Mercedes-Benz Heritage

Mercedes-Benz met son ambitieuse politique patrimoniale au service de ses nouveaux modèles. Musée flamboyant, Classic Center élitiste, réserves richissimes : voyage au cœur du sanctuaire de Stuttgart.

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La politique patrimoniale de Mercedes

Gilles Bonnafous le 21/08/2007

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Démarche ancienne, la politique patrimoniale de Mercedes-Benz remonte pratiquement aux origines de la firme. Avec pour corollaire, la recherche constante de modèles rares afin de posséder l’arbre généalogique complet de la famille. Et une caractéristique essentielle pour la marque : cultiver en permanence la filiation entre les anciens modèles et les nouveaux. Florijan Hadzic, responsable de la Communication de DaimlerChrysler Heritage, nous parle de cette exigence.

Motorlegend : A quand remonte votre "Heritage attitude" ?

Florijan Hadzic : Dès les tout débuts. En fait, nous collectionnons et conservons nos voitures depuis les origines. Carl Benz et Gottlieb Daimler gardaient leurs premiers véhicules pour montrer au public les innovations technologiques qu’ils comportaient. Ensuite les choses se sont faites progressivement, étape par étape. Après une petite collection Daimler exposée en 1923, le premier vrai musée ouvrira en 1936. Puis en 1961, le grand musée aura pour objectif de mettre en évidence la filiation des nouveaux modèles, leur riche hérédité. A la fin des années 70 et 80, l’entreprise va accroître son effort en allant au-devant du public. Elle fera sortir les voitures sous l’impulsion du directeur du département de l’époque, Max Gerrit von Pein.

Le musée de 1936
Le musée de 1936 Mercedes
Le musée de 1961
Le musée de 1961 Mercedes

Motorlegend : Comment définiriez-vous la politique patrimoniale de Mercedes-Benz aujourd’hui ?

Florijan Hadzic : En tant qu’inventeur de l’automobile en 1886, Mercedes-Benz se doit d’être très actif dans ce domaine. Il s’agit donc moins d’une politique que de quelque chose qui s’assimile à un devoir. Les trois instruments qui permettent de mettre en valeur notre histoire sont le musée, le Classic Center et les archives. Nous communiquons sur la passion et la notion de continuité. Du reste, notre département ne dépend pas de la direction marketing de l’entreprise. Mercedes-Benz Heritage participe régulièrement à des événements comme les Mille Milles ou Pebble Beach. S’agissant de la continuité, dans un monde de consommation exacerbée où l’on jette facilement et où les produits sont rapidement obsolètes, nous savons que les gens sont à la recherche d’objets qui traversent le temps, qui témoignent d’une permanence. Qui inspirent confiance aussi par leur fiabilité, sur lesquels on peut compter. Les Mercedes appartiennent à cette race.

300 SL devant le Classic Center
300 SL devant le Classic Center Gilles Bonnafous
les 770 de Guillaume II et de l'Empereur du Japon
les 770 de Guillaume II et de l'Empereur du Japon Gilles Bonnafous

Motorlegend : Vous faites vivre votre collection et vos voitures sortent régulièrement.

Florijan Hadzic : Oui, nous ne conservons pas notre collection, qui est riche au total de 500 véhicules, dans la naphtaline. Nos voitures bougent. Elles sortent pour participer à des expositions, être présentées dans différents musées et prendre part à des manifestations de voitures anciennes. De plus, elles sont intégrées au programme global de communication de la firme. Quand Mercedes-Benz sort un nouveau modèle, des anciennes sont associées au lancement de ce dernier. Pour faire le lien et mettre en perspective. Ce sera le cas par exemple de la nouvelle Classe E. On réunit les nouvelles et les anciennes pour continuer d’entretenir le feu sacré.

Motorlegend : Parlez-nous d’histoires de restauration réalisées par le Classic Center.

Florijan Hadzic : La plus longue a été celle d’une W 196 carénée : cinq ans de travail. Nous avons dû renoncer à refaire la carrosserie en magnésium, car c’était trop difficile et assez risqué. Nous l’avons faite en aluminium. Nous restaurons assez régulièrement des véhicules pour les maisons royales. Notamment une 770 « Grande Mercedes », et une G4, la 6 x 4 des années trente, pour le palais espagnol. Ces chantiers prennent de un à trois ans en fonction de l’état de la voiture et du niveau de restauration souhaité par le client. Beaucoup de 600 également, particulièrement pour des collectionneurs du Proche-Orient et d’Asie. C’est une voiture très complexe et très coûteuse à restaurer. La facture monte facilement à 750 000 euros, voire à un million d’euros.

770 en cours de restauration
770 en cours de restauration Gilles Bonnafous
W 196 carénée
W 196 carénée Gilles Bonnafous

Motorlegend : Quelle est votre politique d’achat ?

Florijan Hadzic : Nous achetons des voitures qui ont joué un rôle important dans l’histoire de la marque. Nous sommes intéressés par des véhicules qui ont appartenu ou ont été liés à des hommes d’Etat ou à des personnages célèbres. C’est le cas de la Papamobile de Jean-Paul II, une 230 G modifiée de 1980, et de la 500 SL de Lady Di, qui sont exposées au musée. Parfois, nous tombons sur une voiture dotée d’une histoire exceptionnelle, comme ce taxi grec W 123 qui a parcouru 4,6 millions de kilomètres. Son propriétaire, un Grec de Thessalonique, s’en est servi pendant 26 ans, usant plusieurs moteurs. Il nous a donné la voiture et nous lui avons offert une Classe C. Il nous a écrit une lettre touchante dans laquelle il remercie la marque, grâce à laquelle il a gagné sa vie au volant de cette voiture.

Taxi grec W 123
Taxi grec W 123 Gilles Bonnafous
la Papamobile
la Papamobile Gilles Bonnafous

Motorlegend : Vous arrive-t-il d’acquérir un modèle que vous possédez déjà en raison de son importance ou de sa rareté ?

Florijan Hadzic : En effet, mais uniquement pour des voitures exceptionnelles, des Mercedes d’avant guerre surtout comme la SSK. Par ailleurs, nous conservons le premier et le dernier exemplaire de chaque modèle contemporain.

Motorlegend : Y a-t-il encore des manques dans votre collection ?

Florijan Hadzic : Aujourd’hui, la collection est pratiquement complète. Il ne nous manque que quelques modèles, quatre ou cinq au maximum. Ce sont des voitures très anciennes, des années 1910 et 1920, et très exceptionnelles à l’image de la Benz Tropfenwagen. Nous les recherchons. S’il s’agit d’un véhicule impossible à trouver, nous en réalisons une réplique. Cela a été le cas pour le « Transporter » de voitures de course, qui est exposé au musée. Nous en avons construit une seconde réplique à la demande d’un client.

Motorlegend : Quelle est pour vous la voiture la plus chère de la collection ?

Florijan Hadzic : La plus chère est sans doute le coupé 300 SLR Uhlenhaut. Nous possédons les deux exemplaires qui ont été construits.


"Transporter" de voiture de course Gilles Bonnafous
Coupé 300 SLR Uhlenhaut
Coupé 300 SLR Uhlenhaut Gilles Bonnafous
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