Maybach Exelero
La découverte du concept car Maybach Exelero à Francfort en septembre 2005 fut incontestablement un choc. Le dernier caprice de Batman ?
sommaire :
Interview de Thibault de Maredsous
Jean Michel Cravy le 21/12/2005
Thibault de Maredsous, responsable des relations publiques Mercedes Car Group en France, a bien voulu nous expliquer le dessous des cartes de l'opération Exelero, ce surprenant concept car présenté au dernier salon de Francfort, et crédité d'un record officiel de plus de 350 km/h sur le circuit de Nardo.
Motorlegend : Maybach a créé la sensation au salon de Francfort, en septembre dernier en dévoilant un concept car particulièrement exubérant. La marque, jusqu'ici vouée au luxe de haut niveau, aurait-elle décidé de changer de style ?
Thibault de Maredsous : La marque Maybach a pour vocation la poursuite de l'excellence sous toutes ses formes. Le luxe poussé à son paroxysme, bien sûr, mais aussi l'excellence technique. En ce sens, l'Exelero, qui vient d'établir un record du monde à plus de 350 km/h dans la catégorie des berlines, est tout à fait dans la ligne de la philosophie Maybach.
Thibault de Maredsous D.R.
Maybach
ML : Dans quel esprit a été créée l'Exelero ? Annonce-t-elle un futur coupé Maybach hautes performances ?
TdM : Soyons clairs, l'Exelero reste et restera un objet unique, sans descendance dans le domaine de la voiture de série. D'ailleurs, son patronyme est celui du pneumatique qui l'équipe, produit et développé par l'équipementier allemand Fulda, qui souhaitait un vecteur pour mettre en valeur son nouveau pneu haute performance, l'Exelero Carat.
ML : Pourquoi Fulda s'est-il adressé à Maybach plutôt qu'à un autre constructeur ?
TdM : Parce qu'il y a eu un précédent, il y a une soixantaine d'années. Il faut rappeler que si Maybach est une marque (re)créée par DaimlerChrysler en 2000, elle avait déjà eu une autre vie avant-guerre. Et il y avait déjà eu une collaboration avec Fulda sur le même thème en 1938, avec la Maybach SW 38. Il se trouve que Fulda sentait approcher son centième anniversaire (en 2005), et voulait frapper un grand coup pour le fêter dignement. Les responsables de Fulda se sont souvenus qu'ils avaient déjà commandité une Maybach, il y a bien longtemps, pour développer des pneus de tourisme à haute vitesse. Ils se sont dit que ce serait bien de refaire le même type d'opération avec nous au 21e siècle.
Maybach
La Maybach SW 38 D.R.
ML : Combien a t'il fallu de temps pour créer l'Exelero ?
TdM : L'affaire a été menée très rapidement, en moins de deux ans. Les premiers contacts avaient eu lieu lors du Salon de Francfort 2003. Et l'Exelero a établi son record en mai 2005
ML : Dans quel esprit Maybach et Fulda ont collaboré ?
TdM : C'est Fulda qui a prit l'initiative de proposer à Maybach de développer un modèle spécial afin de tester ses nouveaux pneus à très hautes performances, exactement dans le même état d'esprit qu'en 1938. Après présentation du projet à DaimlerChrysler, l'idée fut rapidement acceptée. S'en suivirent des réunions de coordination entre les ingénieurs de Fulda et Leon Hustinx, le Directeur Général de Maybach. Tous étaient d'accord pour que la future voiture reste le plus près possible de l'esprit et de la lettre d'une Maybach de série.
Maybach
ML : Mais l'Exelero est tout de même très différente d'une Maybach de route ?
TdM : Oui et non. C'est bel et bien une Maybach 57 qui a servi de base à l'élaboration de la voiture de record. C'est toute sa mécanique qui a été reprise. Même si il a subi d'importantes évolutions pour pouvoir atteindre les 350 km/h recherchés, le V12 biturbo reste très proche de la série, malgré ses caractéristiques, 700 chevaux et 1020 Nm, très impressionnantes.
ML : Le chassis, lui, est très différent…
TdM : C'est un chassis « prototype » en effet, construit par le spécialiste italien Stola. Mais nous n'avons pas particulièrement recherché à faire une voiture de course, bien au contraire, son poids très élevé en témoigne. Nous voulions que l'Exelero reste très proche des valeurs de Maybach. Pièce unique, le concept car est représentatif de la stratégie de personnalisation de Maybach, qui a toujours été des plus exigeantes et consiste entre autres à proposer au client des solutions ciblées répondant à ses besoins. Pour réaliser ce modèle spécial pour Fulda, les concepteurs ont gardé le meilleur de deux familles de véhicules : la majesté d'une berline de luxe et la fascination d'un coupé sport. Nous avons repris à notre compte la devise d'Oscar Wilde « Je me contente du meilleur ».
Maybach
Maybach
ML : Effectivement, on est frappé par l'ambiance de raffinement et de luxe qui règne à bord de l'habitacle.
TdM : C'était notre exigence. Nous voulions que l'Exelero soit une vraie Maybach, et que le luxe, signe distinctif de la marque, ne soit aucunement sacrifié. L'habitacle est aussi raffiné (cuir, bois, équipements de haut de gamme) que dans une 57 ou une 62. On y a juste ajouté quelques touches de carbone, pour souligner son caractère exceptionnellement performant.
Maybach
Maybach
ML : Tout de même, le look « batmobile » de l'Exelero tranche radicalement avec l'allure des Maybach civiles. Qui l'a dessinée ?
TdM : C'est en fait une œuvre collective. Le centre de design de DaimlerChrysler s'est chargé de l'exécution, mais le style a été créé en collaboration avec les étudiants du Collège de Pforzheim, en Allemagne, sous la direction du professeur Harald Leschke. Plusieurs étudiants étaient en compétition. C'est finalement la proposition du jeune Fredrik Furchhardt qui a été retenue, mais certains aspects particuliers proviennent des projets d'autres étudiants. Le résultat est une voiture à très forte image, ce que nous voulions.
ML : Quel bilan tirez-vous de ce projet très spécial ?
TdM : Un bilan extrêmement positif. Tous les objectifs ont été atteints. L'Exelero (qui appartient d'ailleurs à Fulda, et non à Maybach) a établi le record qu'elle visait. Elle a été, autant pour Fulda et ses pneumatiques hautes performances que pour nous, un puissant vecteur d'image, un très bel outil de communication.
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