Grand Prix de l'Age d'Or 2003
Le Grand Prix de l'Age d'Or avait attiré le samedi 28 juin 2003 la grande foule du passé.
sommaire :
TRIUMPH TS 2
Gilles Bonnafous le 28/06/2003
Pour commémorer le cinquantenaire de la TR2, le TR Register France, présidé par Bernard Oudard, avait fait les choses en grand. Environ 200 Triumph TR entouraient la TS2, deuxième exemplaire fabriqué de la TR2. Présentée sous une tente, cette voiture unique était venue d'Angleterre avec Ian Evans, le président du TR Register britannique. Accompagnée de plusieurs dizaines de TR2 et de TR3, première fille de la TR2, elle fut également la vedette de la parade organisée sur le circuit le samedi et le dimanche.
La TR2 de Bernard Oudard, Président du TR Register France Motorlegend.com
Triumph TR2 numéro de châssis TS2 Motorlegend.com
Premier modèle d'une longue dynastie de roadsters Triumph (TR2, TR3, TR4, TR5 et TR6), la TR2 a joué un rôle historique majeur. Conçue au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour l'ouverture de la chasse aux dollars, la TR2 ouvre une saga, qui, pendant 23 ans (on exclut les vilaines TR7 et TR8), constituera l'un des plus grands succès de l'automobile britannique. Archétype du roadster anglais, la TR2 (et ses descendantes) obéit à une recette qui fera un tabac jusque dans les seventies : un moteur roturier, plutôt paisible mais endurant (en l'occurrence le Standard Vanguard), une consommation raisonnable, des frais d'entretien réduits, une carrosserie sportive garantissant cheveux au vent et sensations fortes, le tout pour un prix d'achat modeste. En résumé, une voiture simple, dépourvue de sophistication, mais efficace. Et utilisable aussi bien pendant la semaine que pour courir le week-end, après l'avoir allégée de ses pare-chocs et de quelques accessoires. Si les TR n'ont pas toujours fini à la première place, elles ont souvent été à l'arrivée grâce à leur fiabilité.
Curiosité, la génération commence avec la TR2. Quid de la TR1 ? La voiture a existé. Baptisée officiellement 20 TS (pour Triumph Sports), elle fut présentée en octobre 1952 au salon de Londres à Earls Court, où elle fit forte impression. A un détail près, son postérieur rondouillard n'était guère sexy. On changea donc ce dernier pendant l'hiver et la voiture, dotée d'un nouveau séant, apparut pendant l'été 1953. La TR2 était née. Notons que la 20 TS, ou TR1, du salon de Londres (un exemplaire unique) fut détruite par l'usine.
Ian Evans dans la TS2 Motorlegend.com
Triumph TR2 Motorlegend.com
Entre temps, en mai 1953, un prototype a réalisé des essais de vitesse sur un tronçon d'autoroute belge, près de Jabekke, entre Gand et Ostende. Un premier test donne 104,8 miles à l'heure, performance jugée insuffisante. Mais voilà qu'on découvre qu'il manquait une bougie au moteur, un fil ayant sauté au cours de l'essai. Repartie avec ses quatre cylindres, la voiture, habillée en configuration sport (débarrassé de quelques accessoires et dotée de cache-roues arrière), réalise 125,882 miles à l'heure, soit 202,5 km/h. Un résultat excellent pour un modèle de deux litres appelé à être produit en série à un prix très abordable (550 £). Largement exploitées, les retombées publicitaires de cet exploit contribueront au succès de la voiture lors de son lancement.
Triumph TR2 numéro de châssis TS2 Motorlegend.com
Triumph TR2 numéro de châssis TS2 Motorlegend.com
Sœurs de présérie, TS1 et TS2 (numéros de châssis) sont les deux premières TR2 sorties de l'usine de Banner Lane le 22 juillet 1953. Si leur châssis, leur moteur Standard de deux litres, leur transmission et leurs freins sont identiques aux TR2 de production, elles possèdent un certain nombre de particularités : cache-roues bombés (en option), feux arrière avec réfléchissant séparé, trappe de roue de secours en aluminium, double calorstat, etc. Ces spécificités correspondent aussi à des solutions qui ont été abandonnées par la suite. Ainsi, après 150 exemplaires, on s'est rendu compte que le moteur chauffait, d'où une modification intervenue dans le système de refroidissement. A noter que TS1 existe toujours. Elle est complète, mais en pièces détachées, son propriétaire n'ayant pas les moyens de la restaurer et refusant de la vendre…
Dotée d'un overdrive et habillée d'une robe de couleur blanc perle avec l'intérieur en cuir géranium, TS2 est envoyée au salon automobile de Dublin. Sa première immatriculation est du reste irlandaise (IR 6360). C'est lors de son retour en Angleterre en 1962 qu'elle reçoit son immatriculation actuelle (773 EWO). L'histoire de la voiture est ensuite assez mal connue. Après être passée entre plusieurs mains, elle devient la propriété de Keith Read. Après avoir entamé vainement un début de restauration, celui-ci en fait don au TR Register du Royaume-Uni en 1997. Le club décide alors de la restaurer dans sa configuration d'origine. Une initiative exemplaire, hélas difficilement imaginable en France, dont nous parle son président, Ian Evans.
Interview de Ian Evans, Président du TR Register UK
Motorlegend : A quel objectif a obéi la restauration de TS2 ?
Ian Evans : L'objectif était de faire rouler TS2, non de la laisser dans un musée. Ainsi, du printemps à l'automne, elle se montre presque tous les week-ends dans des manifestations de voitures anciennes, des expositions ou des salons automobiles. Elle parcourt aussi le monde pour participer à des rassemblements TR. Pour autant, j'ai souhaité que la restauration soit la plus fidèle possible à l'origine. Ainsi, le système de refroidissement est tel qu'il était à la sortie d'usine de la voiture. D'où les soucis que nous avons connus en traversant Paris pour nous rendre à Montlhéry ! Nous avons dû nous arrêter pour laisser refroidir la mécanique…
Motorlegend : Comment avez-vous mené le chantier de la restauration ?
Ian Evans : La restauration s'est achevée il y a dix-huit mois. Elle s'est étalée sur trois ans de manière à alléger la charge financière, qui a représenté la somme respectable de 40 000 £. Nous avons augmenté la cotisation pendant la durée du chantier. J'ai tenu à ce que les membres du club soient étroitement associés à cette belle aventure. Ainsi, nous leur avons demandé de fouiller dans leurs garages pour chercher les nombreuses pièces qui manquaient. Ils ont tout trouvé ! De même, des réunions ont été organisées pour discuter de questions techniques sur le châssis, le moteur, carrosserie, etc. Grâce à cette démarche, les membres du TR Register se sont approprié le projet et au bout de trois ans, TS2 est devenue leur voiture, à tous.
Ian Evans Motorlegend.com
Motorlegend.com
Motorlegend : Parlez-nous du TR Register UK.
Ian Evans : Lorsque j'ai acheté ma TR4 en 1970, j'ai adhéré au TR Register, qui en était à l'époque à ses débuts et ne comptait que 300 membres. J'en suis devenu président huit ans plus tard. Si nous avons beaucoup élargi la base du club, nous avons tenu à en conserver l'esprit de camaraderie, son ambiance amicale et dépourvue de tout sectarisme à l'égard des autres marques. Le club compte aujourd'hui près de 8000 membres, dont le dixième se trouve hors des frontières du Royaume-Uni, sans parler des nombreux clubs associés de par le monde. Je crois qu'il est digne de la mappemonde, le logo de la marque, symbole de l'universalité de la passion TR.
Motorlegend : Quels modèles possédez-vous à titre personnel ?
Ian Evans : D'abord, j'ai été fan des MG. J'ai possédé une TC, une A, puis une B. C'est ensuite que je suis passé à Triumph. J'ai toujours aimé la TR4 et j'ai acheté une IRS en 1970. Je l'ai toujours et je continue à la conduire pratiquement tous les jours. J'ai parcouru à peu près 600 000 kilomètres avec cette voiture, dont j'ai changé le moteur en 1980. De nombreux souvenirs me lient à elle. Quand mes filles étaient petites, j'ai passé avec mon épouse deux mois de vacances à sillonner la France, en tractant une caravane ! Pour des raisons pratiques (vitre arrière amovible grâce à une fermeture éclair), j'avais doté la TR4 d'une capote de TR6. Je possède également une MGA Twin Cam. Jadis, une certaine animosité existait entre les TR, les MG et les Austin Healey. La situation s'est beaucoup amendée. Aujourd'hui, tous ensemble, nous formons une confrérie.