BUGATTI T 29/30

La conception de la T 29/30 sera presque une révolution chez Bugatti et le projet marquera un tournant tant technique que stratégique. Le résultat est un modèle charnière : il s'agit de la première huit cylindres fabriquée à plusieurs exemplaires par le constructeur de Molsheim. Auparavant, seul un vehicule expérimental doté de deux blocs de quatre cylindres et la Type 28 prototype avaient reçu une telle motorisation. Bien qu'aucune Type 29 n'ait vraiment été commercialisée, quatre véhicules sont construits et baptisés T29/30. Animée par le nouveau huit cylindre 1991cc 24 soupapes, la voiture reçoit une carrosserie profilée caractéristique : c'est les début de la calandre en fer à cheval et l'échappement, sortant par la pointe située à l'arrière accentue encore la ressemblance avec une torpille ou un cigare. Une simple trappe fait office de capot et permet un accès limité au moteur coté carburateur.

Ces hybrides constituent les premières voitures conçues entièrement pour l'écurie de course maison alors que le modèle de série très proche techniquement, la Type 30 rentre en production un peu plus tard dans l'année. Alignées au départ du grand prix de Strasbourg de 1922 dont le règlement impose une cylindrée maximum de 2 litres et un poids minimum de 750 kilogrammes sans pilote, les T29/30 terminent à la seconde et troisième place. On les voit encore une fois au Grand Prix d'Italie, la même année puis deux des quatre voitures seront modifiées et carrossées en monoplace et participeront sans succès aux 500 Miles d'Indianapolis en 1923. Sa carrière sportive s'arrêtra là ; mais elle aura été riche en enseignements : elle préfigure toutes les futures Grand Prix dont la fameuseType 35 qui sortira en 1924. La T29/30 va définitivement convaincre le Patron de l'impact technique et publicitaire de la compétition de haut niveau. Les ventes sont indéniablement dopées par les apparitions et les succès en course.