Viper, de la route à la piste
Viper : un nom évocateur pour une sportive de folie. Dodge qui a lancé ce "reptile" en 1992 sur le marché des roadsters l’a voulu brutale, sans concession et inaccessible avec son V10 de 8 litres et 400 chevaux.
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DODGE Viper SRT-10
Jean-François Destin le 19/10/2005
Exclusive, sauvage et redoutable lorsque sa cavalerie se déchaîne, la Dodge Viper SRT-10 n’est envisageable que si l’on possède déjà dans le garage des modèles plus civilisés.
Viper : un nom évocateur pour une sportive de folie. Dodge qui a lancé ce « reptile » en 1992 sur le marché des roadsters l’a voulu brutale, sans concession et inaccessible avec son V10 de 8 litres et 400 chevaux. Bob Lutz, le Président de Chrysler et instigateur du projet la voyait comme une réincarnation de la fameuse A.C Cobra 7 litres des années 60.
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Treize ans plus tard, la Dodge Viper fascine toujours et fait trembler d’effroi celui qui s’installe derrière son volant. Dans sa livrée plus aérodynamique de troisième génération, la Dodge Viper SRT-10 commercialisée depuis peu en France propose désormais 500 chevaux et un couple de dragster de 712 Nm. De quoi déraciner un arbre ou sortir un camion du fossé. Pour respecter la philosophie de départ, la Dodge Viper SRT-10 n’a cédé à aucune technologie moderne inutile.
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A part l’ABS et un autobloquant, aucun filet électronique ne rattrapera le pilote impulsif. Côté confort, rien à attendre de la suspension, d’un air conditionné incapable d’atténuer les bouffées de chaleur dégagées par le V10 ou d’un autoradio couvert par le bourdonnement des échappements latéraux. Sauvage, toujours prête à profiter de la moindre aspérité du bitume pour faire un écart et presque ingérable sous la pluie, la Dodge Viper SRT-10 exige aussi une condition physique au top. Ne serait-ce qu’à cause des à-coups dans le volant ou d’une commande de boite récalcitrante. Sans parler de la poigne d’acier nécessaire au verrouillage de la capote. Inadaptée à un usage au quotidien (contrairement à la Corvette C6), la Dodge Viper SRT-10 procure des sensations uniques et fait frissonner les passants. On sort d’un tel essai exténué, fourbu, ivre de fatigue mais comblé !
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La magie teintée d’appréhension commence par une impulsion sur le bouton « start ». Un grondement sourd atteste du réveil du fauve. Commence alors la séance de body building avec l’enclenchement de la première. Curieusement, la résistance de la pédale d’embrayage reste convenable. Autres premières déceptions : un rayon de braquage des plus longs et un gabarit encombrant qui pousse à vite quitter la ville. La boite tire long et avant de gagner la province, on reste sur les trois quatre premiers rapports, le V10 tournant presque au ralenti.
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Périphérique, autoroute dégagée, il est tentant de taquiner le moteur. Les 500 chevaux relèvent alors la tête et vous propulsent en avant sans ménagement au point que l’on serre le volant en surveillant le compteur. Déjà 200, ce n’est pas raisonnable d’autant que la 6ème n’est pas encore enclenchée. Arrivé au péage où il faut tenir compte des 1.91m de large de la voiture, le pare brise se transforme en mirage tant la chaleur dégagée par le capot perturbe l’image de la route. Une chaleur qui gagne aussi l’habitacle. L’instabilité du ralenti du V10 et ses bruits de crécelle commandent de repartir sans tarder pour aller s’égarer sur une départementale tranquille. Une dernière vérification avant cela : en 6ème à 80 km/h et 1200 tours, le moteur reprend bien sans broncher attestant d’une souplesse phénoménale.
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Mais c’est à l’attaque que la Dodge Viper SRT-10 paraît dans son élément débridé. Sensible au revêtement notamment à cause des pneus à flancs ultra bas, elle nécessite de constantes corrections pour rester en ligne. En virage, la limite de décrochage du train arrière ne sera pas atteinte en soignant sa trajectoire et en évitant d’accélérer fort les roues braquées. Il est donc possible de rouler vite sans craindre à tout moment de se retrouver à l’équerre. Une figure à proscrire vu le prix de la bête !
La tension nerveuse, la position de conduite inconfortable, la suspension ferme et surtout les fréquences de bourdonnement du moteur parfois insupportables rendent les longues étapes épuisantes. Longues étapes si l’on peut dire car au rythme où se vide le réservoir, il est quasi impossible d’abattre 400 kilomètres d’une seule traite.
Pour vivre une telle aventure, il vous en coûtera 110.000 €.