Peugeot RC Cup : du concept car à la piste
Performances, économie et respect de l’environnement peuvent faire bon ménage lorsque qu’un diesel fonctionne avec un biocarburant.
sommaire :
Compétition et écologie
Jean-François Destin le 01/01/2004
Fera t-on un jour la cueillette pour remplir son réservoir? Cette question qui fait sourire n’est pas dénuée de tout fondement. Depuis plusieurs années, le gazole vendu à la pompe contient en moyenne 3 % de Diester, un biocarburant élaboré à partir d’huiles végétales, principalement du colza. Et rien n’empêcherait d’augmenter ce pourcentage au fil du temps pour réduire les rejets polluants des moteurs diesel et notre facture pétrolière.
Le colza, cette jolie fleur jaune printanière cultivée en priorité sur les terres en jachère, possède toutes les vertus écologiques et énergétiques au point qu’elle est désormais utilisée … en compétition !
Peugeot
2004 a vu en effet l’apparition sur les circuits français d’un championnat écologique inédit. Baptisé Peugeot RC Cup Total, il est destiné à promouvoir le Diester à base de colza mais aussi le diesel propre. Et ce, avec 26 voitures de course spectaculaires, copies fidèles des magnifiques concept-cars Peugeot RC dévoilés au Salon de Genève 2002, fonctionnant avec 50% de Diester mélangé au gazole.
Premier producteur au monde de moteurs diesel et pionnier en matière de FAP (Filtre à particules), Peugeot est partie prenante dans ce projet imaginé par Claude Megemont. Directeur Général de Geoscan Concept basé sur le circuit d’Albi. Megemont possède une expérience unique dans l’utilisation des biocarburants en compétition. Au milieu des années 90, il a testé de l’éthanol de betterave sur des monoplaces avant d’aligner (en 98) des monoplaces Renault de la formule Campus fonctionnant exclusivement au Diester !
Concept cars Peugeot RC Peugeot
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« Aux côtés de Total et de Sofiprotéol, nous souhaitons, avec la RC Cup, démontrer au grand public la compatibilité entre respect de l’environnement, design racé et performances » précise avec enthousiasme Frédéric Saint Geours, directeur d’automobiles Peugeot.
Trois des neuf courses prévues au calendrier 2004 se sont déjà déroulées (Nogaro le 12 avril, Val de Vienne le 16 mai et Pau le 31 mai) et malgré un bruit bizarre lié au moteur diesel HDI, le public s’est enthousiasmé pour cette formule monotype où tous les pilotes engagés possèdent les mêmes chances de vaincre.
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Mais au delà de cette tardive promotion, on peut se demander pourquoi le Diester reste aussi embryonnaire alors qu’après plusieurs années d’étude, la société Prolea (filière française des huiles et protéines végétales), l’Institut Français du pétrole, l’Ademe (Agence de la maîtrise de l’énergie), les groupes pétroliers et les constructeurs français le voient comme une énergie renouvelable (nouvelle récolte de colza chaque année), biodégradable et non toxique. Mieux : en fabriquant le Diester, on produit aussi du tourteau de colza destiné à l’alimentation animale. Cette protéine végétale appréciée des éleveurs permet de réduire de façon significative le déficit croissant de la France dans ce domaine (+ de 75% d’importation).
Alors que les constructeurs s’époumonent à travailler (sans progrès notables) sur de nouvelles technologies de propulseurs (hydrogène, pile à combustible, solaire, électrique…), que l’effet de serre devient un problème urgent et que les prix du pétrole ne cessent de grimper, la filière Diester apparaît comme une solution d’attente inespérée. Surtout en France où un automobiliste sur deux a choisi de rouler au diesel.
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Actuellement, les pouvoirs publics acceptent deux taux d’incorporation de Diester dans le gazole (jusqu’à 5% dans les pompes traditionnelles) et jusqu’à 30% pour le carburant destiné aux flottes captives (sociétés, réseaux de transports publics, administration etc…). On estime à 200 millions le nombre de kilomètres déjà parcourus sans problèmes par des véhicules de flottes fonctionnant au biocarburant mais seulement 4000 l’utilisent dans l’hexagone.
Pour accélérer le mouvement, une étude sur l’impact que pourrait avoir l’utilisation du diester sur l’effet de serre, a été diligentée en 2002. Il ressort que les 30% de biocarburant incorporés au gazole suffisent à réduire de 25% les émissions de gaz à effet de serre et de …75% le dioxyde de carbone. Enfin l’écobilan apparaît des plus favorables par une diminution notable des fumées noires, du benzène, et des polluants acides (en raison de l’absence de soufre).
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Consciente de ces données positives, la commission de Bruxelles a souhaité qu’en 2005, 2% de l’énergie consommée en Europe par les transports soient issus des biocarburants avec un objectif de 5,75% à l’horizon 2010.
Vœux pieux ou réelle volonté politique ? La réponse dépend aussi de l’implication des agriculteurs à jouer le jeu. Chez nous, la proportion de terres consacrées à la culture du colza Diester est passée en 10 ans de 36.500 à 300.000 hectares. Il en faudrait bien davantage mais comme nous a confié un agriculteur du Loiret, « on touche chaque année sans rien faire une prime de 371 € à l’hectare de terre en jachère. Pas sûr que le colza rapporte davantage ».
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