Autojumble de Beaulieu 2003
Ses 2000 stands et ses 30 000 visiteurs font de l’Autojumble de Beaulieu la plus grande bourse d’Europe consacrée à l’automobile de collection.
sommaire :
BENTLEY Mk VI par James Young
Gilles Bonnafous le 13/09/2003
Parmi les nombreuses Bentley proposées à la vente, essentiellement par des marchands, nous avons choisi de vous présenter un coach Mark VI carrossé en 1948 par James Young, dont le design s’avère des plus intéressants.
Construite de 1946 à 1952, la Mark VI succède à la Mark V mort-née en 1939, dont 190 exemplaires seulement ont été construits. Pratiquement identiques, les deux voitures se différencient par leur châssis, dont l'empattement a été réduit de dix centimètres sur la Mark VI. Les deux modèles dérivent d'ailleurs de la "4 1/4 litre" (produite de 1936 à 1939) dont ils représentent des versions modernisées — abandon de l'essieu avant rigide, puissance du moteur augmentée de 17 ch et empattement raccourci.
D.R
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La Mark VI connaîtra une large diffusion avec 5201 exemplaires construits de 1946 à 1952. Ce nombre inclut la version Big Bore produite à partir de 1951, dont le moteur sera porté à 4,5 litres et 150 ch. Vu son succès, le modèle passera entre les mains d’un grand nombre de carrossiers, au premier rang desquels figurent Park Ward, H. J. Mulliner, Hooper, James Young, ainsi que Freestone & Webb, Abbott. Et même Graber et Franay. Mais par son design, le coach présent à Beaulieu se singularise nettement par rapport aux Rolls-Royce et Bentley de l’époque, de style typiquement britannique et non pontées. Il s’agit d’une voiture unique, exposée au salon automobile d’Earl’s Court (Londres) de 1948 sur le stand de James Young.
Significatif des changements d’une époque, son style témoigne, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de l’influence américaine sur l’Europe. James Young s’est inspiré des créations des designers de Detroit pour moderniser la carrosserie et en faire une quasi-ponton. Le résultat est fort réussi, qui contraste avec le caractère peu convaincant de certains de ses essais antérieurs, rappelant les errements identiques des carrossiers français à la même période. Comme sur les Américaines, on retrouve le pare-brise en V, le jonc chromé destiné à alléger les flancs, un artifice très utilisé outre-Atlantique, tandis que l’extrême finesse des entourages de glaces évite de charger la silhouette.
Motorlegend.com
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De plus, le dessin de la moitié postérieure de la voiture, en particulier sa poupe aux galbes généreux dotée de cache-roues et d’un pare-chocs enveloppant, reprend nettement celui des productions de Detroit, notamment des Cadillac et des Buick des années quarante.
A l’avant, le capot a été allongé par déplacement du radiateur, avancé de dix centimètres par rapport à la norme observée sur les Mk VI. Et pour prolonger visuellement cet effet, le pourtour de la calandre a été peint dans le même ton de gris que la carrosserie. Ceci a pour conséquence d’effacer quelque peu la calandre Bentley, déjà plus discrète que celle de Rolls-Royce. Avec son profil en "V", qui évoque la proue d'un navire, et ses fines barres verticales qui lui donnent du rythme, cette calandre surmontée de la mascotte en "B" ailé apparaît d'une grande et sobre beauté.
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Dans son compte rendu du salon de Londres publié le 3 novembre 1948, la revue britannique The Motor présente la voiture comme « l’exemple le plus réussi d’une carrosserie moderne montée sur le châssis Mk VI ». D’une grande sobriété, ce design influencera des carrossiers comme Mulliner ou Park Ward, notamment pour des cabriolets.
La mécanique, un six cylindres en ligne culbuté de 4,3 litres, est celle de la Rolls-Royce Wraith portée à 137 ch grâce à deux carburateurs SU. La boîte de vitesses est à quatre rapports. Quant au freinage, il est encore équipé de tambours arrière commandés mécaniquement.
Repeinte dans une belle livrée bleu marine, la Mark VI a été restaurée il y a une vingtaine d’années (pour un coût total de 36 000 £). A la suite de quoi elle a été utilisée pendant trois ans, seulement, avant d’être remisée dans une grange ! Elle n’est sortie de sa retraite solitaire que cette année, puis acquise par le marchand, qui la présentait à Beaulieu, il y a juste six semaines. Conservée dans un exceptionnel état, la voiture n’a fait l’objet que d’une remise en route et de quelques menus travaux cosmétiques et portant sur le circuit électrique. Elle marche très bien. Pour preuve, elle est venue de Londres à Beaulieu par la route.