Festival automobile de Mulhouse 2004
Le Festival est devenu depuis 1998 l’une des grandes manifestations européennes de véhicules de collection.
sommaire :
Les réserves du Musée de l’Automobile
Gilles Bonnafous le 08/07/2004
Chaque année, 200 000 visiteurs se rendent au Musée National de l’Automobile de Mulhouse, le plus grand musée automobile du monde par le gigantisme des lieux (20 000 m2 d’espace de visite au milieu d’un site de 3,5 hectares) et surtout par la qualité des presque 600 voitures qu’il abrite, dont 387 exposées. La collection Schlumpf ne comprend pas moins de 133 Bugatti, dont 90 exposées, et autant de voitures antérieures à 1914. Le reste est réparti sur la période des années vingt et trente et sur celle de l’après-guerre. Toutefois, cette dernière est surtout représentée par des machines de course (Ferrari, Maserati, Alfa Romeo, etc.), même si une soixantaine de modèles (dont des Facel-Véga et Citroën SM) sont entrés après 1982. Outre Bugatti, les marques les plus présentes sont Panhard, Mercedes, de Dion-Bouton et Peugeot.
Bugatti Type 50 Motorlegend.com
Ensemble de Bugatti Motorlegend.com
Nous avons eu le privilège de visiter les réserves du musée en compagnie de son directeur, Emmanuel Bacquet, et du conservateur, Richard Keller. Les superlatifs sont impuissants à exprimer l’enthousiasme que suscite la découverte de cet extraordinaire trésor : 183 véhicules complets, auxquels s’ajoutent de nombreux châssis et moteurs, le tout logé sur 15 000 m2 dans un immense bâtiment voisin du musée.
D’abord un trésor nommé Bugatti, avec plus de quarante voitures de Molsheim, dont la 16 cylindres en U (en cours de redémarrage) et de nombreuses 57. Certaines sont quasiment prêtes à être exposées, d’autres nécessitent une restauration lourde. Dix châssis et quinze moteurs complètent cet ensemble.
Bugatti 16 cylindres Motorlegend.com
Bugatti 16 cylindres Motorlegend.com
A chaque pas, le passionné s’émerveille de découvertes exceptionnelles : un fiacre Peugeot vers 1880 en bon état d’origine, une Mercedes W 154, une Maserati 4 CM châssis n°1526 à restaurer mais complète, plusieurs Maybach, Isotta Fraschini et Minerva, de nombreuses Rolls-Royce, trois Voisin, dont une Lumineuse et une C24, des Panhard d’avant guerre dont une Dynamic, des Dyna Z dont un rare break en excellent état, etc.
Fiacre Peugeot Motorlegend.com
Mercedes W 154 Motorlegend.com
Sauvegarder les matériaux
Pour permettre à la réserve de jouer son rôle, celui de formidable outil favorisant le renouvellement de l’exposition en salle, les responsables du musée ont réalisé un état précis et informatisé de l’existant (l’occasion de retrouver des éléments enfouis dans certains recoins !). Chaque véhicule possède son descriptif complet assorti d’un dossier de clichés numériques.
Ce travail, qui permettra de mieux définir la politique de restauration, débouche d’abord sur un premier diagnostic concernant l’état des matériaux : les métaux comme le magnésium qui se délite ou le bois dévoré par les insectes). Le but est de réagir maintenant pour stabiliser la situation car, dans quelques années, il sera trop tard. Un tiers des 600 voitures, les plus précieuses, est concerné : un programme étalé sur six ans prévoit d’intervenir sur les différents métaux, le bois, la sellerie et les dégradations de la peinture. A cette fin, des systèmes et techniques sont mis au point en partenariat avec l’université de Mulhouse.
Maserati 4 CM Motorlegend.com
Maserati 4 CM Motorlegend.com
Le programme de restauration
Le rythme de restauration est de un à deux véhicules par an. Est actuellement en cours une Mercedes 720 SS. La prochaine voiture sera la Tatra T 87, puis une Bugatti 57 S Atalante. Pour cette dernière, l’idée est de remettre l’une des trois Atalante exposées en salle dans l’état exact où elle se trouvait quand elle fut exposée au salon de Paris de 1936. Viendra ensuite le tour de la Voisin Lumineuse et d’une Panhard.
Motorlegend.com
Motorlegend.com
A l’automne prochain, deux personnes travailleront à l’atelier : un mécanicien et un spécialiste des matériaux. Pour mieux conduire les travaux de restauration, il est également prévu de développer la collaboration internationale et de créer des synergies avec les musées européens. Parallèlement, des travaux de restructuration du site ont été décidés pour mettre en place de meilleures conditions de conservation : chauffage/ventilation, maîtrise de la poussière, etc.
Motorlegend.com
Motorlegend.com
Une politique d'acquisitions
Le travail d’identification de l’existant permettra également de construire une politique d’acquisitions, laquelle va être relancée prochainement. Il s’agira d’abord de compléter le fonds sur les voitures de l’après-guerre qui sont mal représentées. Car le musée est encore fortement marqué par la personnalité de Fritz Schlumpf, qui a acheté sa dernière voiture en 1968 (la Ferrari exposée à l’entrée du musée devant le portrait de Jeanne Schlumpf). Le musée recherche également trois Bugatti dont la possession permettrait de boucler la série complète des modèles de la firme de Molsheim : le type 64 (un moteur est dans la réserve), la type 73 et la 252. Il manque également des marques comme Jaguar ou BMW. S’agissant des américaines, totalement absentes, l’attitude est plus circonspecte. La collection du musée possédant une forte identité européenne, il paraît plus judicieux de jouer cette cohérence, l’automobile d’outre-Atlantique pouvant faire l’objet d’expositions temporaires.
Hispano Motorlegend.com
Panhard Dynamic Motorlegend.com
Parmi ses projets ou ses rêves, l’équipe de direction aimerait bien, un jour, faire pénétrer le public dans les réserves, sous la forme d’une visite guidée dans un secteur qui serait aménagé. Pour voir les coulisses, sentir la vie du musée, les gens et les métiers qui se trouvent derrière la scène. Ce serait également une manière d’exploiter la chance unique d’avoir, rassemblés sur un même site par ailleurs très significatif de l’histoire industrielle de Mulhouse, à la fois le musée, l’atelier et les réserves.
Ravel Motorlegend.com
Maybach Motorlegend.com