Grande Parade de Mulhouse 2001

À l'intérêt d'une vaste rétrospective historique, s'ajoutent le succès populaire et les multiples animations d'une cité en fête.

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CORD 812 à compresseur

Gilles Bonnafous le 20/07/2001

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Lauréate du Trophée International des musées, la Cord 812 à compresseur présentée par le musée de Sinsheim, en Allemagne, a reçu le prix du public - ex-aequo avec une voiture d'un tout autre genre, un charmant mais classique roadster Studebaker de 1931. Si le vote démocratique s'est porté sur cette voiture d'exception, c'est que les gens ont été sensibles au look spectaculaire de cette sculpture venue d'ailleurs. Un public non spécialiste ne pouvait qu'être impressionné par cet ovni des années trente. Pourtant, le choix s'avère des plus judicieux. Car, pour une fois, le ramage vaut le plumage.

CORD
G.Bonnafous
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Le modernisme de la Cord 812 n'a rien de gratuit. Offrant traction avant et structure autoportante (absence de châssis), solutions techniques très en avance sur leur temps, la baby Duesenberg d'Errett Loban Cord mérite ô combien de figurer au panthéon des modèles d'avant-garde disponibles en concessions. Une attitude d'autant plus louable qu'aux Etats-Unis, l'innovation technique a toujours été le parent pauvre du style. Projetée Duesenberg, la voiture deviendra Cord quand il sera décidé d'en faire une traction pour en abaisser la silhouette - rappelons que Cord commercialise des tractions depuis 1929 avec le modèle L 29.

CORD
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Lancée en 1935, où elle est la vedette du salon de New York, la Cord 810 devient 812 l'année suivante avec quelques modifications de détail. Aisément identifiable à ses sorties d'échappement souples en inox inspirées de la Duesenberg SJ, la version à compresseur est introduite à titre d'option en novembre 1936. Elle fait de la Cord 812 la plus performante des voitures américaines de l'époque. Ses 170 ch sont délivrés par un V8 compact suralimenté de 288.6 c.i., soit 4730 cm3, conçu spécialement pour la voiture par Lycoming, le motoriste intégré au groupe Cord. Le taux de compression a été réduit par rapport à la 812 dépourvue de compresseur, laquelle n'affiche que 125 ch. Certes, avec ses soupapes latérales, le V8 Lycoming paraît quelque peu déplacé dans une voiture aussi novatrice. A défaut de sophistication, il a pour lui la puissance quand souffle dans ses entrailles le compresseur Schwitzer Cummins. Un typhon qui ne favorise pas nécessairement la fiabilité…

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Commandée au volant, la transmission à quatre rapports est dotée d'une présélection électro-pneumatique Bendix, une technique assimilable à la boîte Wilson. Lente et accrocheuse, elle constitue le talon d'Achille du modèle et s'avère finalement moins rapide qu'une conventionnelle boîte manuelle. Tout aussi sophistiquée mais efficace, la suspension avant bénéficie d'une double fourche reliée à un ressort transversal.

Due au talent de Gordon Buehrig, la ligne anti-conformiste de la Cord 810/812 traduit remarquablement le parti pris technologique de ses géniteurs. Dépouillée et dépourvue de toute surcharge chromée, elle est le fier et avant-gardiste reflet de la haute exigence d'Errett Loban Cord - une audace qui voulait étonner le monde mais se révélera financièrement suicidaire. Soulignons également que la carrosserie de la Cord est débarrassée de tout marchepied, cet appendice latéral hérité des diligences. Cerise sur le gâteau, la face avant ultra-moderne arbore une calandre futuriste et, originale trouvaille stylistique, le fameux coffin nose, ce capot en forme de cercueil taillé en étrave. Quant aux phares rétractables, ils ajoutent un trait moderniste supplémentaire, qui concourt à faire de la Cord 810/812 une voiture de bande dessinée. Le modèle est disponible en berline, avec deux niveaux de finition - Beverley et Westchester plus sophistiquée -, ainsi qu'en cabriolets à deux et quatre places.

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La voiture présentée par le musée de Sinsheim est un exemplaire exporté en Tchécoslovaquie, où il fut livré en 1938, à Prague. Après la guerre, on retrouve la Cord en Allemagne, mais dans un état pitoyable. C'est beaucoup plus tard que le musée de Sinsheim l'acquiert. Il la fait alors restaurer de fond en comble avec la collaboration du Club Cord américain. Initié au début des années 90, le chantier durera deux ans. Les restaurateurs ont travaillé dans le strict respect de l'origine, et ce jusque dans les moindres détails : chauffage et radio sont ainsi conformes à ce qu'ils étaient en 1937, y compris la très américaine livrée jaune…

Depuis lors, la Cord 812 fait partie de la collection permanente de l'Auto & Technik Museum de Sinsheim, un musée que l'on ne saurait trop vous conseiller de visiter. Particulièrement riche, cet immense temple, dédié aux dieux de la mécanique et de la locomotion en tout genre, abrite des centaines de voitures, motos, camions, locomotives, moteurs de bateaux (gigantesques), et même des avions. La dernière acquisition aéronautique étant un impressionnant Tupolev 144, la réplique soviétique du Concorde. Situé en bordure de l'autoroute Mannheim-Nuremberg, il mérite bien un (large) crochet sur la route de vos vacances !

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