Louis Vuitton Classic 2003
Pour sa seizième édition, le célèbre concours d'élégance quittait la pelouse du Parc de Bagatelle pour le domaine national de Saint-Cloud.
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PEUGEOT 401 Eclipse
Gilles Bonnafous le 06/09/2003
Présentée par le musée Peugeot de Sochaux, la 401 Eclipse de 1935 a permis à de nombreux visiteurs de découvrir que la formule du toit rétractable, qui connaît depuis 1996 une forte actualité, n'était pas une invention récente, encore moins une création Mercedes. Ce système ingénieux, qui permet d'offrir deux carrosseries (coupé et cabriolet) sur le même châssis, a été imaginé par le designer Georges Paulin et réalisé par le carrossier Marcel Pourtout. Rendons justice à ses créateurs (français).
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Flash-back sur une histoire singulière : au début des années trente, un personnage peu ordinaire arrive sur le devant de la scène automobile française. Dentiste de profession et passionné d'automobile, Georges Paulin consacre ses loisirs à dessiner des carrosseries. Mais cet amateur, qui se révélera un artiste de grand talent, est aussi un esprit inventif. Il dépose un brevet portant sur un dispositif de toit escamotable baptisé Eclipse. L'idée naît de la défiance qui est la sienne vis-à-vis de la capote, dont les multiples défauts sont bien connus : rigidité défaillante de l'armature, manque d'étanchéité, vulnérabilité et mauvaise résistance au temps. Georges Paulin a également observé l'inconvénient que représente le toit démontable laissé au garage - une formule américaine. Dans le système qu'il met au point, le toit métallique disparaît automatiquement dans le coffre de la voiture. La manœuvre, qui ne prend que cinq secondes, est commandée par une tringlerie compensée par des sandows, une solution simple, économique et de remplacement facile, qui a fait ses preuves dans l'aviation.
C'est le concessionnaire Peugeot Emile Darl'mat qui présente Georges Paulin à Marcel Pourtout à la fin de l'année 1933. Paulin, qui a fait une première expérience infructueuse avec un autre carrossier, est à la recherche d'une entreprise sérieuse, apte à mettre en œuvre son invention. La première voiture réalisée selon la technique de l'Eclipse est une Panhard livrée en novembre 1934. Ainsi s'instaure la collaboration qui réunit Paulin et Pourtout et, en 1935, les Peugeot 401 et 601 Eclipse, intégrées à la gamme Peugeot, sortent des ateliers de Bougival. Le brevet est ensuite cédé à la firme de Sochaux et les 402 Eclipse sont construites sous licence à La Garenne. D'abord actionnée par un moteur électrique, la commande de la tringlerie se fait ensuite manuellement - pour des raisons de fiabilité. Essentiellement montée sur des coupés, la technique de l'Eclipse est également appliquée à des berlines.
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Abandonnant son cabinet dentaire pour le métier de dessinateur automobile, Georges Paulin deviendra le styliste attitré de Marcel Pourtout. A cet égard, la 601 Eclipse réalisée pour Marcel Pagnol en 1935 mérite une attention toute particulière. En signant une ligne avant-gardiste de style entièrement ponton, Paulin se révèle un pionnier du design automobile. Cette exceptionnelle création participera à plusieurs concours d'élégance avec la complicité de l'actrice Josette Day, épouse de Marcel Pagnol. Elle remportera le premier prix du concours de Monaco en 1935, avant d'apparaître dans le film Le Schpountz tourné par l'écrivain et cinéaste en 1937. Paulin exercera également son talent sur les célèbres Peugeot 402 Darl'mat Sport, qui s'illustreront aux 24 Heures du Mans de 1937. Fruit de la collaboration exemplaire qui unit Peugeot, Pourtout et le concessionnaire de la rue Malar, la 402 Darl'mat Sport jouit d'une ligne magnifique. Georges Paulin disparaîtra tragiquement en 1942, fusillé par les Allemands au Mont Valérien.
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Après la guerre, le principe du toit rétractable dans le coffre est repris par Ford sur sa Fairlane 500 Skyliner apparue en 1957 et construite jusqu'en 1959. Ce cabriolet à quatre places connaît un joli succès commercial, égal à celui de la Thunderbird en 1957. Compte tenu du gabarit du véhicule, le système s'avère pourtant extrêmement complexe, nécessitant cinq moteurs électriques, 183 mètres de câblages, dix relais et huit coupe-circuits. Une usine à gaz !
La formule est relancée et actualisée en 1996 par Mercedes et son SLK. Ensuite, le pas est rapidement emboîté par Peugeot avec la 206 CC, puis la 307 CC. Renault (Mégane) et plusieurs autres constructeurs se laissent également séduire, de sorte qu'il y a fort à parier que la capote en toile sera bientôt reléguée au rayon des accessoires surannés.
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