40 ans de victoires en turbo pour Renault
Stéphane Schlesinger le 02/08/2019
Si Louis Renault dépose dès 1902 un brevet sur le principe de la suralimentation d'un moteur, c'est un Suisse, Alfred Büchi qui enregistre celui du turbocompresseur. Il s'agit, en gros, d'un compresseur d'air animé par une turbine actionnée par les gaz d'échappement. Ce système a vite trouvé des applications en aéronautique, l'automobile n'en bénéficiant que bien plus tard. Initialement, pas par la grâce de Renault mais bien General Motors, qui présente deux modèles à quelques semaines d'intervalle en 1962 : l'Oldsmobile F-85 Jetfire et la Chevrolet Corvair Monza Spyder. En Europe, BMW ouvre les hostilités en 1973 avec sa 2002 Turbo, suivie en 1974 de la Porsche 911 Turbo puis de la Saab 99 Turbo en 1977. Renault présente l'année suivant le prototype de la R5 Turbo, qui arrivera en série en janvier 1980, quelques mois avant la R18 Turbo. Progressivement, durant les années 80, toute la gamme routière de Renault, à l'exception de la 4L et de l'Express, bénéficiera d'au moins une version Turbo. Pourquoi ? Pour exploiter les retombées des succès en course. Billancourt y vient en 1972, sous l'impulsion de Jean Terramorsi, chef de Renault-Gordini, qui travaille main dans la main avec l'ingénieur Bernard Dudot. Ils développent une Alpine A110 turbo qui, confiée à l'exceptionnel pilote Jean-Luc Thérier, qui vient de nous quitter, remporte le Critérium des Cévennes. Ensuite, la Régie s'aventure sur les circuits et remporte les 24 Heures du Mans 1978. Parallèlement, elle décide de s'attaquer à la catégorie-reine : la Formule 1, dès 1977. Enchainant les casses moteur synonymes de fumées blanches, la RS01 est surnommée « yellow tea pot » (la théière jaune) par la concurrence anglaise, goguenarde. Mais à force de travail et de volonté, la sauce prend, et Jabouille remporte le Grand-Prix de France à Dijon en 1979. Ensuite, le turbo deviendra la norme en F1, avant d'être abandonné en 1989. Au total, Renault remportera 19 autres victoires, frôlant avec Alain Prost le titre mondial en 1983. Présent sur tous les fronts, le constructeur engrange aussi de belles victoires en rallye, avec la R5 Turbo, mais aussi la R11 et la Super 5. 40 ans donc que le Losange a remporté son 1er Grand-Prix de F1, l'occasion d'organiser à une petite rétrospective sur le circuit de la Ferté-Gaucher, où nous avons été conviés.
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