FERRY 750 Sport

La Ferry 750 Sport fut l’une des vedettes de la journée de Montlhéry par sa rareté (en fait, elle est unique) et son intérêt historique, ainsi que par la personnalité de son pilote. Elle fut en effet conduite par Luc Ferry, fils du préparateur constructeur Pierre Ferry, mais aussi philosophe bien connu et ancien ministre de l’Education Nationale. Ayant manifestement pris goût à l’exercice, ce dernier s’est régalé à tourner à plusieurs reprises sur l’anneau de Montlhéry.

Construite en 1954, la voiture participe à de nombreuses épreuves en France, avant d’être vendue par Pierre Ferry à John Green, un Américain. En 1957, elle part donc aux Etats-Unis. Elle remportera un certain nombre d’épreuves outre-Atlantique, puis sera accidentée. On la verra ensuite dans un musée en Californie dans les années soixante-dix, puis on la retrouvera dans une grange dans un état avancé. Quasi-épave, elle sera sur le point d’être détruite dans une casse, où sera sauvée in extremis.

Beaucoup plus tard, au début des années 2000, un Américain la rachète dans le but de la restaurer. Il souhaite la présenter au concours de Pebble Beach. La Ferry part chez un carrossier, mais l’homme ne peut payer les factures. Le chantier est donc arrêté et la voiture demeure chez le carrossier, à moitié terminée. C’est alors que son propriétaire actuel, Jean-Marie Fresnault, l’acquiert par l’intermédiaire d’un Suisse. Nous sommes en 2005. Jean-Marie Fresnault va achever la restauration, à l’exception toutefois du moteur, qui n’a pas encore retrouvé complètement sa configuration d’origine. La voiture a été exposée à Rétromobile, en février 2008, sur le stand du Grand Prix de Malte, auquel elle prend part.

Superbement dessinée par Pierre Ferry, la jolie barquette est motorisée par la mécanique de la 4 CV Renault. Celle-ci est disponible en deux versions, dans la cylindrée d’origine, soit 750 cm3, ou dans une version plus puissante portée à 904 cm3 par allongement de la course. Bien sûr, tout a été changé à l’intérieur du quatre cylindres dans les ateliers d’Asnières, les pièces Renault étant remplacées par des pièces Ferry (pistons, bielles, soupapes, tubulures, carter, etc.). Il ne reste plus d’origine que le bloc. La transmission est également modifiée avec de nouveaux rapports de boîte et de pont. Dans les années cinquante et aux mains du pilote Blaché, la Ferry 750 Sport sera chronométrée à 210 km/h sur le circuit de Reims-Gueux.

Luc Ferry évoque pour nous les souvenirs qui le lient à cette voiture. Il se souvient fort bien avoir joué dans le cockpit à l’âge de six ans. A cette époque, les quatre garçons de Pierre Ferry accompagnaient leur père sur les courses, notamment à Monaco. Il se rappelle également avoir accompagné son père à Orly, quand ce dernier est parti aux Etats-Unis pour la vendre. Il ne l’avait jamais revue depuis cette période, et grande fut son émotion lorsqu’il l’a redécouverte, il y a un an grâce à Jean-Marie Fresnault.