LOTUS 24

La Lotus 24 appartient à l’époque de la Formule 1 à 1500 cm3. Inaugurée en 1961, cette dernière est alors dominée par Ferrari et son moteur V6 supérieur au quatre cylindres Coventry-Climax. C’est la raison pour laquelle le nouveau V8 Coventry-Climax FWMV fait ses débuts dans le courant de la saison, alors que son développement n’est pas achevé. En 1962, il motorise la Lotus 24, qui dérive de la 21, dont elle apparaît comme une version affinée — la 21 se présentant quant à elle comme une 18 perfectionnée au niveau aérodynamique.

La Lotus 24 qui courait au Grand Prix de l’Age d’Or est une voiture d’usine construite en 1962. Elle a été pilotée pour la première fois par Trevor Taylor au Grand Prix de Belgique. Jim Clark se trouve au volant de l’autre voiture du Team Lotus (une 25). Taylor prend la tête de l’épreuve au deuxième tour devant la Ferrari de Mairesse et la BRM de Graham Hill. Clark s’installe ensuite au commandement avec Taylor dans son sillage, les deux pilotes battant et rebattant le record du tour. Mais au 26e tour, Taylor part à la faute dans la courbe rapide qui précède l’épingle de la source. La Ferrari de Mairesse vient la percuter et prend feu après que les deux voitures se sont écrasées sur le talus. Par miracle, les deux pilotes sont indemnes. Finalement, l’Ecossais volant s’imposera devant Graham Hill.

Si ensuite la Lotus 24 prend part à différentes épreuves de la saison, elle joue un rôle effacé, servant de voiture de remplacement. Car Lotus développe la révolutionnaire 25. Au Grand Prix des Pays-Bas, disputé en avril à Zandvoort, se produira en effet un événement décisif dans l’histoire de l’automobile : l’apparition de la première voiture de course monocoque de l’ère moderne, la célèbre 25, qui s’imposera au cours des quatre dernières saisons de la F1 1500 cm3 et sera copiée par tous.

La Lotus 24 du Grand Prix de l’Age d’Or est ensuite vendue à la Scuderia Filipinetti, qui la confie à Joseph Siffert. A son volant, le pilote suisse participe à divers Grand Prix, dont ceux de Monaco, Pau et Syracuse. Il s’impose en Sicile. Au cours de sa carrière, la voiture recevra trois moteurs différents. D’abord le V8 Coventry-Climax, qui, par manque de mise au point, se trouve affecté par des problèmes récurrents de refroidissement : puis le V8 BRM qui s’avère plus fiable, et aussi plus puissant avec 230 ch.

Pendant la période Scuderia Filipinetti de la voiture, cette dernière est, pour des raisons de coût, équipée du quatre cylindres Coventry-Climax (en particulier lorsque le V8 se trouve en réparations). Un groupe qui, lorsqu’il a été refait à neuf, développe 195 ch. Trois boîtes de vitesses ont été montées sur la Lotus 24, d’abord une ZF, puis une Coloni, enfin une Hewland à cinq rapports qui est en place depuis une quinzaine d’années.

La Lotus 24 appartient depuis 1996 à Richard Weiland, un Allemand de Mayence, qui prend part à son volant aux principales courses de VHC en Europe. Notamment au Grand Prix Historique de Monaco, qu’il ne manque jamais…

L’entretien et la mise au point de la voiture sont confiés au sympathique Christoph Keller, un spécialiste bien connu installé à Hünstetten en Allemagne. Une tâche passionnante mais onéreuse ! Il nous confie que le prix d’un moteur BRM à l’état neuf se situe aux environs de 70 000 livres Sterling pour une durée de vie de l’ordre de 2000 kilomètres (avec un peu de chance !). Le quatre cylindres Coventry-Climax s’avère plus modeste avec un coût de (seulement !) 25 000 £. Et tournant moins vite, il jouit d’une longévité supérieure, d’environ 8500 kilomètres.