Maybach Exelero
La découverte du concept car Maybach Exelero à Francfort en septembre 2005 fut incontestablement un choc. Le dernier caprice de Batman ?
sommaire :
MAYBACH SW 38
Jean Michel Cravy le 20/12/2005
Quand, en septembre dernier, le concept car Exelero, tout fraîchement auréolé d'un record de vitesse officiel établi à 350 km/h, fut dévoilé au public sur le stand Maybach, on eut l'impression d'un OVNI sorti de nulle part, particulièrement décalé par rapport à la culture du constructeur allemand de voitures de haut luxe. En fait, l'affaire eut un précédent... soixante-sept ans plus tôt ! Car si la marque Maybach a été relancée à l'aube de l'an 2000 par le groupe DaimlerChrysler, celle-ci avait déjà une vie bien remplie, avant la deuxième guerre mondiale.
Wilhelm Maybach Maybach
Wilhelm Maybach au volant de la voiture présentée à l’exposition universelle de Paris en 1889 Maybach
L'histoire commence à la fin du 19e siècle. Wilhelm Maybach (né en 1846 à Heilbronn, mort en 1929 à Stuttgart) était un inventeur et un industriel. Il collabora avec Gottlieb Daimler au développement d'un moteur à combustion interne qu'ils voulaient rendre le plus petit possible pour le monter dans un véhicule. C'est ainsi qu'ils construisirent la toute première moto. Leurs moteurs seront également utilisés dans des bateaux, et surtout sur une voiture qui sera présentée à l'exposition universelle de Paris en 1889, et qui est considérée comme la toute première voiture de l'ère moderne.
En 1907, Wilhem Maybach quitte la Daimler Motoren Gesellschaft pour fonder avec son fils Karl la Maybach Motorenbau. Ils produisent en exclusivité des moteurs six cylindres de 22 litres de cylindrée pour les dirigeables du comte Ferdinand von Zeppelin, puis se lancent dans la production de voitures de luxe, des limousines de haut de gamme, concurrentes de Rolls Royce ou Bugatti.
Usine où Daimler et Maybach ont travaillé de 1872 à 1882 Maybach
Les dirigeables du comte Ferdinand von Zeppelin Maybach
La première Maybach six cylindres, la W3, apparaît en 1921, bientôt suivie par la W5 en 1926, pourvue d'un V12 7 litres de 120 chevaux. Celle de 1929 offrait 150 ch. Elle s'appellera la Zeppelin (en souvenir des dirigeables du comte). A partir de 1931, elle disposera d'un 8 litres de 200 ch. Elle fut, avec Mercedes, l'une des voitures d'apparat du régime hitlérien.
A partir de 1935, Karl Maybach, qui a repris les rênes de l'entreprise à la mort de son père, débute la série SW, plus abordable, avec son moteur six cylindres 3,5 litres, et déclinée en de nombreuses versions (coupé, cabriolet, sport cabriolet...).
Karl Maybach D.R.
Maybach SW 38 Sport Cabriolet Maybach
Et c'est ainsi que la SW 38, mue par un six cylindres de 140 chevaux, servira de base à une voiture de record commanditée par le pneumaticien allemand Fulda. Celui-ci, tenant compte du développement des autoroutes qui autorisaient des vitesses de plus en plus élevées, cherchait à valider à haute vitesse ses pneus pour voitures de tourisme. Il chargea le carrossier munichois Dörr & Schreck de piloter l'opération.
Sous la direction du baron Reinhard Koenig-Fachsenfeld, spécialiste en aérodynamisme rendu célèbre par sa victoire sur Manfred von Brauchitsh lors de la course de l'Avus au volant d'une Mercedes SSK qu'il avait modifiée, la légendaire Maybach SW 38 voit le jour en 1938.
Maybach SW 38 de record D.R.
Maybach SW 38 de record D.R.
La carrosserie du prototype à trois places, à la forme «streamline» très en vogue à l'époque, est longuement peaufinée avec des brins de laine posés un peu partout pour contrôler les flux aérodynamiques. La SW 38 de record, ne pesant pas plus de 1600 kilos, présente un formidable Cx de 0,26, qui semble aujourd'hui encore étonnamment bas. La valeur commune à l'époque, était de l'ordre de 0,6 ! Après de nombreux essais préalables de pneus, la SW 38 atteint en juillet 1939 la vitesse de 200 km/h ! Mais la satisfaction fut de courte durée.
D.R.
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Maybach, en ces temps de guerre, avait d'autres chats à fouetter. La firme était le principal fournisseur de moteurs... pour les chars allemands Panzer, Tigre, Leopard, Panther et autres Elefant, motorisés par d'énormes V12 de 700 chevaux. La marque ne se relèvera pas de la Seconde Guerre Mondiale et disparut en 1944. Et avec elle, la fameuse SW 38 de record, dont nul ne sait ce qu'elle est devenue. Il ne reste d'elle que quelques plans succincts et des photos patinées par les années...
Puis le temps a passé. Mercedes-Benz avait racheté la marque Maybach, au cas où, jusqu'à ce que le groupe DaimlerChrysler décide de la ressusciter bien des années plus tard, sous la dénomination de Maybach Manufactur, d'abord sous la forme d'un concept car en 1999, puis officiellement un peu plus tard avec les 57 et 62. Mais ceci est une autre histoire...
D.R.
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