Peugeot 407 Elixir
Face au déferlement des nouveautés allemandes majeures, les constructeurs français n'ont pas fait profil bas lors de l'édition 2003 du Salon de Francfort. Peugeot a tenu la vedette avec un Elixir que les visiteurs ont dégusté lentement pour en discerner tous les ingrédients.
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Interview de Gérard Welter
Jean-François Destin le 04/11/2003
Dévoilé dès le 13 septembre 2003 en première mondiale au Salon de Francfort, Elixir préfigure à peu de détails près le futur coupé 407. Pour Gérard Welter, patron du design Peugeot, le concept-car fait désormais partie intégrante de la culture de l'entreprise et constitue aussi une certaine vision du futur. Il répond en exclusivité à nos questions sur la genèse d'Elixir et l'évolution du design automobile.
Motorlegend : Quelle est la vocation d'un concept-car ?
Gérard Welter : Elle est multiple. Un concept-car peut avoir une vocation technique. Dans ce cas l'habillage est là pour faire parler de la technique comme ce fut le cas à plusieurs reprises chez Peugeot avec le Hoggar, les City Toyz ou la H2O. On peut aussi concevoir un " dream-car ", l'expression d'un pur rêve de styliste destiné à générer une forte charge émotionnelle au travers de lignes sublimes. Un concept-car permet aussi de tester le public et nos clients pour confirmer les orientations que nous prenons.
Enfin et cela vous surprendra peut-être, une étude quelle qu'elle soit, a également pour but de motiver nos stylistes. Tous ont des projets en tête. Ils ne demandent qu'à les exécuter. Mais leur travail quotidien consiste avant tout à faire évoluer les modèles de série. C'est une mission laborieuse. Engager l'étude d'un concept-car permet d'œuvrer sans contraintes et de s'offrir un plaisir immédiat. C'est ce plaisir qui entretient et augmente la motivation de nos artistes.
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Motorlegend : Oeuvrer sans contraintes signifie que vous oubliez toute notion économique ?
G W : Oui, car dans notre métier, le principal verrou est le coût. Malgré tout, on ne fait pas n'importe quoi. Certaines idées demandent à être validées par des études pour confirmer leur réalisme. Le Hoggar récemment présenté en est un bon exemple. Il avait pour but de démontrer que l'électronique pourrait piloter le fonctionnement de deux moteurs. Une bonne vision du futur démontrant aussi que Peugeot n'est pas en retard par rapport à ses concurrents.
Motorlegend : Pour en venir à Elixir, quel est l'intérêt de montrer un concept-car très proche de la voiture de série qui sera commercialisée quelques mois plus tard ?
G W : Le plaisir, car Elixir est une belle voiture faisant la synthèse de beaucoup d'idées intéressantes. Il est vrai qu'elle recèle la base esthétique de la future 407, et pour un oeil averti, toutes les clés stylistiques de l'ensemble de la gamme à venir ! C'est donc aussi une façon d'obtenir un retour du public. Nous espérons évidemment avoir visé juste. Toutefois, quoiqu'il arrive, si près du lancement des différentes variantes 407, pratiquement aucune des options industrielles prises ne pourra être remise en cause.
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Motorlegend : Etes-vous totalement libre pour créer un concept-car à l'approche d'un Salon ou recevez-vous une orientation de la direction générale ?
G W : Notre rôle au style Peugeot est de faire des propositions. La décision de développer tel ou tel projet relève de la direction générale autrement dit de Frédéric Saint-Geours. C'est lui qui en fonction des circonstances et du salon, détermine quel type de création nous montrerons.
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Motorlegend : Ce n'est donc pas un hasard si le concept-car 407 est exposé en Allemagne, pays européen important pour PSA et premier producteur de véhicules haut de gamme. Depuis longtemps, les Français tentent d'opposer un semblant de haut de gamme sans vraiment y parvenir. Comment aborderez vous ce problème dans l'avenir ?
G W : Avant de répondre, je dirai que Peugeot n'a jamais eu l'objectif de proposer un semblant de haut de gamme. On fait différent des constructeurs allemands. Point à la ligne. Nous savons fort bien que nos axes commerciaux sont différents de ceux de Mercedes, BMW ou Audi. Par contre, nous offrons des alternatives à certains de leurs produits. Nous essayons d'être imaginatifs. Elixir va prouver que l'on peut concevoir autre chose d'intéressant.
Renault a choisi un décalage complet. Un juste déséquilibre. Nous sommes aux antipodes en jouant la carte de l'équilibre pour réussir nos silhouettes. Nos deux démarches se complètent et tant mieux.
Motorlegend : Développerez-vous dans l'avenir d'autres critères distinctifs de design pour signer les produits Peugeot ?
G W : Nous travaillons depuis des dizaines d'années sur ce que doit-être l'identité d'une Peugeot. Aujourd'hui, nous recueillons les fruits de cet effort laborieux. Nous avons désormais un traité caractéristique au travers des phares bien sûr, mais aussi de l'équilibre des volumes par des cotes extérieures très généreuses.
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Motorlegend : Y a t-il un constructeur qui ait su faire évoluer son design sans altérer son capital d'origine ?
G W : Mercedes a réussi une reconversion esthétique fantastique. Il leur a fallu abandonner des points caractéristiques de leur style à l'avant de la voiture. Le fait d'avoir récemment opté pour des phares légèrement elliptiques leur a reconstruit une identité avant remarquable. Dans la continuité mais en sachant injecter des éléments de modernité nécessaires.
Motorlegend : On parle de l'avant, du visage d'une voiture. Mais le problème du style arrière n'est-il pas plus difficile à résoudre ?
G W : Oui, car aux contraintes de réparabilité en cas de chocs s'ajoute l'exigence d'un bon coefficient aérodynamique qui pour beaucoup dépend du dessin arrière.
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Motorlegend : La Mazda RX8 vient de sortir sans montant latéral et avec des portes arrière s'ouvrant en sens inverse. N'est-ce pas une opportunité pour faire évoluer l'esthétique du flanc des voitures ?
G W : Tout ce qui touche à la liberté du traité nous intéresse. Mais supprimer le montant signifie renforcer considérablement la plate-forme, alourdir l'ensemble et opter pour des choix plus coûteux. C'est valable pour certains modèles d'image mais pas pour des véhicules de grande série.
Motorlegend : Le succès des véhicules de loisirs et des monospaces au détriment de la berline traditionnelle vous amène t-il a réfléchir à d'autres formes de carrosseries pour l'avenir ?
G W : Nous somme très soucieux des attentes de la clientèle. Nos hommes "produit"au sein de la marque sont en permanence à l'écoute des mouvements de société. On est très bien informé. C'est vrai, on va vers une plus grande diversité et le rêve de beaucoup de gens est de rouler dans une automobile unique. L'avenir passe donc par une gamme très élargie sur laquelle nous travaillons d'arrache pied.
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