Compte-rendu de l’Autojumble de Beaulieu

L’Autojumble de Beaulieu a soufflé, les 9 et 10 septembre 2006, ses quarante bougies. Organisée pour la première fois en 1967 sur le modèle d’Hershey aux Etats-Unis, la manifestation avait modestement démarré à l’époque avec 75 stands.

Aujourd’hui, ses 2000 stands répartis sur douze hectares et ses 30 000 visiteurs en font la première bourse d’Europe consacrée à l’automobile de collection. Les Continentaux, dont les Français, sont de plus en plus nombreux à franchir le Channel pour venir chiner à Beaulieu. Suprême consécration, le mot Autojumble, inventé par Michael Ware, l’ancien directeur du National Motor Museum, est entré en 2003 dans l’Oxford English Dictionary…

A Beaulieu, on trouve toutes sortes de machines, motos et véhicules utilitaires, restaurées ou en épaves présentées sur plateaux, sans parler des innombrables pièces détachées, documentation automobile, plaques émaillées, jouets, automobilia, etc.

Une vaste foire dédiée à la passion automobile, dont le remarquable sens de l’organisation (dans un ordre non pesant) et la courtoisie britanniques facilitent le déroulement. Nouveauté cette année, un service était mis à la disposition des acheteurs par DHL pour l’expédition des pièces encombrantes.

Fort de 200 véhicules, le marché des voitures de collection offrait son lot de raretés, voire de curiosités comme une Poniatowski ou une Healey Sportsmobile fabriquée à 25 exemplaires.

Des modèles qu’on ne trouve qu’au Royaume-Uni, à l’image d’une Lanchester LD 10, d’un roadster Lea Francis d’après guerre ou d’une superbe Riley 12/4 Kestrel de 1936, l’une des plus belles voitures du marché.

Plusieurs Sunbeam Talbot étaient proposées, dont une de 1939 dans son jus — de loin, elle avait l’apparence d’une épave —venue de Bath par la route ! Nombreuses populaires également, des Morris Minor et une camionnette Ford Thames restaurée comme une Rolls et « offerte » à 12 500 £ !

On avouera un faible pour le charme désuet des anglaises des années cinquante et pour les décadentes kitsch de la fin de la décennie (Humber, Standard Vanguard et Pennant).

Dans la catégorie supérieure, on remarquait une MGB V8, une belle Lotus Esprit dans une livrée blanche immaculée et une Lamborghini Miura S non exempte de reproches proposée à 150 000 £ ! A ce prix-là, le vendeur était sûr de la garder !

Plusieurs DS faisaient l’admiration du public britannique, dont deux Pallas, l’une affichée à 13 000 €.

Les habituels marchands spécialisés dans le haut de gamme présentaient également leurs Rolls-Royce, Bentley, Alvis, Daimler et Jaguar (dont SS 100).

Toutefois, d’année en année, on constate une évolution du marché vers de plus en plus de voitures récentes, en particulier les Mercedes et BMW des années 80 et 90. Une tendance qui nous paraît dangereuse.

Organisée le samedi, la vente aux enchères de la maison Bonhams proposait une trentaine de motos et une soixantaine de voitures. Un nombre respectable d’entre elles étaient à restaurer, dont quelques-unes en état de quasi-épaves. Un coupé Alfa Romeo 1900 Super Sprint Touring en très mauvais état est ainsi parti à 17 250 £. Bon courage pour la restauration !

Dans l’ensemble, les adjudications se sont faites à des prix très raisonnables : Lamborghini Espada en bon état apparent à 8625 £, Aston Martin DBS (six cylindres) à 10 350 £, coupé Jaguar E Série 1 3,8 litres à 19 000 £, Lotus Cortina Mk 1 à 26 450 £ et Fiat 500 Jolly Ghia (voiture de plage) à 6325 £.

Quelques voitures françaises étaient également présentes, dont un landaulet Renault Vivasix de 1929 (6325 £) et un torpédo Rosengart de 1931 (8625 £).

Les Britanniques, qui, à la différence des Français, savent la valeur des ancêtres, ont accordé l’enchère la plus élevée, et de loin (47 700 £), à un tonneau Cadillac de 1903.

Chaque année, le National Motor Museum organise une exposition temporaire, qui lui permet d’attirer à nouveau les visiteurs. Inaugurée en avril et installée dans la première salle du musée, l’exposition 2006 est consacrée à Citroën.

Baptisée « L’Art de Citroën », elle donne à voir une Traction, un prototype 2 CV, une DS, la C-Airdream du Mondial 2002 et une C6 d’aujourd’hui.

Les voitures sont accompagnées de documents d’époque et d’objets d’automobilia du Quai de Javel.

Quant à l’animation qui traditionnellement donne à l’Autojumble une séquence « fun », elle consistait cette année à relever un défi, celui de construire la voiture la plus basse du monde.

Le record à battre était de 23,6 pouces pour une Mini « guillotinée » par Perry Watkins. Le « customiser » Andy Saunders et son équipe ont réalisé en trois jours (le chantier avait débuté le vendredi) une voiture originale motorisée par le bicylindre à plat de la Fiat 126.

Résultat : 21 pouces et 3/8, soit 54,29 centimètres. Une performance qui fait entrer l’insolite machine dans le livre Guinness des records. Qui dit mieux ?