PEUGEOT 402 Darl'mat

Président de l’Association des Amis de Darl’mat, Philippe Boulay présentait au concours d’élégance des 40 ans de la FFVE ce magnifique cabriolet 402 Darl’mat. La voiture a été justement primée en recevant la Coupe des voitures sportives.

L’historique de ce cabriolet Darl’mat est relativement bien connu. Il est livré le 16 décembre 1938 aux Grands Garages de Champagne à Reims. Si l’on ignore l’identité du premier propriétaire, on sait par contre qu’il est acquis en 1945 par un militaire américain. Ce dernier repart aux Etats-Unis avec la voiture et la conserve une vingtaine d’années. Il la cède ensuite à un amateur, qui, après l’avoir fait rouler, la remise dans une grange près de Seattle.

Les circonstances dans lesquelles la voiture a été retrouvée ne sont pas banales. Venue se perfectionner à Paris dans le cadre de son travail, une jeune femme travaillant chez Peugeot à New York devient la stagiaire de Philippe Boulay, lui-même collaborateur de Darl’mat depuis plus de quarante ans — il a du reste connu Emile Darl’mat dans les années soixante.

Revenue aux Etats-Unis, la jeune femme appelle Philippe Boulay quelques années plus tard pour lui signaler la présence d’une Darl’mat dans une grange. D’abord quelque peu sceptique car échaudé à la longue par ce genre d’affirmations rarement confirmées, Philippe Boulay cède devant les preuves fournies : la présence de motifs décoratifs ronds sur les côtés du capot et la plaque arrière en forme de cœur. Des indices qui ne trompent pas !

Rapatrié en France, le cabriolet arrive au Havre en 1989. La voiture a beaucoup souffert, mais elle est complète. Elle est exposée tel que à Rétromobile l’année suivante, avant de subir une restauration complète et dans les règles de l’art. Elle reviendra deux ans plus tard sous les feux de la rampe à la Porte de Versailles dans l’état où l’on peut la voir aujourd’hui. Depuis, elle a parcouru 13 000 kilomètres.

Sous le capot ronronne le quatre cylindres de deux litres à soupapes en tête de la 402, qui a été porté à 70 ch à 4500 tr/mn. Il est accouplé à une boîte Cotal électro-magnétique à quatre vitesses. Même si l’on n’est pas très bien assis au volant en raison de la place réduite pour les jambes, Philippe Boulay vante l’agrément de conduite que procure cette voiture magnifique. Son splendide design est dû au styliste de grand talent qu’était Georges Paulin et la carrosserie a été réalisée par Marcel Pourtout. L’absence de coffre à bagages ne prédispose pas au transport d’accessoires de voyage…

Le cabriolet, qui appartient à la société Darl’mat, participe à de nombreuses manifestations automobiles et événements prestigieux : inauguration du tunnel sous la Manche, défilé du siècle sur les Champs-Elysées, concours d’élégance dont celui de la Villa d’Este, etc. Elle est par ailleurs régulièrement exposée dans les garages Darl’mat de la région parisienne.

Des 32 cabriolets Darl’mat construits, il reste peu d’exemplaires aujourd’hui — une demi-douzaine environ. Au total, 105 Darl’mat ont été fabriquées, dont 20 coupés et 53 roadsters. Ceux-ci sont dotés de portes (exemplaires uniquement destinés aux clients) ou non. Parmi ces derniers, certains possèdent une carrosserie en tôle (pour la clientèle), d’autres en aluminium (voitures de compétition qui ont notamment couru les 24 Heures du Mans).

33 Darl’mat sont recensées aujourd’hui dans le monde, dont l’une a été à moitié reconstruite. Une petite dizaine se trouve aux Etats-Unis, deux sont au Royaume-Uni, deux en Suisse, une en Belgique et le reste en France (une vingtaine). Gardien du temple, Philippe Boulay tient le registre des Darl’mat et fait la chasse aux fausses…