (victoire d’Andruet avant qu’il ne parte chez Lancia). La fête continue au Portugal, en Italie, en Grèce et au Maroc. La concurrence se voit contrainte à des rôles de figuration. Au terme du Tour de Corse, où Alpine monopolise le podium (victoire de Nicolas), la marque obtient le titre suprême des rallyes (avec 155 points contre 89 à Fiat et 76 à Ford).
La suite sera moins joyeuse. Renault va délaisser les rallyes au profit des sports prototypes et 1974 sera une année morose. La berlinette tirera ses dernières cartouches l’année suivante avant de prendre sa retraite au terme d’une carrière des plus glorieuses.
Renault Communication / Droits Réservés
Rallye du Portugal 1973 Renault Communication / Droits Réservés